Par une belle journée de septembre, grand-pôpa Potter décida d'aller à la pêche à l'esturgeon. Équipé de son matériel, il s'installa au bord de la rivière lorsqu'une sirène surgit à la surface de l'eau :
- Du fond de mes algues, du haut de ma coquille, je me sens bien seule et ma chevelure est bien emmêlée ci-bas, voudriez-vous donc m'accompagner dans ce long périple qu'est la vie d'un être marin ?, chanta-t-elle.
Grand-pôpa Potter cligna des yeux, incrédule. La fourbe ne portait pas de soutien-gorge ! Après de longues minutes de silence trompé par le fredonnement incessant de la créature exhibitionniste, il réussit enfin à refermer ses machoires afin d'empêcher le flot de fluides qui en découlait.
- Oh mon bon sorcier, ne contrôlez point ce flux divin et peu ragoûtant, au contraire ! Accommodez-en-vous (
), puisqu'au fond de la rivière, nul ne saurait arrêter l'eau d'y voguer !, gloussa-t-elle de nouveau.
Le vieil homme secoua la tête. La sirène ne l'impressionnait guère de par ses mélopées faussées, et ni même de par sa poitrine flottante, mais elle avait su captiver son attention en lui révélant un secret gardé du Ministère de la Magie : en ce fond sablonneux de la rivière devant ses yeux se cachait un trésor extraordinaire et fort banal. Il déglutit.
- Vous en êtes bien certaine ?, bégaya-t-il, le regard dérivant du côté d'un décolleté flou.
- Sur mon coeur, je l'ai vu !, murmura-t-elle, la chair de poule faisant frémir ses cheveux bien secs.
Grand-pôpa Potter, en être bien raisonnable, réfléchit donc deux secondes. "J'ai une femme, un enfant fort doué et délinquant, un chien et un magazine compromettant sous mon matelat... hum". Ni une ni deux, il sauta à pieds joints bottés dans l'eau glacée bien revigorante de la rivière et s'enfuit avec sa sirène de deux décennies plus jeune.
Quelques années plus tard, dans le salon du manoir Potter, la grand-môman cessa soudainement de tricotter le pull en spandex rose destiné à vêtir l'enfant bien dodu qui régnait au fond du sombre caveau abdominal de Lily Potter. Une pensée terrible vint à son esprit :
- Oh my f*cking god where's my husband ?, hurla-t-elle. (ndla: pour les besoins du récit, il est impératif de ne point renier l'accent prononcé du personnage
)
Une servante arriva en trombe, essayant tant bien que mal de remettre sa jupe en place d'une main et de tenir le plateau contenant biscottes, vin et machine dactylographique de l'autre.
- Qu'y a-t-il, ma maitresse ?
Grand-môman Potter ne l'entendit pas, pressée comme elle était d'aller retrouver son époux au bord de la rivière afin d'aller célébrer avec lui la danse de la pluie. Elle arriva à destination complètement en sueur, mais d'un coup de baguette magique son chignon austère se remit en place et elle put examiner la grève afin d'y déceler toute trace de son indigne mari qui l'avait délaissée si longtemps pour aller draguer le poisson. Elle s'apprêtait à se pencher pour extirper de ses poumons toute la puissance dont elle aurait besoin pour crier le nom de son bien-aimé pas trop apprécié, mais heureusement pour la faune et la flore intestinale, un corbeau l'en empêcha en se posant sur son épaule.
- Ma vieille dame, croassa-t-il, votre bon à rien de Potter n'est plus là depuis belle lurette ! Il s'est enfuit avec cette trainée de sirène au corps de déesse pour aller récupérer le trésor du fond de la rivière !
L'oiseau cru bon s'éloigner lorsqu'il se sentit très légèrement poussé quelques kilomètres plus loin par un coup d'épaule de la-mort-qui-tue. Qui l'eut cru, la bonne femme Potter avait encore de la force dans ses bras flasques !
- Le saligaud, ragea-t-elle, et moi qui lui ai tant donné, je me suis même forcée à a
*censuré parce qu'il y a des jeunes qui lisent*, et tout ça pour quoi ? Pour qu'il aille nous chercher la fortune ! Ah ces hommes !
Elle remonta ses jupes, ce qui fit fuir les derniers animaux courageux qui trainaient encore dans le coin, et s'enfonça pieds premiers dans les substances vaseuses qui stagnaient dans l'eau. Aussitôt fait, une main surgit et lui attrapa la cheville, l'entraînant au fin fond de la rivière puante et bonifiante.
- Glou glou, fit grand-môman Potter.
- Oui ma femme, je comprends, répondit grand-pôpa Potter en lui caressant les algues lorsqu'ils atteignirent le fond. Moi aussi je trouve que Bush devra s'étouffer avec un bretzel dans le futur, mais bon, est-ce vraiment la raison pour laquelle tu es ici ?
- Glou glou glou, clama sa femme.
- Mais tu seras contente, ma vieille, j'ai enfin de quoi nourrir notre famille !, dit-il en se claquant les flancs de son bâton de vieillesse composé de coquillages et d'huîtres.
- Glou glou glou !!!!
- Oui je suis au courant de notre fortune, mais j'ai cru qu'un petit surplus ne ferait pas de tort, quitte à être obligé de te délaisser quelques années et de satisfaire une sirène nymphomane, ah la saprée fatiguante....
Grand-môman Potter l'interrompit de glougloutages aigüs. Le ton montait dans les fonds marins.
- Écoute, ma bonne femme, soit tu remontes parce que de toute façon tu n'es visiblement pas pourvue de branchies comme tout bon sorcier qui se respecte, ou alors soit tu viens voir avec moi le trésor merveilleux que j'ai déterré de ma salle de bain en céramique hier soir.
Grand-môman Potter y songea quelques heures, puis, sur le point d'axphysier, elle conclut que la seconde solution était bien mieux, et qu'elle le valait bien. Il nagea et elle rampa jusqu'au château de Triton, qui pour des raisons financières et politiques avait été déménagé dans la rivière d'esturgeons. Grand-pôpa Potter ouvrit un coffre de cèdre d'où surgit quelques petites sirènes prépubères vêtues à la dernière mode (naturiste) et il en sortit une plus petite boîte.
- Glou ?, fit sa femme d'un oeil suspicieux et fermé puisque le sel le lui brûlait.
Grand-pôpa Potter défonça ledit coffre à l'aide d'un marteau-piqueur au diesel et lui en révéla le contenu...
- Glou glou !!!, s'exclama grand-môman Potter avant de flotter à la renverse, les yeux exorbités de surprise et de joie très contenue.
Grand-pôpa Potter expédia son cadavre dans le caniveau le plus près où les piranhas vinrent dévorer ses chairs molles et visqueuses, puis en s'adressant à un fantôme de grand-môman Potter ébahi, il dit :
- Eh oui !!! Je l'ai enfin trouvé, mon super balai Nimbus 3 !!!!
Sur ce, il mourrut de vieillesse.