Chapitre 2 : La fin d’une ère
James ne cessait de se retourner dans son lit, incapable de trouver le sommeil. Quelque chose d’énorme se tramait… Et c’était effrayant autant que rassurant. Ca signifiait qu’on se rassemblait pour mieux combattre, qu’on n’allait pas se laisser faire, mais d’un autre côté… Combien d’entre eux allaient en réchapper ? James était encore à l’école, il faisait partie des enfants, on ne lui disait pas grand-chose mais il savait observer.
Comment par exemple, ne pas s’étonner de l’arrivée soudaine de toute la famille Potter chez ses parents ? Et Dieu sait qu’ils étaient nombreux. En fin de soirée, tous les oncles et tantes de James, ainsi que tous ses cousins, avaient débarqués la bouche en cœur. Au total, dix-sept Potter logeaient sous le même toit cette nuit. Dix-neuf si l’on comptait les chiens. Dans l’absolu, il n’y avait rien d’inhabituel à retrouver toute la famille réunie en plein mois de juillet à Quercus Alba, la grande maison du père de James. Mais cette année, c’était un peu différent.
L’oncle Samuel avait promis à ses beaux-parents de leur envoyer leurs cinq petits-enfants pour l’été. La femme de l’oncle Samuel était morte l’année précédente et il avait été décrété que les enfants trouveraient un peu de réconfort chez leurs grands-parents maternels. Les enfants de l’oncle Hector avaient eux aussi prévu autre chose. Le cousin Brent, marié maintenant, venait d’être père et avait sa propre vie, venir passer l’été chez son oncle ne faisait plus partie de ses priorités. La cousine Elvira voulait rester en ville pour étudier. Comme James, elle entrait en dernière année à Poudlard, et contrairement à lui, elle était très préoccupée par son orientation. James n’avait aucune idée de ce qu’il ferait une fois son diplôme en poche, mais il ne s’en inquiétait pas outre mesure, chaque chose en son temps. Roland, le frère de Brent et Elvira, lui, avait décidé qu’il n’irait pas à Quercus Alba si ni son frère, ni sa sœur, ni les enfants de l’oncle Samuel n’y allaient. Voilà comment, depuis la première fois depuis sa naissance, James avait entamé ses vacances d’été seul dans la grande maison avec son père, sa mère, et Augusta sa sœur de treize ans.
Quercus Alba était une vaste demeure appartenant aux Potter depuis des siècles. Isolée du reste du monde, entourée par des centaines d’hectares de terrain, c’était le lieu rêvé pour des gamins qui couraient dans tous les sens. A chaque génération, l’aîné des enfants en héritait. Charles Potter en était l’actuel propriétaire, James était destiné à en être le prochain.
En fin d’après-midi, James et Augusta étaient dans la bibliothèque, ils faisaient des recherches pour les devoirs de vacances que leurs professeurs leur avaient donnés. Ce n’était que le début des vacances, mais pour dire vrai ils s’ennuyaient ferme sans leurs cousins. Ils n’avaient pas l’habitude de ce calme dans la maison, et les balades étaient loin d’être aussi amusantes à deux. Soudain, leur père était entré avec fracas :
« Où est votre mère ? »
James et Augusta l’avaient regardé abasourdis, puis la fillette avait répondu que Honoria Potter était dans sa chambre en train de reprendre une des capes de James. Charles était reparti aussi sec vers la chambre, ses deux enfants sur les talons. Il leur claqua la porte au nez lorsqu’il eut trouvé sa femme. Quoi qu’il se soit passé, James et sa sœur n’étaient manifestement invités à prendre connaissance. La porte était épaisse, ils savaient par expérience qu’ils n’entendraient pas grand-chose à travers. Par chance, dans son emportement Charles Potter parlait fort, et ils purent capter quelques bribes de la conversation. Il était question d’une attaque au ministère, une grosse affaire ! Bien évidemment c’était l’œuvre de Voldemort, le terrible mage noir qui faisait trembler l’humanité depuis déjà plusieurs années.
Les deux enfants s’éloignèrent lorsqu’ils furent certains de ne plus pouvoir rien apprendre, Charles avait baissé de ton. Ils se réfugièrent dans la chambre de James et s’assirent au pied du lit en silence. Combien de temps cette horreur allait-elle encore durer ? Ils avaient déjà perdu leur tante, la femme de l’oncle Samuel, de la main de ce fou, et aussi quelques camarades. Si ça durait encore, combien survivraient ? Y avait-il eu des morts au ministère ? Combien ? Qui ? L’angoisse était palpable…
Puis, à peine quelques heures plus tard, tout le monde était arrivé avec de grosses valises. L’oncle Hector et la tante Rose, Brent, sa femme Sélénée et leur bébé, Elvira et Roland. L’oncle Samuel et ses cinq enfants : Adrienne, Oscar, Graziella, Elizabeth et Virginia. Vu la taille de leurs malles, ils étaient partis pour leur tenir compagnie au moins tout l’été. James adressa un clin d’œil à sa petite sœur : fini l’ennui des premiers jours de juillet, la famille arrivait ! Ils avaient tous dîné ensemble, puis les plus jeunes (ceux qui allaient encore à l’école) furent envoyés dans leurs chambres. Avant de monter, James eut le temps d’apercevoir ses parents, oncles et tantes, Brent et Sélénée, Adrienne et Oscar entrer dans le grand salon et refermer la porte derrière eux. Il aurait juré avoir entendu la voix de Dumbledore… Dumbledore était probablement le plus grand sorcier de son époque, et c’était aussi le directeur de Poudlard.
