Chapitre 12 : Lucius et le calmar géant
Sirius partit à la recherche de Draco avec un manque évident d’enthousiasme. Il n’en avait rien à fiche si Draco avait décidé de se jeter dans le lac, mais Hermione avait été claire, elle préférait Draco vivant que mort.
Sirius ne comprenait pas vraiment sa logique, mais il décida de ne pas creuser le problème davantage, au risque de s’attraper une migraine carabinée.
Draco était assis au bord du lac, regardant l’eau avec une mine plutôt déprimée, quand tout à coup une tentacule surgit des profondeurs et l’attrapa par le pied pour l’entraîner au large.
Draco poussa un cri de fille et agita les bras.
« Sirius ! Espèce de cul de babouin ! AIDE MOI ! » pleurnicha-t-il.
Sirius, plutôt énervé d’avoir été traité de cul de babouin, décida de regarder la scène avec un sourire satisfait sur son visage.
Il examinait ses ongles, ignorant délibérément les supplications à l’aide de Draco et ses cris efféminés.
« SIII – RIIIII-UUUSSSSSSS !! » hurlait Draco. « AIIIIIIDE MOIIIIIIIII !!! »
« Qu’est-ce que tu dis, Draco ? A quoi m’as-tu comparé ? Oh, je parie que tu as dit ça sans le penser, n’est-ce pas ? Allez, je suis dans un jour de bonté, je vais te sauver. »
Alors que Sirius était en train de parler, Draco avait adopté une mine plutôt inexpressive malgré la douleur qui l’emprisonnait.
Sirius siffla d’une manière étrange et le calmar géant lâcha Draco comme un sac de pommes de terre.
« Oof », déclara Draco en heurtant le sol.
« Alors », reprit Sirius, « est-ce que tu vas agir en homme et affronter tes stupides parents, ou est-ce que tu vas agir comme une fillette et essayer de te noyer à nouveau ? »
Avec toute la dignité qui pouvait lui rester alors qu’il était trempé et couvert d’encre, Draco se releva et se dirigea vers le lac.
Sirius l’attrapa par le col de sa cape pour le retenir. « Ouh que non, tu restes là toi ! »
Draco se mit à hurler et à se débattre quand Sirius le jeta sur son épaule pour le porter jusqu’à Poudlard.
« JE TE DETESTE ! JE DETESTE LE MONDE ! JE DETESTE TOUT !!!!! »
Sirius lui donna une petite claque sur le front. « Ferme-la », dit-il.
***
Après que Draco se soit remis et ait enlevé toutes les algues qu’il avait dans les cheveux, il sombra dans un profond sommeil, bientôt imité par les autres.
Draco fut réveillé le lendemain par des coups de journaux sur le coin de l’œil. Il n’eut pas la force de se défendre et se rendormit.
Quand la personne commença à le frapper avec une chaussure, Draco décida qu’il était temps qu’il se lève.
« Celui qui est en train de faire ça ferait mieux d’arrêter avant que je ne le castre », déclara Draco encore à moitié endormi.
« Oh, vraiment ? » répondit une voix glaciale sur un ton dangereux.
Draco lâcha un autre petit cri de fille et se leva d’un bond pour se cacher derrière les rideaux.
« Père ??? » glapit-il. « Qu’est-ce que vous faites là ?? »
« Qu’est-ce que disait la lettre, espèce de crétin ?! » rétorqua Lucius d’un air agacé.
« Je ne m’en rappelle pas », avoua Draco se grattant la tête. « Je viens juste de me réveiller. Mais vu que vous êtes là, il ne devait rien en sortir de bon. »
« Je suis là pour voir cette espèce de vermine », déclara Lucius sur un ton dédaigneux.
« Et bien, je suppose que Crabbe est dans la Grande Salle- »
« Non, pas lui ! » aboya Lucius, sa tête dans ses mains. « Essaie de te souvenir ce qui s’est passé hier, espèce d’incapable. »
Draco se mit à réfléchir intensément. « Je suis tombé dans le lac », déclara-t-il vingt minutes après.
« Et pourquoi es-tu tombé dans le lac ? » insista Lucius sur un ton l’encourageant.
