Eilane
Avec l'accord de l'empereuse (enfin en espérant qu'elle soit toujours d'accord ), j'ouvre un nouveau topic pour mettre la version toute belle toute corrigée de la fanfic.
Pour les comments, faites les dans l'autre topic, s'il vous plaît : ICI
Pas encore de nouveau chapitre, rien que de l'ancien, mais en retravaillé, et donc en mieux, avec des moments écrits différemment, des scènes un peu différentes elles aussi (et un chapitre qui s'est volatilisé comme par magie... c'est ça l'univers HP )... du neuf avec du vieux quoi
Mais le nouveau chapitre devrait pourtant pas tarder à arriver lui aussi
Sur ce, je vous laisse à la lecture ^^
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Pas encore de nouveau chapitre, rien que de l'ancien, mais en retravaillé, et donc en mieux, avec des moments écrits différemment, des scènes un peu différentes elles aussi (et un chapitre qui s'est volatilisé comme par magie... c'est ça l'univers HP )... du neuf avec du vieux quoi
Mais le nouveau chapitre devrait pourtant pas tarder à arriver lui aussi
Sur ce, je vous laisse à la lecture ^^
Citation :
L’ascension des Ténèbres II : le Crépuscule des Ombres
Prologue
Auteur :
Eilane
Genre :
General / Drama / Mystery
Avertissements :
- M (déconseillé aux moins de 16 ans)
- Attention, cette fanfic a été écrite avat le tome 6, aucune allusion n'y sera donc faite !
Note de l'auteur (à lire absolument) :
- cette fanfic est la seconde partie du cycle « l’ascension des Ténèbres ». Cette trilogie, dont j’ai déjà tout le plan en tête, contiendra trois fanfics de 21 chapitres chacune : « l’anneau de pouvoir », « le crépuscule des ombres » et « la flamme de la vie ».
-Je vous conseille vivement de découvrir « l’anneau de pouvoir » avant de lire cette seconde partie !
Résumé global de « l’ascension des ténèbres » :
Trois générations se retrouvent liées durant la vie d’une femme à la destinée hors du commun.
Résumé de la première partie, « l’anneau de pouvoir » :
1938 à 1980 : Eilane revient sur ses années à Poudlard en compagnie du futur Seigneur des Ténèbres, et raconte son histoire, portée par les dramatiques évènements historiques : le seconde guerre mondiale et la guerre contre Grindelwald…
Résumé de la seconde partie « Le crépuscule des Ombres » :
1938 à 1980 (Eilane revient sur ses années à Poudlard en compagnie du futur seigneur des ténèbres, et raconte son histoire, portée par les dramatiques évènements historiques : seconde guerre mondiale et guerre contre Grindelwald…)
Disclaimer :
La plupart des personnages appartiennent à J.K. Rowling. Mes connaissances sur les légendes d'Avalon proviennent des livres de Marion Zimmer Bradley. L'histoire et le personnage d’Eilane sont à moi.
Chapitre 1 : Le Commencement
Eilane balaya de son regard de bronze les jeunes interlocuteurs assis à ses côtés. Outre son immense beauté et une jeunesse surprenante, un détail frappait tous les esprits : sa chevelure, autrefois aussi noire que les plumes du corbeau, était à présent redevenue blonde et argentée comme les rayons d’une lune à son apogée.
-Alors, tu nous la racontes cette histoire ? s’enquit l’un des garçons du groupe d’enfants qui s’était rassemblé autour d’elle.
-Puisqu’il le faut vraiment…, soupira la femme dans un sourire attendri par les mines impatientes qui l’observaient, les yeux écarquillés, le souffle retenu.
Pour la personne âgée qu’elle était derrière les traits de jouvence éternelle la caractérisant, se souvenir de faits datant d’un lointain passé n’était pas chose facile.
Elle ferma les yeux pour se remémorer les événements, plissa les paupières en signe d’intense réflexion, puis, dans un grand effort de concentration, essaya de rassembler ses idées du mieux qu’elle le pouvait.
Comment diable cela avait-il commencé ?
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C’était un soir comme un autre, ou presque… Le mois d’avril touchait à sa fin et les jours grandissants se radoucissaient doucement. Quelques feux avaient été allumés par la communauté de sorciers d’Ouessant, en souvenir de cette ancienne fête Païenne qu’était Beltane. Peu de gens honoraient encore réellement les rites ancestraux, mais il était bon parfois de rappeler aux habitants de Bretagne la signification des vieilles croyances.
Et, alors que les enfants, après quelques histoires captivantes, partaient docilement se coucher, les hommes et les femmes, eux, se regroupaient dans la taverne du village pour commémorer dignement ce que l’on qualifiait autrefois de célébration de la fertilité. La bièraubeurre et l’hydromel coulaient à flot ce soir-là et il était bien difficile de faire croire aux Moldus qu’il s’agissait d’une simple fête de famille.
Ce fut dans cette euphorie ambiante que débuta précisément notre histoire…
Il apparut soudain sur la lande, sans autre préavis que le sifflement strident qui l’accompagnait. Il n’avait pas vraiment de forme nette et précise, on aurait dit une silhouette sombre et inquiétante, mais il était bien là, pourtant, ce nouveau serviteur des Ténèbres. Nul ne le remarqua… mis à part la seule personne qui avait déserté, depuis longtemps déjà, les fêtards éméchés, la seule, également, pour qui ce culte celte aurait dû encore avoir un quelconque sens.