C’était cette arrivée impromptue et cette étrange réunion qui inquiétaient James. Alors qu’il réfléchissait au plus sûr moyen de faire flancher son cousin Oscar, à peine plus vieux d’un an, afin qu’il lui raconte tout ce qu’il savait, James entendit du bruit. Ca venait de sa fenêtre. Il l’ouvrit et prit un caillou sur le front.
« Sirius ?! Apprends à viser mon vieux, ça fait mal ! »
« Désolé ! Tu viens m’ouvrir ou je passe la nuit dans la niche du chien ? »
« Minute papillon, je descends ! »
Le plus silencieusement possible, James ouvrit sa porte et descendit l’escalier, évitant les marches grinçantes qu’il connaissait par cœur. Puis, doucement, il déverrouilla la porte et souleva le loquet, laissant entrer son meilleur ami et sa lourde malle.
« Bon sang Sirius, mais qu’est-ce que tu fiches ici ? » chuchota James
« Je t’expliquerai, aides-moi à monter mes affaires ! »
« Ne fais pas tant de bruit, tu vas réveiller toute la maison. Wingardium Leviosa. »
La malle de Sirius flottait désormais dans les airs, James la dirigea précautionneusement jusqu’à sa chambre en évitant de la cogner contre les murs. Sirius s’écroula sur le lit pendant que James posait délicatement l’imposant fardeau sur le tapis et fermait la porte de sa chambre.
« Alors, tu vas me dire pourquoi tu débarques sans prévenir en pleine nuit ? Vous vous êtes donné le mot ou quoi ? Qu’est-ce qu’il t’est arrivé vieux ? »
« Je me suis disputé avec mes parents. » répondit Sirius placidement
« Encore ? »
« Cette fois c’est différent, je n’y retournerai pas. Il y a eu cette attaque au ministère et ça a été la goutte qui a fait déborder le chaudron. Ils adhèrent à tout ce que fait cet ignoble sorcier… Comment veux-tu que je reste une minute de plus dans cette maison ? »
« Que sais-tu sur l’attaque du ministère ? Je n’ai rien pu tirer de mes parents. Il y a des victimes ? »
« Seulement quelques blessés. La portée est surtout symbolique. Tu réalises ? Il a réussi à infiltrer le ministère… On n’est plus à l’abri nulle part, l’endroit était extrêmement protégé ! »
« Moi je crois qu’on sera toujours en sécurité à Poudlard, et ici. »
« J’espère ! Tu vois un inconvénient à ce que je reste ? »
« Bien sûr que non mon vieux ! Et puis on n’est plus à une personne près. Toute la famille a débarqué ce soir, et crois-moi, elle n’est pas prête de s’en aller. »
« Ca nous promet un été mouvementé ! » conclut Sirius avec un clin d’œil.
Ce qui réveilla Sirius le lendemain matin fut la présence chaude et humide sur sa joue gauche de quelque chose qu’il n’était pas sûr de vouloir identifier. Il ouvrit un œil et vit sa crainte se réaliser : Agamemnon, un des deux chiens des Potter était en train de lui lécher la joue ! Sirius se redressa brusquement en repoussant le molosse. D’un coup d’œil circulaire il fit un rapide état des lieux : James était déjà levé et Amphitryon, l’autre chien, lui reniflait la plante des pieds. Quelle idée de donner des noms pareils à des chiens franchement ! On avait à peine fini de les interpeller qu’ils avaient déjà eu le temps de disparaître. S’ils voulaient leur donner des noms mythologiques, ils n’avaient qu’à les appeler Zeus et Œdipe ! Et puis d’abord comment étaient-ils entrés dans la chambre ? Sirius se tourna vers la porte entrouverte, la coupable s’y tenait en chemise de nuit, n’essayant même plus de retenir son fou rire.
« Salut ! » jeta-t-elle entre deux éclats de rire
« Augusta ! Tu vas me le payer ! »
« Si tu voyais la tête que tu fais… James nous a dit que tu étais là, je n’ai pas pu résister à l’envie de venir te réveiller. Agamemnon et Amphitryon non plus. En attendant, si tu veux prendre un petit déjeuner tout est prêt en bas. »
Augusta repartit, suivie de ses deux bergers allemands. Sirius se frotta les yeux quelques minutes, puis s’habilla et descendit à son tour.
Il se dirigea vers la cuisine où il trouva Honoria Potter qui faisait des crêpes, et Virginia, onze ans, la benjamine de Samuel Potter, qui aidait sa tante.
« Bonjour Mrs Potter, bonjour Virginia ! »
Honoria abandonna quelques minutes ses fourneaux pour embrasser Sirius.