« Parce que vous aviez dit que vous viendriez me rendre une petite visite… »
« Et… ?? Oh, allez Draco, prouve-moi que tu n’as pas le cerveau de moineau de ta pauvre mère ! »
Draco prit le temps encore nécessaire pour rassembler ses souvenirs jusqu’à ce que ça lui revienne enfin. « Oooooh oui ! J’ai eu un bébé, n’est-ce pas ? »
Ses mots trouvèrent un écho en lui et il réalisa, avant de tomber dans les pommes.
Lucius poussa un long soupir et fit léviter son fils jusqu’à l’infirmerie où Hermione se trouvait encore. En voyant Lucius, elle poussa elle aussi un profond soupir avant de se renfrogner.
« Qu’est-ce qui est arrivé à Draco ? » demanda-t-elle, moitié préoccupée, moitié amusée.
« Il s’est souvenu qu’il était père », expliqua brièvement Lucius. Il scanna la pièce. « Alors, où est cette petite vermine dont je suis le grand-père ? » demanda-t-il se frottant les mains.
Hermione était sur le point de lui balancer quelque chose au visage, mais elle pointa au lieu de ça le berceau à côté de son lit.
Lucius s’approcha avec un visage trahissant une bombe sur le point d’exploser, mais ses traits s’adoucirent quand il vit Elliot.
« Et bien au moins cet enfant est plus attrayant que Draco quand il est né », déclara Lucius. « Mon Dieu, ce que mon fils pouvait être affreux à sa naissance… Je n’ai pas pu le regarder pendant des jours ! Celui-ci, au moins, est vraiment mignon. » Réalisant ce qu’il était en train de dire, Lucius se reprit. « Alors, c’est un garçon ou une fille ? »
« Un garçon », répondit Hermione sur un ton guère aimable.
Lucius arborait à présent un large sourire. « Ah, bien, bien, un garçon pour perpétrer le nom familial. »
« Il est hors de question que j’épouse Draco », déclara Hermione.
« Je ne peux pas t’en vouloir pour ça », avoua Lucius jetant un regard à son fils inconscient. « Je veux juste que l’enfant ait Malfoy en nom de famille. »
« Je m’en contrefiche là maintenant pour tout avouer », répondit Hermione. « Je suis fatiguée et la seule chose dont je n’ai aucune envie, c’est vous voir traîner, vous et lui, autour de moi comme un chien autour d’une saucisse. » Elle pointa un doigt en direction de Draco qui avait commencé à bouger.
Lucius la regarda pendant un moment, puis acquiesça. « Bien », dit-il. « Mais tu pourras lui dire toi-même quand il sera de retour parmi nous, n’est-ce pas ? »
Soudainement, Lucius regarda autour de lui, une expression trahissant une certaine confusion.
« Est-ce que tu as vu ma femme quelque part ? » Il haussa les épaules. « Je suis pourtant certain qu’elle était là il y a un moment… » Puis la mémoire lui revint. « Par Merlin, je l’ai encore laissée dans la calèche ! Honnêtement, je ne peux vraiment pas l’emmener quelque part sans l’oublier. »
Sur ces mots, il éclata d’un rire tonitruant en quittant l’infirmerie tout en se tenant les côtes.
Draco ouvrit un œil et regarda autour de lui d’un air nerveux. « Il est parti ? » murmura-t-il.
Hermione parut surprise, puis elle esquissa un sourire. « Tu faisais semblant d’être inconscient pendant tout ce temps ? »
« Bien sûr », acquiesça Draco. « Je le fais tout le temps à la maison… On pourrait penser qu’il aurait fini par comprendre au bout de dix sept ans, non ? » songea Draco qui se rappela des dernières paroles de Lucius qui s’était arrangé pour oublier sa femme.
« Ou peut-être pas », ajouta-t-il. Draco prit une profonde inspiration et se leva. « Si ma mère vient me chercher par ici, je suis mort et tu ne sais pas où ils ont emmené mon corps, d’accord ? »
Hermione sourit et acquiesça. « Sans problème », dit-elle.
Draco embrassa Elliot et adressa un large sourire à Hermione avant de sortir de l’infirmerie en courant.
Hermione secoua la tête et se mit à sourire à son fils. « Ton père est complètement fou », dit-elle.