Aélia, puisque c’est ainsi qu’on l’avait un jour nommée, était, en effet, la dernière descendante des prêtresses d’Avalon, et même si l’île aux pommes avait à présent définitivement disparu dans les brumes magiques, la jeune femme conservait en elle un peu de la connaissance des Mystères que gardaient ses ancêtres. Elle était reconnue par tous les habitants du village comme la plus grande beauté d’Ouessant… et pour cause ! Du sang de Vélane coulait dans ses veines et la rendait presque irrésistible. Du haut de ses trente cinq ans révolus, elle possédait encore le teint pâle et la fraîcheur de la jeunesse, des lèvres pulpeuses et de grands yeux aussi verts et brillants que des émeraudes. Ses cheveux, blonds comme les blés, prenaient la couleur rougeoyante du soleil couchant lorsque la lumière se reflétait dedans.
Elle avait autrefois été mariée à un marin, liée à ce Moldu, qui jamais n’apprit son secret, par un amour indéfectible. Mais comme beaucoup d’autres femmes en France, elle avait perdu son bien-aimé durant la guerre et préférait à présent la solitude à la présence pourtant réconfortante des bras chaleureux d’un amant. Il était coutumier de la voir se promener, la nuit, le long des falaises de la pointe de Pern. Rien ne lui plaisait plus que le doux murmure du vent de mer s’engouffrant dans ses cheveux et les caresses douillettes de la bruyère sous ses pieds nus.
Le serviteur des Ténèbres, composé d’ombres mouvantes, se retourna dans la direction de la jeune femme qui venait tout juste de le remarquer et commença à avancer. Aucun son de pas ne retentit mais à chacune de ses enjambées, un bruit perçant se répercutait sur les rochers. Aélia s’était immobilisée et, dans ce lieu devenu soudainement intemporel, ne paraissait plus capable de faire un seul mouvement. Une peur glaciale, incontrôlée, s’emparait lentement de la plupart de ses pensées, lui glaçait avidement le sang et paralysait ses muscles engourdis. Il fallait pourtant qu’elle bouge. Dans un effort colossal, la vidant d’une grande partie de son énergie, elle réussit à reculer de quelques mètres avant de réaliser que la falaise derrière elle s’était dangereusement rapprochée.
-Qu’est-ce que vous voulez ? cria-t-elle d’une voix tremblante.
Un rire guttural retentit, accompagné bientôt par de nombreux échos plus lointains et Aélia se demanda si plusieurs autres individus, cachés dans la pénombre, n’accompagnaient pas cet être aux allures terrifiantes. Pourtant, quand la lumière du phare du Créach illumina la lande, elle ne vit rien de plus que l’ombre angoissante du serviteur des Ténèbres.
-Qu’attendez-vous de moi ? demanda-t-elle, les larmes aux yeux. Qui êtes-vous ?
L’homme avança encore.
-Un jour viendra, sans doute, où mon nom sera célèbre…, répondit-il d’une voix au timbre caverneux. Mais pour le moment, cela ne te servirait à rien de le connaître. Quant à ce que je veux… tu le sauras bien assez tôt !
Et tandis qu’il finissait sa phrase, il disparut aussi soudainement qu’il était arrivé, escorté, une fois de plus, par ces effroyables sifflements criards.
Aélia pensa un instant qu’elle était sortie d’affaires mais aussitôt, le serviteur des Ténèbres surgit à nouveau de nulle part, cette fois à moins d’un mètre d’elle et s’élança en avant. Réussissant à l’esquiver, elle tenta de courir aussi vite qu’elle le pouvait sans même songer, dans la panique, à utiliser ses pouvoirs de sorcière pour se protéger. L’homme réapparut alors devant elle quelques secondes plus tard et elle n’eut pas le temps de freiner sa course avant de foncer tête la première sur lui. Elle fut instantanément stoppée par de puissants bras qui lui interdirent tout mouvement. La silhouette souleva l’ombre qui masquait son corps et révéla à la jeune femme un visage masculin aux traits secs et froids que des cheveux et une barbe noire assombrissaient encore. Aélia fut parcourue d’un frisson d’effroi en discernant dans ses yeux dorés les reflets d’une démence meurtrière.
-Par pitié, laissez-moi…, implora-t-elle, mais l’homme la projeta à terre sans ménagement.
Aélia hurla de douleur quand sa cheville se foula en touchant brutalement le sol.
Elle tenta de se relever mais s’en trouva incapable. L’homme s’était accroupi au-dessus d’elle et la forçait à se tourner face à lui.
-Ca ne sera pas long ! dit-il cruellement en bloquant les poignets de sa proie, l’empêchant ainsi de se débattre.
La jeune femme ne put réprimer un sanglot quand il remonta sa robe et s’introduisit en elle avec toute la férocité dont il savait faire preuve. Elle voulu le supplier de mettre fin à son supplice mais aucun son ne daigna sortir de sa bouche. Souillée, soumise à son agresseur, elle pria pour que tout cesse le plus rapidement possible, incapable à présent d’appeler au secours ou de tenter de se libérer. Quelques minutes plus tard seulement, alors que des pleurs envahissaient les yeux embués d’Aélia, elle sentit le serviteur des Ténèbres accélérer ses mouvements impitoyables avant de s’arrêter d’un seul coup. Sans remords, sans un mot, il se dégagea enfin d’elle et disparut dans l’obscurité.