« James m’a raconté ce qui t’es arrivé. Tu as bien fait de venir chez nous. Tu vas rester ici pendant les vacances, et considères-toi comme chez toi jusqu’à nouvel ordre, d’accord ? »
« Merci beaucoup Mrs Potter. »
« Aller, vas donc prendre ton petit déjeuner avec les autres ! »
Honoria aimait beaucoup l’ami de son fils. Il était toujours si poli, et de si bonne humeur. Depuis que les deux garçons s’étaient trouvé, Sirius était venu bien souvent chez James et il s’entendait bien avec à peu près toute la famille. Il ne devait guère s’amuser dans sa propre maison, et les séjours à Quercus Alba étaient toujours source de détente pour lui. Il aurait aimé que tout fût aussi simple chez lui.
La salle à manger était pleine. Sirius étant souvent venu à Quercus Alba, il connaissait déjà tout le monde. Une clameur générale l’accueillit, et James lui fit une place entre lui et Oscar. Loin d’être intimidé par tous ces gens, Sirius aimait l’ambiance chaleureuse qui régnait lorsque tous les cousins Potter étaient réunis.
« C’est maintenant que tu te lèves marmotte ? » se moqua James
« J’ai très bien dormi ! » répliqua Sirius
« J’avais remarqué merci, tu as ronflé toute la nuit ! »
« Ah… les joies de la cohabitation… » murmura Elvira assise en face de Sirius.
« Ne te plains pas, tu es la seule à avoir une chambre pour toi toute seule ! » protesta son frère Roland.
« Faux ! » répliqua la jeune fille « James et Augusta non plus ne partagent leur chambre avec personne. »
« Normal, c’est quand même leur maison. » répondit Roland avec un haussement d’épaules
« Sympa pour le ‘personne’… » maugréa Sirius
« Il a raison, je me suis trouvé un colocataire pour l’été moi ! » s’exclama James
« Tu vas rester ici tout l’été Sirius ? » demanda Elvira
Sirius hocha la tête, ravi à cette perspective. Il fallait avouer que la jeune fille laissait peu de garçons indifférents. Elle avait de longs cheveux châtains aux reflets ambrés et très frisés. Froide, hautaine et solitaire, elle fascinait les garçons mais restait comme une haute tour inaccessible. Elle était dans la même année que Sirius et James, mais faisait partie de la maison Serpentard, tandis que les garçons étaient à Gryffondor. Dès la première année, James avait posé les règles :
« Sirius, il s’agit de ma cousine, alors bas les pattes ! »
Mise en garde inutile d’ailleurs, Sirius ne voudrait jamais s’accoquiner avec une Serpentard ! Et puis de toutes manières ce n’était pas exactement comme s’il avait le choix. Ses parents avaient tout arrangé depuis des années. Sirius était promis à Tatiana Petrowski, une jeune fille de bonne famille, de la maison Serpentard comme il se doit. Toute la famille Black avait été dans cette maison sauf lui, il était le mouton noir de la famille, son frère, lui, faisait la fierté de leurs parents. Regulus était en cinquième année à Serpentard. D’un autre côté, Sirius ne s’était jamais tellement préoccupé de ce que ses parents pensaient de lui – bien qu’ils ne se gênent pas pour lui en faire part le plus souvent possible – il suivait son petit bonhomme de chemin, et tant mieux si ça leur déplaisait ! Il voulait bien épouser Tatiana si ça les amusait - de toutes manières il n’avait aucune fille en vue – mais pour le reste, il entendait bien n’en faire qu’à sa tête.
Le temps était radieux, un temps pour flâner en plein air. Les plus jeunes étaient partis ensemble, ils étaient probablement au sommet d’un arbre ou cachés dans un buisson. Il y avait toujours eu cette frontière entre les grands et les petits. Ca s’était fait naturellement, d’un côté Brent, Adrienne, Oscar, Elvira et James ; de l’autre : Graziella, Roland, Elisabeth, Augusta et Virginia.
James et Sirius se promenaient dans le parc à la recherche d’un de ceux qui avaient été admis à la ‘réunion’ de la veille au soir, espérant glaner quelques informations. Mais ils ne trouvèrent qu’Elvira, occupée à tresser les feuilles de chêne pour s’en faire une couronne. James ne se découragea pas pour autant et chercha à éclaircir un point quelque peu obscur avec sa cousine.
« Dites-moi Mademoiselle, je croyais que vous vouliez étudier dans les bibliothèques de Londres cet été… Pourquoi ce soudain revirement ? » demanda-t-il en s’asseyant nonchalamment aux côtés de la jeune fille avec Sirius.
« Si tu crois que ça m’amuse ! On n’a pas vraiment eu le choix figures-toi. Papa est rentré hier soir et nous as ordonné à moi et à Roland de faire nos valises en un temps record. Il est allé chercher Brent, Sélénée et le petit Merlin chez eux, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, on était tous partis. Je n’ai même pas eu le temps de prendre les livres que j’avais emprunté à la bibliothèque. »
« Ne t’en fais pas pour ça, tu trouveras tout ce que tu veux dans celle de Papa. »
« Il n’empêche que j’aurais été mieux à Londres… » maugréa Elvira en arrachant un touffe d’herbe.