Aélia resta, bien longtemps après le départ de son assaillant, allongée sur la lande, cette nuit-là, le bas ventre meurtri, ensanglanté, des larmes séchées gerçant ses joues devenues très pâles, le regard perdu dans le vide. Elle avait pris dix ans en une unique soirée. Elle ignorait encore que de cette étreinte cauchemardesque allait dépendre en partie l’avenir de la communauté magique.
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Cela faisait tout juste neuf mois que le serviteur des Ténèbres était apparu sur la lande… Neuf mois aussi qu’Aélia était tombée enceinte et qu’elle devait supporter les ragots sur son compte entraînés par cette mystérieuse grossesse. Pourtant, bien qu’au départ non désiré, elle avait choisi de garder l’enfant, fruit du viol subi durant la veillée de Beltane. Elle ignorait pourquoi elle avait pris une telle décision, mais savait avec une certitude dévorante que telle était sa destinée…
La nuit tombait presque lorsque les premières contractions se manifestèrent. On fit venir plusieurs sages femmes de toute urgence ainsi que le plus puissant sorcier de l’île. Aélia avait été jugée trop faible pour qu’on la transporte jusqu’à la côte où un hôpital de sorcier aurait pu pourtant l’accueillir et lui éviter tant de souffrances. Il fallait donc agir au plus vite, ou elle et l’enfant qui vivait en son sein allaient tous deux mourir.
Les sages femmes, la mine inquiète, s’agitèrent autour de la future mère tandis qu’une nouvelle contraction la secouait de spasmes douloureux. Elles craignaient de plus en plus pour la survie d’Aélia qui faiblissait à vue d’oeil, l’enfant ne paraissant pas pressé de découvrir le monde extérieur.
Le sorcier, pendant ce temps, mettait tout en oeuvre afin d’apaiser le supplice de la jeune femme, mais sa magie ne semblait pas suffisante et ne l’empêchait plus à présent de se vider de ses forces vitales.
-Encore un dernier effort ! murmura, attentionnée, l’une des infirmières de fortune, tout en épongeant le front de la future mère.
Aélia serra les dents et poussa une fois de plus.
-Parfait ! se réjouirent deux autres sages femmes en réussissant à récupérer doucement le bébé légèrement rosi. Après quelques secondes de silence pesant, il se mit à pleurer de toutes ses forces et l’assemblée poussa un soupir de soulagement.
Le sorcier prit l’enfant dans ses bras et coupa le cordon ombilical, avant de l’amener à sa mère, terriblement affaiblie.
-C’est une superbe petite fille ! fît-il remarquer en posant l’enfant auprès d’Aélia.
Elle sourit tristement.
-Sois honnête avec moi, mon ami, murmura-t-elle au sorcier. En lui donnant la vie, j’ai sacrifié la mienne, n’est-ce pas ?
Le regard de l’homme se ternit et sa gorge se noua lorsqu’il lui répondit.
-J’en ai peur, en effet… Il ne te reste que peu de temps !
-Alors, cette enfant sera la dernière descendante de ma lignée… Il lui faut porter fièrement les symboles de ses ancêtres ! Elle aura comme second prénom Dierna, mais elle sera connue sous le nom d’Eilane…
-Comme cette prêtresse qui avait un jour choisit de suivre la voix de son coeur en aimant un romain, ennemi de son clan, plutôt que celle de sa destinée… ? demanda le sorcier, un sourire mélancolique aux lèvres.
Aélia acquiesça.
-C’est un magnifique choix ! lui confirma son ami. Et je vois dans les étoiles que ta petite Eilane aura une destinée hors du commun !
Mais les yeux de la nouvelle mère se troublaient déjà…
-Il faut la couvrir, bredouilla-t-elle. Il fait tellement froid tout à coup.
Les sages femmes, toujours affairées autour d’elle, se jetèrent des regards emplis de larmes.
Le sorcier prit les mains glacées d’Aélia dans les siennes. Il n’attendit pas longtemps avant de voir pour la dernière fois sa poitrine se soulever dans une ultime inspiration. Eilane, toujours allongée auprès de sa mère, se mit à sangloter doucement.
A plusieurs kilomètres de là, de l’autre côté de la Manche, au beau milieu d’un petit village d’Angleterre, une femme, dans des circonstances étrangement similaires, mettait également au monde son enfant. Un petit garçon qui ne connaîtrait jamais, lui non plus, la douce voix de sa mère.
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Eilane, orpheline à la naissance, fut élevée durant les premières années de sa vie, par un puissant sorcier de l’île d’Ouessant, celui-là même qui avait vu sa mère pousser son dernier soupir. Mais il se faisait lui aussi de plus en plus âgé et, alors que la fillette rentrait dans sa quatrième année, il rendit l’âme à son tour. L’enfant fut alors envoyée chez de lointains cousins du vieil homme, quelque part au fin fond de l’Angleterre, qui acceptèrent avec bon coeur de s’occuper d’Eilane comme si elle était leur propre fille.
Elle grandit sans encombre au beau milieu des animaux que ses parents adoptifs élevaient. A plusieurs reprises, ils furent étonnés de la retrouver en train de s’amuser avec les serpents dont le jardin était infesté. Non seulement elle ne semblait pas en avoir peur, mais paraissait même beaucoup apprécier leur présence, ce qui lui valut rapidement le surnom d’Eilane « Snake ».