« Sympa pour nous ! »s’exclama James « Tu t’ennuies tant que ça avec nous à Quercus Alba ? »
« Ne le prends pas mal James, c’était bien quand on était gosses, mais maintenant… »
« Moi je suis content de vous voir là… »
Elvira sourit devant la moue boudeuse de son cousin.
« D’accord, moi aussi je suis contente de te voir. Ca te va ? »
« Ne te forces pas surtout ! » répliqua Sirius
« Oh toi, la fermes ! »
« Ah ! Revoilà la bonne vieille Elvira que je connaissais… » ricana Sirius
« Toujours est-il que je me demandes bien ce qui a provoqué ce départ si précipité » intervint James songeur.
« Ce n’est guère compliqué » s’écria sa cousine « L’attaque d’hier, ça a fait peur à tout le monde. Et comme on ne se défend jamais aussi bien qu’en groupe, Oncle Charles, Oncle Samuel et Papa ont décidé de réunir tout le monde ici. Je crois même qu’ils vont envisager d’aller un peu plus loin… »
« Que veux-tu dire ? » demanda James intéressé « Tu as eu des échos de la réunion d’hier soir ? »
« Oui un peu. Pendant que Brent et Sélénée y étaient, je m’occupais de Merlin. Quand Brent est venu le récupérer dans ma chambre, je lui ai demandé de quoi il avait été question et il n’en a pas fait un secret. Après tout toi comme moi, on n’a qu’un an de moins qu’Oscar qui a été accepté à la réunion, et on est majeurs. Par contre, mieux vaut rester discrets avec les petits, on ne sait jamais. Hier Dumbledore était là. Apparemment, Oncle Charles et lui complotent pour essayer de barrer la route à Voldemort depuis longtemps déjà. Ils veulent réunir une sorte d’armée. Tous les sorciers qui veulent combattre Voldemort. Ils essaient de recruter en restant discrets, mais c’est très long car il leur faut des personnes en qui ils ont totalement confiance. Bref, Quercus Alba va devenir le QG de ce qu’ils appellent l’Ordre du Phénix, tu sais que la propriété est fortement protégée par des sorts très anciens. On risque de voir passer pas mal de monde. Je ne sais pas exactement comment ils comptent s’y prendre, mais ils vont se battre pour faire tomber cet immonde sorcier. Brent veut faire partie de cet Ordre, Sélénée aussi. Oscar hésite encore. Adrienne ne préfère pas participer, pas activement en tout cas, et l’Oncle Samuel ne l’a guère encouragée à le faire. Voilà c’est ce que je sais. »
James et Sirius étaient abasourdis.
« Je savais qu’il se passait quelque chose, je n’imaginais pas que ça prendrait cette ampleur… » murmura James
« Ca fait du bien de voir qu’il y a des gens pour prendre les choses en main ! » s’écria Sirius
« Alors c’est ici que tout va se passer… Je suis impatient de pouvoir participer ! »
« Il va falloir étudier dur cette année James ! » ajouta Elvira « Tout ce qu’on va pouvoir engranger comme connaissances nous serons utiles pour aider l’Ordre. »
« Je ne pensais pas faire une aussi bonne pioche en venant m’installer chez toi Prongs ! On est au cœur du problème ici. Si mes parents le savaient, ils seraient verts de rage. »
« En parlant de tes parents, tu ne m’as pas dit comment ils avaient réagi quand tu es parti… »
« Très mal ! » répondit Sirius d’un ton désinvolte « Ils m’ont effacé de l’arbre généalogique. Rien n’aurait pu me faire plus plaisir ! »
« Ecoutez les garçons, je suis désolée » intervint Elvira « Ce n’est pas que votre conversation m’ennuie, mais il est grand temps que j’ailles potasser les grimoires d’Oncle Charles. »
La jeune fille se leva et se dirigea vers l’imposante bâtisse. Sirius profita de son départ pour sortir de sa poche un petit paquet rectangulaire, il en tira un petit cylindre blanc à bout ocre qu’il se ficha dans la bouche.
« Toujours aussi sociable ta cousine ! »
« Sirius, je voudrais que tu ranges cette cigarette… » soupira James pendant que Sirius enflammait d’un coup de baguette le bout du petit bâton.
« Et moi je voudrais sortir avec la prof de défense contre les forces du mal. Mais vois-tu, le problème dans la vie, c’est qu’on n’obtient pas toujours ce qu’on veut ! Et puis sans vouloir te vexer, tu radotes mon vieux… On a déjà eu cette conversation mille fois, et avec tout le respect que je ne te dois pas, tu m’ennuies… »
« Tu n’entends pas tes poumons réclamer un peu d’air pur ? »
« Mes poumons vont très bien, et ils te remercient de t’inquiéter pour leur santé. Dis, ce n’est pas que j’ai envie de changer de sujet, mais je réfléchissais à quelque chose… »
« Je crains le pire… Fais-moi part de tes pensées mon cher, je suis curieux… »
« C’est notre dernière année à Poudlard… Il va sérieusement falloir songer à te caser vieux ! »
James leva les yeux au ciel.
« Mes amours vont très bien M. Black, merci de t’en préoccuper. »
« Non, je suis très sérieux ! » reprit Sirius d’un ton déterminé « Ne me fais pas croire que tu veux rester avec Rossi ! »
« Valentina me convient bien. »
« Tu plaisantes ? Elle est mignonne certes, mais… Non, tu mérites mieux ! Une Gryffondor ! »
« Lily Evans peut-être ? » proposa James un peu rapidement.