Au fil du temps, ce pseudonyme remplaça bientôt le nom de famille français que sa mère lui avait légué et que personne n’arrivait à prononcer convenablement en Angleterre…
Les années passèrent doucement, et Eilane devenait chaque jour plus belle et plus gracieuse… Elle savait fort bien que ceux qu’elle avait pris l’habitude d’appeler "papa" et "maman" n’étaient pas ses vrais parents mais elle les aimait comme tel et rien n’aurait pu venir troubler ce petit monde.
Puis un matin, une lettre, sur laquelle on pouvait admirer un grand P enluminé, fut découverte parmi les factures habituelles qui envahissaient le courrier…
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Un éclair fendit en deux le ciel d’un noir menaçant, traçant les contours du château majestueux qui se dressait en haut de la colline. La pluie s’abattit soudainement sur la gare tandis que les élèves de première année, méfiants et apeurés, se dirigeaient déjà vers le lac. Ils allaient bientôt devoir le franchir à l’aide de vieilles barques moisies, accompagnés du garde chasse du collège.
Dans leur dos, un train siffla bruyamment avant de se remettre en marche. Certains élèves se retournèrent pour regarder le Poudlard Express s’éloigner de la gare.
La traversée du lac fut plus périlleuse qu’à l’accoutumée et la plupart des enfants se retrouvèrent trempés jusqu’aux os. Le temps lui-même semblait annoncer un grand malheur qui s’abattrait d’ici peu sur l’école de Sorcellerie.
Une fois arrivées dans l’enceinte du château, les premières années furent regroupées, comme il en avait toujours été ainsi, devant la porte de la grande salle, par Albus Dumbledore, le professeur de métamorphose.
La plupart, intimidés, se tapissaient dans un coin et attendaient le sort qui leur était réservé. Mais un élève, au contraire, se posta directement devant la porte et commença à observer ses futurs compagnons. Légèrement plus grand que ses camarades, il paraissait les dominer de son simple regard. Ses cheveux noirs semblaient aussi sombre que le jais et ses yeux clairs, d’un bleu turquoise vif et flamboyant brillaient comme deux pierres précieuses. Dumbledore, qui avait remarqué son assurance, lui fit un clin d’oeil en souriant. Le jeune garçon lui rendit poliment son sourire.
Enfin, après de nombreuses minutes d’attente, la porte s’ouvrit et les collégiens purent rentrer dans une immense salle dotée d’un plafond ensorcelé qui permettait de voir le ciel, toujours assombri par l’orage.
Assis à quatre longues tables, d’autres élèves, plus âgés, les regardaient s’avancer vers le fond de la pièce. Parfois, certains se chuchotaient quelque chose à l’oreille en voyant un de leurs nouveaux camarades passer devant eux.
Une fois arrivé en face de la cinquième table où trônaient les professeurs, Dumbledore demanda aux premières années de s’aligner…
Un petit sorcier, chauve et ridé, présidant l’assemblée, fit un signe de main à son collègue qui posa sur un tabouret un vieux chapeau rapiécé. Des murmures parcoururent les rangs des jeunes élèves inquiets, mais avant qu’ils aient repris leur calme, le choixpeau, tel était son nom, s’était mis à chanter.
Lorsque le couvre-chef eut fini sa chanson, le sorcier ridé invita un premier enfant à aller se placer sur le tabouret. A chaque fois, l’élève posait le choixpeau sur sa tête et celui-ci lui décernait sa maison. Ainsi, Andouilus Hector et Cancravie Aramella furent envoyés à Poufsouffle tandis que Grozieux Figus se retrouva à Serdaigle.
Puis se fut au tour de l’élève que Dumbledore avait remarqué dans le hall. La voix du sorcier ridé retentit à nouveau lorsqu’il l’appela :
-Jedusor, Tom Elvis.
Tom, très sereinement, alla directement s’asseoir sur le tabouret. Avant même qu’il ait eu le temps d’enfoncer le choixpeau magique sur sa tête, la voix de celui-ci retentit, presque dans un cri :
« Tu accompliras de grandes choses à… Serpentard. »
Les élèves à la table des Serpentards applaudirent bruyamment et Tom se leva pour les rejoindre.
La cérémonie continua lentement, et, enfin, il ne resta plus qu’une seule personne à répartir dans l’une des quatre maisons de l’école.
-Snake, Eilane Dierna.
Tous les regards se tournèrent vers la jeune fille qui s’installait déjà sur le tabouret. Les élèves observèrent son visage laiteux entouré de longs cheveux blonds argentés, ses pommettes bien roses, ses deux grands yeux couleur bronze. Alors un murmure s’éleva petit à petit de toute part. Tom entendit, à côté de lui, un garçon de première année chuchoter à ses nouveaux compagnons. Il se tourna vers lui.
-Que se passe-t-il ?
Le collégien, aux cheveux blonds tel la paille, le regarda d’un air ébahi comme si la réponse à sa question avait été d’une évidence foudroyante, puis, voyant que Tom ne comprenait toujours pas, il répliqua :
-C’est une Vélane !
Tom n’avait pas la moindre idée de ce qu’était une Vélane… le monde de la magie lui semblait encore totalement inconnu. En effet, jusqu’à ce qu’il ait reçu sa lettre lui demandant de se rendre à Poudlard, il avait été élevé dans un orphelinat moldu où les employés ignoraient tout de la communauté des sorciers.
Le garçon à ses côtés, voyant le regard interrogateur de Tom, rajouta immédiatement :
-Les Vélanes sont des créatures magiques… elles envoûtent les hommes ! C’est une très mauvaise chose d’avoir une Vélane dans l’école… Elle risque de faire tourner la tête à tous les élèves… !
Tom tourna les yeux vers la table des professeurs pour regarder la jeune fille. Elle était en effet d’une très grande beauté, mais rien ne se produisit en lui. Il se demanda si le pouvoir des Vélanes s’exerçait vraiment sur tous les hommes ou seulement sur les plus faibles.
Eilane Dierna Snake posa le choixpeau sur sa tête. Celui-ci devint hésitant.
« Mmmh, je vois une très grande intelligence et énormément d’ambition… difficile de savoir où tu feras le mieux tes preuves. »
Puis, comme s’il avait soudain trouvé ce qui manquait à sa décision, le choixpeau se releva légèrement et annonça distinctement :
« Serpentard. »
Cependant, personne n’applaudit parmi ses camarades, la plupart étant trop effarés de voir une Vélane dans le collège de Poudlard. La jeune fille s’éloigna du tabouret et alla rejoindre la table de sa nouvelle maison. Comme personne ne se décidait à lui laisser une place et que certains garçons se chamaillaient déjà pour savoir qui l’inviterait le premier à côté de lui, Tom se serra légèrement vers son voisin et fit signe à la Vélane de s’asseoir. Elle le remercia d’un grand sourire puis s’installa sur le banc.
Chapitre 2 : Jeux du sort
Eilane fut subitement sortie de sa torpeur par un bruit étrange. Elle regarda autour d’elle et aperçut un hibou grand-duc marron, aux plumes ébouriffées, qui frappait au carreau.
Elle lui ouvrit la fenêtre, détacha la lettre accrochée à sa patte puis remercia affectueusement l’oiseau qui repartit dans des hululements frénétiques.
L’enveloppe était faite d’un vieux parchemin jauni et frappée de l’écusson de Poudlard, l’école de sorcellerie. La jeune fille s’empressa de l’ouvrir. Il s’agissait de l’habituelle lettre annonçant la rentrée des classes, accompagnée de la liste des nouveaux livres à acheter. Mais cette fois-ci, une petite broche argentée ainsi qu’un troisième papier s’ajoutaient au reste. Eilane dû le lire par deux fois avant de réaliser ce qui y était écrit : elle venait d’être nommée préfète !
Cela faisait à présent cinq ans que le choixpeau magique l’avait envoyée à Serpentard et même si elle avait toujours montré un grand désir d’apprendre et de bonnes facultés intellectuelles, elle était restée persuadée que l’insigne de préfet aurait été envoyée à une élève "normale" plutôt qu’à une Vélane ! Elle n’était pas sans savoir que bon nombre de collégiens jasaient sur son passage et elle ne comprenait malheureusement pas pourquoi ils s’acharnaient tant sur elle. Après tout, elle descendait d’une grande lignée de puissants sorciers, et, ne connaissant pas l’identité de son père, elle n’avait aucune raison de se reprocher quoique ce soit à son propos !
Bien que ce rejet de la part de ses camarades ait eu pour résultat de la plonger dans une grande solitude, elle essayait d’y faire le moins attention possible et passait un temps considérable à lire et à étudier.
Mais à partir de cette année, les choses allaient forcément devoir changer. Avec les responsabilité que demandent le rôle de préfète, elle n’aurait pas d’autre choix que de se faire respecter et ce ne serait certainement pas chose facile.
Tandis qu’elle commençait à ranger sa chambre, elle en vint à se demander qui d’autres avait été nommé. Il était de coutume à Poudlard que chaque maison possède deux préfets : une fille et un garçon.
Tout en pliant bien soigneusement un uniforme avant de le déposer dans sa valise, Eilane ne pouvait s’empêcher de réfléchir. Elle s’empara de sa baguette magique qui émit quelques étincelles vertes et violettes lorsqu’elle la fit tourner machinalement dans les airs avant de la placer, elle aussi, à l’intérieur de la malle.
Il lui faudrait sans doute passer au Chemin de Traverse avant de se rendre à la gare de King’s Cross d’où partait le Poudlard Express. En effet, elle devait se procurer plusieurs nouveaux livres sollicités par ses professeurs.
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La rue principale du Chemin de Traverse fourmillait d’élèves de Poudlard venus faire leurs derniers achats avant la rentrée des classes. Devant la vitrine du magasin de Quidditch, plusieurs garçons s’extasiaient en contemplant le dernier balai à la mode, tandis que les filles se rendaient à la Ménagerie Magique où elles admiraient les différents animaux que l’on pouvait y acheter.
Mr Ollivander, le jeune marchant de baguettes, était sorti sur le perron de son magasin et faisait de larges sourires aux élèves qui le saluaient.