« Oublies Evans tout de suite ! Ca fait quatre ans que tu embrasses le sol qu’elle foule, ça devient franchement pitoyable. Et puis je te signale au passage que ça fait deux mois que tu essaies de la rendre jalouse en embrassant Rossi sous son nez, et qu’elle n’a pas encore eu l’air de remarquer. Il te faut un plan B, on va t’en trouver une autre ! »
« Je crois qu’il te manque une donnée cruciale Sirius Black ! »
« Ah oui ? Et laquelle M. Potter ? »
« Les filles de notre année chez Gryffondor nous considèrent comme de parfaits idiots. »
« Ne sois pas si pessimiste Prongs ! Tout de suite les grands mots… C’est vrai que Meadows n’a pas l’air de nous porter dans son cœur et que Jones aime beaucoup nous lancer des petites piques, mais pas de quoi en faire un drame ! Dommage que Frank ait déjà harponné Hall, elle est plus accessible que ses trois copines… Il reste toujours Cooper ou Parker. »
« Cooper, non merci. Cette fille est bizarre ! D’ailleurs on ne sait toujours pas exactement pourquoi elle a été transférée à Poudlard l’an dernier… Si ça se trouve elle a un passé plus que louche. Et Parker est accrochée à son Poufsouffle ! »
Les Gryffondors de septième année formaient trois clans. Il y avait d’abord la joyeuse bande des maraudeurs, comme ils aimaient bien s’appeler, qui était formée de James, Sirius et leurs deux amis Remus Lupin et Peter Pettigrew. Le cinquième garçon de leur promotion s’appelait Frank Londubat, il s’entendait bien avec les maraudeurs mais cherchait plus volontiers la compagnie de Camille Torres son amie d’enfance. Et puis il y avait les quatre dernières filles : Lily Evans, Dorcas Meadows, Hestia Jones et Alice Hall. C’était plus ou moins la formation de départ qui s’était instaurée en première année. Puis au début de l’année précédente, une nouvelle recrue était arrivée à Poudlard : Mathilde Cooper, transférée de Beauxbâtons, elle était très vite devenue amie avec Camille Torres mais ne s’était guère intégrée dans la reste de la promotion. Si Frank et Camille avaient un bon contact avec les neuf autres – surtout avec les filles depuis que Frank sortait avec Alice – les maraudeurs et la bande d’Evans avaient parfois du mal à cohabiter. De sorte que l’idée soudaine d’un rapprochement paraissait bien saugrenue à James… Sûrement l’effet de l’inhalation de la fumée toxique de la cigarette !
Sirius écrasa sa cigarette et la fit disparaître d’un coup de baguette, puis il se leva entraînant James derrière lui.
« Où sont tes cousins ? »
« Sûrement en train de s’amuser quelque part dans les fourrés. »
« Je crois que je regrette le temps où nous étions tous assez gosses pour s’occuper des journées entières à faire des cabanes dans les arbres… Je m’ennuie ! »
« Mais personne ne t’en empêche Sirius ! » déclara Graziella qui arrivait derrière sur un ton moqueur.
Graziella était la deuxième fille de l’oncle Samuel, elle étudiait également à Poudlard et allait entamer sa cinquième année.
« Où sont les autres ? » lui demanda son cousin
« Virginia, Augusta et Elizabeth sont en train de faire des messes basses sous un arbre, et Roland est là-bas en train d’écrire quelque chose qu’il ne veut pas me montrer… »
« Intéressant… Ne sait-il pas qu’il est impossible de garder un secret avec nous ? » répondit Sirius avec un sourire en coin.
« Je viens d’aller chercher de la poudre à prurit dans la chambre d’Oscar. Si nous n’arrivons pas à le faire parler avec ça, je veux bien être stupéfixée ! » affirma la jeune fille avec un petit rire.
En tapinois, les trois complices s’approchèrent du chêne sous lequel était assis Roland. Il était appuyé dos au tronc et semblait totalement absorbé par la rédaction de sa prose, de sorte qu’il n’entendit rien arriver derrière lui. Ce fut Sirius qui se jeta le premier sur lui et ils se retrouvèrent tous deux au sol à lutter.
« Montre-moi ce que tu écris de beau Roland ! »
Mais le plus jeune des garçons avait de bons réflexes et il parvint à tenir son parchemin hors de la portée de son assaillant.
« Ca ne te regarde pas ! »
« Tu écris à ton amoureuse ? » demanda Graziella d’un ton mielleux avec une lueur de moquerie dans le regard.
Roland et Graziella avaient le même âge et se disputaient aussi souvent qu’ils se défendaient l’un l’autre devant le bataillon familial. Mais si Roland envisageait sérieusement de cacher quelque chose à Graziella, il ne fallait pas compter sur elle pour être discrète.
« Aller vous faire voir ! » s’exclama la victime qui arrivait à peine à respirer sous le poids de Sirius.