Rien n’aurait pu laisser deviner, dans cette partie du monde réservée aux sorciers, que les choses allaient si mal pour les Moldus. En effet, au dehors, pas si loin que ça du chemin de Traverse, la seconde guerre mondiale faisait rage et arrachait chaque jour d’autres soldats à leurs familles… Pourtant ici, l’atmosphère n’était pas vraiment tendue… Oh, bien sur, les parents se montraient plus méfiants qu’à l'accoutumée, mais ce qui paraissait les inquiéter le plus n’était pas cette fichue guerre Moldu mais plutôt ce que le ministère de la magie tentait d’étouffer à grand peine et que les journaux se faisaient une joie d’afficher en première page comme le scoop de l’année : après avoir tenté un coup d’état qui s’était soldé par un échec, le sorcier Grindelwald, connu pour son inclination envers la magie noire, jurait à présent de prendre sa revanche en faisant appel à ses serviteurs, d’étranges créatures fantomatiques que les magasines à sensations avaient d’ores et déjà surnommé les Ombres.
Une femme, grande et belle, aux longs cheveux châtains clairs, l’un de ses magasines à la main, accompagnait Eilane et, même si elles ne possédaient aucun lien de parenté établi par le sang, elles semblaient étonnement proches.
En quittant Gringotts, la banque des sorciers, elles se dirigèrent vers Fleury et Bott et en ressortirent les bras chargés de nouveaux manuels de cours emballés d’un sac de papier kraft.
Un peu plus loin, dans la rue principale, un groupe d’élève d’une quinzaine d’année discutait bruyamment. Eilane et sa mère adoptive passèrent devant eux et l’un des garçons, un Serpentard hautain, aux allures de gorilles, fit un croche patte à la jeune fille qui trébucha, répandant sur le sol la totalité de ses livres. Alors que la mère adoptive d’Eilane se précipitait d’un air outragé pour l’aider à ramasser ses affaires, un autre adolescent sortit du groupe et s’agenouilla lui aussi. Tandis qu’il tendait déjà à la Vélane « Sorts et Enchantements, niveau 5 », elle leva vers lui des yeux étonnés.
Il s’agissait de Tom Elvis Jedusor, sans nul doute le plus talentueux élève de Poudlard et la coqueluche de tous les professeurs qui ne cessait de le complimenter.
Tom n’avait jamais montré d’attention particulière à l’égard d’Eilane, ni dans un sens, ni dans l’autre, depuis qu’il l’avait invitée à s’installer auprès de lui, cinq années auparavant, après la répartition des maisons. Mais il traînait toujours avec la même bande de Serpentard qui ne cessait de la ridiculiser. C’est pourquoi son aide paraissait si étrange. Toutefois, le sourire séducteur avec lequel il lui tendait ses livres n’était pas pour déplaire à la Vélane qui en fut touchée plus qu’elle ne l’aurait voulu.
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Les parents adoptifs d’Eilane ne l’accompagnèrent pas jusqu’à la gare de King’s Cross. Ils considéraient que la jeune fille, qui avait à présent quinze ans révolus, devait être capable de se débrouiller seule et souhaitaient la responsabiliser en agissant de la sorte. Pourtant, Eilane, stressée à l’idée de devoir rencontrer les autres nouveaux préfets, se serait bien passée de cette récente responsabilité.
Tout en essayant de vider son esprit de l’appréhension qui l’envahissait, elle s’appuya nonchalamment contre la barrière séparant les voix 9 et 10 et passa à travers sans que personne ne s’en aperçoive.
Sur le quai 9 ¾, le Poudlard Express, un vieux train à vapeur rouge et noir, attendait ses passagers.
Eilane hissa sa valise dans le premier wagon qui s’offrait à elle et grimpa à son tour les marches. Elle déposa ses affaires sur un porte bagages mais n’alla pas, comme elle le faisait chaque année, se trouver un compartiment où elle pourrait, à l’abri des railleries de ses camarades, commencer de lire les ouvrages qu’ils étudieraient durant les cours. Cette fois-ci, ce serait différent. Tous les préfets étaient conviés à l’avant du train pour faire connaissance et recevoir leurs directives.
Elle se rendit donc immédiatement dans le wagon de tête où le même groupe de garçons qui l’avait humiliée sur le Chemin de Traverse attendait dans la plus grande excitation.
Eric Bodico, le préfet en chef de l’école ouvrit la porte du compartiment.
-Seuls les préfets sont invités à me suivre. Messieurs, je pense que vous devriez rejoindre vos places, dit-il à la bande de Serpentards devenue soudainement muette.
Il fit ensuite signe à ses nouveaux collègues d'approcher tandis que le groupe s’éloignait déjà, laissant derrière lui un de ses membres.
Eilane, qui était entrée la première, vit s’avancer deux par deux les élèves de Poufsouffle, de Gryffondor et de Serdaigle et enfin, l’élève de Serpentard, fier et droit, qui fermait la marche. La jeune fille fut stupéfaite de reconnaître Tom Jedusor s’arrêter juste à côté d’elle, l’insigne de préfet déjà épinglée sur son uniforme.
Mais après réflexion, cela paraissait finalement assez logique. Même si elle ne le connaissait que très peu, elle en savait assez sur lui pour admettre qu’il avait toutes les qualités nécessaires afin d’assumer ce rôle !
-Monsieur Dippet veut que je vous donne quelques directives supplémentaires cette année… il prétend que les anciens préfets n’ont rempli que très partiellement leur devoir et il attend mieux de votre part, commença Eric Bodico. D’abord je dois vous rappeler que seul le préfet en chef a le droit d’ôter des points à l’une des quatre maisons... A vrai dire, vous n’êtes pas là pour punir vos camarades mais plutôt pour aider les petits nouveaux. L’an dernier, par exemple, une première année nommée Myrtille a pleuré pendant deux bonnes journées parce qu’elle s’était perdue dans les couloirs de Poudlard, un préfet aurait dû la soutenir bien sur, mais au lieu de ça, tout le monde l’a laissée se débrouiller seule… C’est totalement inadmissible.