« Pas de grossièretés jeune homme ! » répliqua James d’un ton faussement outré en fronçant les sourcils. « Aller, sois gentil, donnes-nous cette lettre, ne nous forces pas à te jeter un sort. »
« Cours toujours mon cher cousin ! »
« Si tu le prends comme ça… Accio Parchemin ! »
Et la lettre s’échappa de l’emprise de son propriétaire pour atterrir dans la main de James.
« Padfoot, tu oublies toujours qu’il a des moyens moins violents d’obtenir ce qu’on veut… Alors voyons ça… »
« Non je le sais très bien, c’est juste pour le plaisir de rouler ton cousin dans la poussière ! » répondit Sirius se relevant et époussetant sa chemise d’une main.
« Ma chère Libby… » commença James
Mais dans le même temps, Roland, enfin débarrassé d’un lourd poids qui entravait ses mouvements, saisit sa baguette et…
« Invisibilus ! »
Et les inscriptions sur le parchemin s’effacèrent instantanément.
James, bon prince, tendit alors le parchemin à son cousin.
« Aller tiens, gardes donc tes secrets ! C’est qui cette Libby ? » demanda-t-il d’un air paternaliste.
« Une blondinette de Poufsouffle. » répondit Graziella avec un sourire entendu en direction de Roland.
« Connais pas… j’espère que c’est une fille bien ! D’homme à homme Roland… » commença James d’un air trop sérieux pour être crédible « Est-ce que tu veux que je demande à ton père d’avoir avec toi LA discussion ? Ou est-ce que vous n’en n’êtes pas encore là avec Libby ? »
Roland le regarda un instant interloqué, puis James éclata de rire, suivi de près par Sirius et Graziella. Roland réprima un sourire et brandit sa baguette.
« James, tu vas me le payer ! Rictusempra ! »
Un éclair jaune frappa James qui s’écroula au sol, riant à en perdre le souffle.
Sirius attrapa un petit sachet dans la poche de Graziella et jeta une poignée de son contenu sur Roland.
« On ne t’a jamais appris qu’il valait mieux mettre ses trois assaillants hors d’état de nuire avant de savourer la victoire ? »
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda Roland suspicieux en regardant la poudre qui s’insinuait partout entre ses vêtements et sa peau…
« Tu le découvriras bien assez vite… » répondit Sirius avec un sourire vainqueur.
« Eh mais ça gratte ! De la poudre à prurit ? Sirius Black tu n’es qu’un fourbe ! »
« Je sais ! » s’exclama Sirius, riant aux éclats devant le spectacle du garçon qui commençait à se gratter partout avec frénésie.
« Jambencoton ! » jeta soudain Graziella, et Sirius tomba à terre, ses jambes ne le supportant plus. « C’était à moi de jeter la poudre sur Roland, tu m’as volé mon idée ! » ajouta –t-elle avec un haussement d’épaule
Sirius leva sa baguette sur la jeune fille, mais avant qu’il n’ait eu le temps de jeter le moindre sort…
« Expelliarmus ! »
C’était Brent, l’aîné des cousins, qui était arrivé jusqu’à eux.
« Finite incantatem. »
Sirius retrouva ses jambes et James cessa de se tordre de rire, il reprenait doucement son souffle.
« J’ai préféré vous arrêter avant que ça dégénère, vous ne m’en voudrez pas ! Evitez de vous jeter des sorts si près de la maison quand même, un des parents risquerait de vous voir et de ne pas apprécier. C’est une règle de base ! Roland je ne peux rien faire pour toi par contre… » ajouta-t-il en voyant les plaques rouges se former sur le cou de son petit frère. « Mais si tu lui demandes gentiment, Elvira te feras peut-être une potion anti-démangeaisons… Vas-y maintenant avant que ça ne s’étende ! »
« Merci frangin ! »
Roland partit en courant vers la maison, suivi par Graziella
« Eh Roland attends-moi ! »
Brent se tourna vers son cousin.
« James, tu n’as pas honte de t’en prendre à plus jeune que toi ? » demanda-t-il d’un ton qu’il essayait de faire paraître choqué mais qui laissait transpercer l’amusement.
« Parce que tu te gênais peut-être toi ? » répliqua James en riant « Je suis un témoin vivant de ton peu de scrupule avec tes plus jeunes cousins. »
« Et tu te venges sur mon frère ? Tssss… Tu as bien retenu les leçons que je t’ai donné ! »
« Et on dit que ce sont les Black qui sont fourbes… !! » s’exclama Sirius
Les deux Potter éclatèrent de rire.
« La différence, c’est que chez nous ça reste en famille ! » déclara James
« Piètre excuse… » répondit Sirius
« Trêve de plaisanteries les jeunes ! » intervint Brent « Je ne suis pas venu pour réparer vos dégâts, quoique je sois plutôt bien tombé, mais pour savoir si quelqu’un pouvait me garder Merlin. »
« Quoi ? Tu veux qu’on joue les baby-sitters ? Nous ? » s’étonna James
« Tu vois quelqu’un d’autre dans le coin ? » répondit son cousin d’un air exaspéré
« Tu es conscient que sur tous les habitants de la maison, nous sommes probablement les deux moins aptes à s’occuper d’un nourrisson ? » demanda Sirius
« Oui, mais Sélénée et moi avons des choses à faire, Elvira est occupée, Roland et Graziella ont disparu, et les autres sont introuvables. Pas de chance, c’est vous que j’ai sous la main ! Je vous promets de revenir vite. »
« Tu n’as pas peur que je stupéfixe ton fils ? » demanda James
« Si tu fais ça je n’hésiterai pas à me servir de sortilèges impardonnables, tu le sais ! »
« Je vais peut-être me retenir alors… » convint James
Quelques minutes plus tard, Sirius et James se tenaient bien malgré eux autour d’un berceau. James regardait le nourrisson qui dormait profondément en suçant son poing.
« Pauvre gosse, tu n’imagines pas dans quelle galère tes parents t’ont laissé… »
« T’es gentil Prongs, pour l’instant il a l’air tout ce qu’il y a de plus paisible, alors tu ne le réveilles pas avec tes plaintes ! »
« Et s’il pleure ? » demanda James légèrement paniqué à l’idée d’un tas de langes hurlant.
« On lui donne à manger en croisant les doigts pour que ce soit ça qu’il veuille… Sélénée a laissé un biberon sur la table. »
« Encore heureux, je me voyais mal lui donner le sein, ni toi ni moi n’avons l’équipement prévu ! Et s’il salit ses couches ? »
« Très simple, on appelle tes cousines ! »
James regardait toujours le bébé comme s’il s’agissait d’une bête étrange.
« On aurait peut-être dû prendre soins aux créatures magiques en troisième année, non ? »
Sirius éclata de rire.
« James ! C’est un bébé ! Juste un bébé qui dort ! Tout ce qu’on a à faire c’est de le laisser posé dans un coin et tendre l’oreille ! »
« Puisque tu as l’air de t’y connaître si bien, et puisqu’on n’a rien à en faire pour le moment… En attendant que l’alarme se déclenche, je te laisse avec elle, si tu me cherches, je suis dans le bureau de mon père ! »
« Prongs ! Espèce de lâche ! » s’exclama Sirius « Tu ne vas pas me laisser seul avec ce gosse, c’est ta famille pas la mienne ! »
« Je croyais que c’était simple de s’occuper d’un bébé ? » répondit James amusé « Et puis ne crie pas, tu vas le réveiller ! » ajouta-t-il en fronçant les sourcils.
James descendit les escaliers principaux et traversa le salon et la bibliothèque avant de se retrouver devant la porte du bureau de son père. Il frappa trois petits coups secs.
« Entrez ! »
James poussa la lourde porte. Son père était installé à son bureau, il portait son monocle comme toujours lorsqu’il faisait des papiers. La pièce était grande est très encombrée. Des bibliothèques pleines de livres, des secrétaires, fauteuils… et le grand bureau au centre.
« Entre James. » lui dit son père d’un ton doux « Tu voulais me parler ? »
James ferma la porte derrière lui mais ne s’assit pas. Comme toujours lorsqu’il était un peu nerveux il avait besoin de marcher.
« Papa, c’est vrai que toi et Dumbledore allez organiser une résistance contre Voldemort ? » demanda James d’un ton grave.
Il savait que son père n’aimait pas parler de ces choses avec lui, mais James n’avait d’autre choix. Il voulait savoir, il avait besoin de savoir, et continuer de se renseigner en cachette lui semblait une trahison envers Charles Potter.
L’homme soupira et posa son monocle.
« Je pensais bien que tu n’abandonnerais pas si facilement mon fils… Il y a des choses qu’on ne peut plus dissimuler à un garçon de dix-sept ans… Oui tu as raison, nous essayons de monter un réseau contre Voldemort et ses partisans. Dumbledore, moi, tes oncles et quelques amis. »
« Je veux me rendre utile papa. »
Le ton de James était déterminé, il n’admettait aucune contradiction.
« Tu es déjà plus utile que tu ne l’imagines. Toi et ta sœur vous êtes la force qui me permet de lutter chaque jour un peu plus. »
« Tu ne comprends pas, je veux me battre aussi ! »
« Je comprends mieux que tu ne le crois. Tu es majeur et tu n’as plus besoin de ma permission, mais je voudrais tout de même que tu écoutes ce que j’ai à te dire fiston. Tu auras un rôle dans notre combat je te le promets. Tu es brillant et rusé, nous avons besoin de gens comme toi dans l’Ordre du Phénix. Mais avant de te jeter à corps perdu dans la bataille, si tu es si malin, tu devrais finir ta scolarité à Poudlard. Un an, il ne te reste qu’un an. Un an que tu vas pouvoir mettre à profit pour toi-même : finir de développer ta magie, acquérir plus de savoir. Et aussi pour l’Ordre. Non seulement il nous sera plus utile d’avoir un sorcier plus riche de savoir, mais tu pourras également te servir de cette année pour tester tes camarades. Nous avons besoin de sorciers en qui nous pouvons faire une confiance totale. Je voudrais que tu discutes avec tes camarades et que tu les observes. Et alors si tu les juges digne de notre confiance et prêts à se lancer dans la guerre, tu nous les présenteras. Tu as compris James ? »
Le jeune homme s’était finalement assis et triturait un petit cheval en argent. Il l’avait offert à son père comme presse-papier quelques années auparavant. Il le reposa à sa place, entre le porte-plume finement ciselé et un cadre comportant trois photos d’enfants.