Un petit rire s’éleva de l’assemblée : cette élève pleurnichait toujours pour un rien ce qui lui avait valut, dès sa première semaine à Poudlard, le surnom de Mimi Geignarde.
-En vérité, une des camarades de Myrtille a essayé de la semer après avoir supporté ses jérémiades pendant plus d’une heure, chuchota Tom, amusé, à l’oreille d’Eilane.
Elle tourna son regard vers lui et vit qu’il lui souriait comme s’ils étaient des amis de toujours. Elle se sentit alors mise en confiance et continua d’écouter le pompeux discours d’Eric Bodico, le coeur plus léger.
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Le reste du trajet défila à toute allure : il fallu d’abord intercepter le chat qu’une élève de Serpentard avait malencontreusement lâché dans le couloir et qui, terrifié par tout ces visages inconnus, s’était réfugié sous le siège de Mimi Geignarde. Puis, une fois l’incident réglé, Mimi en pleure, prétexta que les préfets s’occupaient plus d’un vieux matou apeuré que de ses propres problèmes. Ce sur quoi Tom, qui avait couru après le chat durant deux wagons, sortit du compartiment en levant les yeux au ciel dans un signe d’exaspération.
Lorsque le train s’arrêta enfin à la gare de Pré Au Lard, la nuit tombait déjà, plongeant le petit village de sorcier dans la pénombre. Tout en attendant devant le marche pieds, chargée de sa lourde valise, Eilane sentit une petite brise s’engouffrer dans ses cheveux blonds argentés. Il faisait encore très doux pour la rentrée des classes. Le mois de Septembre s’annonçait beau, chaud et sec.
-Je peux t’aider ?
Avant même qu’Eilane ait eu le temps de répondre, Tom, qui se trouvait juste derrière elle, avait déjà commencé à soulever son énorme malle. La jeune Vélane emprunta les escaliers et récupéra la valise que Tom lui tendait. Puis il descendit à son tour, portant d’une main un tout petit sac de voyage et de l’autre une grande boite hermétique sur laquelle quelques trous avaient été percés.
-Tu n’as que ça comme bagages ? demanda la jeune fille.
-Oui, je ne rentre quasiment jamais chez les Moldus, répondit Tom.
A ses derniers mots, Eilane cru percevoir dans sa voix un accent de dégoût.
-Quand c’est possible, je préfère rester au château, continua-t-il. D’ailleurs, je pense que cette année, je vais carrément demander à passer l’été complet à Poudlard, je suis persuadé que le directeur Dippet me l’accordera sans problème.
-Mais tu ne veux pas aller voir tes parents pendant les grandes vacances ?
Tom émit un rire froid et anormalement aiguë qui glaça le sang d’Eilane, puis, presque aussitôt, il s’arrêta de rire et son visage devint plus sombre.
-Ma mère est morte en me mettant au monde… Quant à mon père, un Moldu, il a prit lâchement la fuite en apprenant qu’elle était une sorcière… J’ai été élevé dans un orphelinat Moldu et, crois-moi, retourner là-bas n’a rien de réjouissant !
Réalisant à quel point leurs passés semblaient similaires, Eilane sentit sa gorge se nouer légèrement. Elle s’en voulait à présent d’avoir posé de telles questions. Elles ne s’étaient pas attendue au malaise qu’elle avait ainsi provoqué sans le vouloir. Elle n’osa plus prononcer un mot jusqu’à ce qu’ils s’apprêtent à grimper dans l’une des diligences de l’école.
Devant les voitures, le groupe de Serpentard attendait Tom qui, trop occupé durant le voyage, ne les avait pas rejoint dans le train. Lorsqu’ils virent l’insigne de préfet accrochée à l’uniforme d’Eilane, les garçons se mirent à ricaner. L’un d’eux, plus petit et menu que les autres, les cheveux blonds et bouclés, lança à Tom :
-C’est donc elle, notre nouvelle préfète ?… Dippet nous en veut à ce point d’avoir perdu la dernière coupe de Quidditch pour nous imposer ça !
Alors qu’Eilane s’éloignait déjà, les larmes aux yeux, un grand « boum » retentit derrière elle. Elle se retourna juste à temps pour contempler l’élève aux cheveux blonds affalé par terre en train de se masser la nuque. Les autres membres du groupe ne riaient plus du tout.
Tom, apercevant Eric Bodico lancer des regards dans leur direction, rangea très calmement sa baguette magique dans sa poche et ramassa son sac de voyage. Plus personne ne fit la moindre réflexion sur la jeune Vélane.
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Dans le grand hall de Poudlard, le professeur Dumbledore scrutait l’arrivée des élèves. Lorsqu’il aperçut Tom et Eilane entrer dans l’enceinte du collège, il accourut vers eux et leur demanda de le suivre sans donner plus d’explications ni leur laisser le temps de déposer leurs bagages.
Il les fit entrer dans son bureau, au fond de la salle de métamorphose et leur désigna deux chaises. Sur un perchoir, un étrange oiseau, rouge et or, fredonnait doucement sa reposante musique. A l’entente de ce chant mélodieux, la chose qui se trouvait dans la boite que Tom transportait avec lui depuis sa sortie du train remua frénétiquement, mais Dumbledore ne sembla pas vouloir s’en inquiéter.
-Je sais que normalement vous ne devriez pas avoir affaire à moi puisque je suis directeur de la maison Gryffondor et que vous êtes tous deux à Serpentard mais c’est monsieur Dippet qui m’a demandé d’intervenir en son nom, vu qu’il ne pouvait éviter de présider le banquet.
Dumbledore caressa le dos de l’oiseau rouge et or puis continua.
-Vous n’êtes pas sans savoir que cette année est certainement l’une des plus difficile puisque c’est celle où vous devrez passer vos BUSE et qui plus est, celle où vous aurez à décider de votre carrière future. Mais je ne me fais pas de soucis en ce qui vous concerne. Vous êtes sans nul doute nos deux élèves les plus brillants et vous remporterez vos examens haut la main, j’en suis persuadé.
Il avait dit cela avec une telle admiration et un tel respect qu’Eilane sentit ses joues rougir sous les compliments.
-Cependant, continua-t-il, le directeur Dippet m’a chargé de vous faire une proposition. Il se trouve que peu de vos camarades ont atteint votre niveau et beaucoup d’entre eux risquent fort d’être recalés si on ne les prend pas en main dès maintenant ! Nous souhaiterions donc ouvrir un club d’aide au devoir où les meilleurs élèves viendraient soutenir les plus faibles. Et nous aimerions énormément que vous en fassiez parti. Bien entendu l’accès à ce club ne sera pas uniquement restreint aux cinquième années…si d’autres veulent aussi de l’aide, ils auront, évidement, le droit de s’y inscrire aussi.
Tom et Eilane échangèrent un regard soulagé. Lorsque Dumbledore les avait ainsi emmené dans son bureau, ils s’étaient imaginés que de longues remontrances à propos de l’incident de la gare de Pré-Au-Lard les attendaient.
-Nous serons très heureux de participer à ce club, professeur Dumbledore, assura Tom en souriant.
Dumbledore se tourna vers Eilane qui acquiesça à son tour d’un simple signe de tête.
-Bien ! Voila qui me semble parfait. Une dernière chose, toutefois, avant que vous ne rejoigniez vos amis au banquet…, rajouta Dumbledore dont le timbre devint soudain plus rauque.
Les deux adolescents retinrent leur souffle, cette fois persuadés qu’ils allaient devoir rendre des comptes.
-Je me dois de vous rappeler que les terribles événements extérieurs de ces derniers mois ont entraînés un intense climat d’insécurité, ici même à Poudlard…
-Les événements extérieurs, professeurs ? s’enquit Tom, avec une innocence qu’Eilane trouva un peu trop surfaite pour être totalement honnête.
-Cela fait plusieurs mois à présent que les serviteurs du mage noir Grindelwald commettent des agressions sur toute l’Angleterre, répondit Dumbledore, les yeux rivés sur l’adolescent.
-Pourquoi agissent-ils de la sorte ? interrogea Eilane presque à voix basse.
-Nous ne savons pas exactement quelles sont leurs revendications. Le ministère ne nous aide certainement pas en prônant la discrétion. Bien sur, leur réaction est compréhensible… ils veulent éviter une émeute…Mais je ne crois pas que laisser les gens dans l’ignorance soit judicieux. Pour te répondre franchement, Eilane, il semble que Grindelwald suive un chemin semblable à celui de Salazar Serpentard lui-même en préférant s’attaquer en premier lieu aux enfants de Moldus plutôt qu’aux sorciers de pure souche… Et avec cette seconde guerre mondiale qui fait également rage, les autorités Moldus sont plus que débordées et totalement incapables de protéger convenablement leurs congénères !
-Mais pour quelle raison nous raconter tout cela ?
Dumbledore toisa Tom un long moment, comme s’il essayait de lire à l’intérieur de son être, puis répondit d’une voix lasse.
-En tant que Préfets, vous avez la responsabilité de rassurer vos camarades. Durant cette période de crise, je compte sur vous pour redoubler d’attention auprès d’eux ! Sur ce, je vous libère… Vous devez être affamés, allez donc manger quelque chose !
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Eilane et Tom sortirent du bureau de Dumbledore et marchèrent jusqu’aux portes de la grande salle. Là, les bagages de tous les élèves de l’école attendaient d’être montées dans leurs salles communes respectives par les Elfes de maison de Poudlard. Eilane poussa dans un coin la valise qu’elle avait du traîner avec elle jusqu’au bureau de son professeur et Tom déposa délicatement, sur son sac de voyage, la grande boite hermétique.
-Qu’est ce qu’il y a là-dedans ?
Presque aussitôt, la jeune fille regretta d’avoir posé cette question. Faire preuve d’une trop grande indiscrétion ne lui ressemblait vraiment pas, mais se trouver face à quelqu’un qui n’essayait pas de se moquer d’elle comme la plupart le faisait la mettait en confiance.
-Nagini !
-Quoi ? s’exclama Eilane.
-C’est son prénom… elle s’appelle Nagini !
-Mais qu’est ce que c’est ?
-Je te montrerais, si tu veux…mais pas maintenant !
Tom fit un signe de tête vers la porte d’où s’échappaient des salves d’applaudissements.
-Ils doivent en être à la fin de la répartition du choixpeau magique… Si on ne veut pas rester le ventre vide jusqu’à demain matin, on devrait y aller rapidement !
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