« Oui papa, j’ai compris. »
« Tu es d’accord ? »
James hésita un instant. Il avait très envie d’aller combattre tout de suite, voilà des années qu’il attendait ça, et maintenant c’était la guerre et il avait l’âge de s’y engager tête baissée. Mais d’un autre côté, il savait bien que son père avait raison, qu’il ne s’agissait pas d’une subtile manœuvre pour le tenir à l’écart, lui son fils. Il voyait dans le regard blessé de Charles Potter que celui-ci avait depuis longtemps compris qu’il ne pourrait pas tenir ses enfants à l’abri de cette guerre.
« J’accepte cette mission papa. Puis-je en parler à Sirius ? »
« Oui. Je connais bien ton ami, il fait partie de ceux qui nous rejoindrons l’année prochaine s’ils le veulent. »
« Merci papa. »
« Il doit être l’heure de déjeuner, allons-y ou ta mère va rouspéter ! D’autant qu’elle veut manger vite pour commencer au plus tôt cet après-midi. »
« Commencer quoi ? »
« Les tartes ! Ne me dis pas que tu as oublié James ! Les tartes pour le celebration day demain ! »
Si, James avait totalement oublié le celebration day ! Honte à lui ! Chaque année depuis… depuis quand d’ailleurs ? Depuis des siècles probablement… Bref, depuis bien longtemps, chaque année à la même date se tenait le celebration day. Fête propre à Quercus Alba. Ce jour-là, en souvenir d’on ne sait trop quoi, les Potter organisent une grande réception à Quercus Alba. Tout le gratin était convié. Gratin plus ou moins bienvenu d’ailleurs. Un certain nombre de famille étaient invitées d’office et ce n’était pas soumis à révision. Les Malefoy et les Black par exemple étaient chaque année invités. Les Black déclinaient immuablement au grand soulagement des Potter. Mais les Malefoy se faisaient toujours un plaisir de venir sachant qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Une tradition ancestrale voulait que toutes les grandes familles sorcières d’Angleterre soient conviées et il n’était pas possible de revenir dessus. Heureusement il y avait aussi des familles que James serait heureux de voir. En attendant l’après-midi s’annonçait agitée. Les préparatifs allaient encore être longs.
Le début de l’après-midi trouva Sirius, James et ses cousins en cuisine, aidant Honoria pour la confection des tartes. Tartes aux poireaux, à la citrouille, à la tomate, au thon, au fromage, aux fraises, aux mûres, aux pommes, au chèvrefeuille… Toutes les sortes de tartes que l’on pouvait imaginer. Chacun s’était lancé dans la sienne avec ardeur car Honoria ne plaisantait pas avec les tartes.
« Maman… » commença James « Tu sais qu’on a des elfes de maison ! Pourquoi est-ce à nous de faire les tartes ? Ils font ça très bien ! »
« La confection des tartes est une tradition familiale James ! C’est un moment convivial. Vous ne trouvez pas ça agréable ? »
Les jeunes hochèrent la tête d’un air moyennement convaincu : on ne contredit pas une maîtresse de maison la veille d’une réception pour une centaine de personnes. Mais ils auraient été bien mieux dehors sous le soleil radieux plutôt qu’enfermés dans cette cuisine.
Honoria défit son tablier et le tendit à James.
« Je vous laisse finir les enfants, je vais préparer le jardin pour le buffet. James tu surveilles que tout se passe bien. Tu es responsable des tartes ! »
Puis elle partit en coup de vent, claquant la porte derrière elle.
« Responsable des tartes… » se moqua Sirius « Quel titre ! »
« Concentres-toi sur tes poireaux Sirius, ou je te promets de te forcer à manger la tarte d’Elvira demain ! »
« Eh ! » protesta la jeune fille « Qu’est-ce qu’elle a ma tarte ? »
James haussa les épaules en riant.
« C’est vrai que c’est un tableau que je ne pensais jamais voir… » dit Sirius « Elvira en cuisinière… »
« Je sais très bien cuisiner ! » répliqua la jeune fille vexée « Chaque année je fais une tarte à la citrouille ! Dis-lui Brent ! »
« Et chaque année personne n’y touche ! » rétorqua son frère aîné riant de bon cœur avec les autres.
« C’est faux ! » s’écria Elvira en catapultant de la pâte à la citrouille de sa cuillère sur son frère, qui répliqua aussitôt.
« Eh, on ne joue pas avec la nourriture ! » s’exclama James juste avant de recevoir un bout de tomate dans le nez.
« Si vous le prenez comme ça… » déclara-t-il calmement en projetant le contenu d’un pot de crème sur la première victime venue, qui s’avéra être sa petite sœur.
« Une bataille de nourriture… » soupira Elizabeth en levant les yeux au ciel « On aura tout vu ! »
Une tomate lui passa juste à côté de l’oreille mais atterrit sur le mur derrière elle.
« Et en plus ils ne savent pas viser ! » s’exclama-t-elle en attrapant un œuf sur la table.
« C’est comme ça qu’il faut s’y prendre pour être sûr de ne pas rater sa cible ! » ajouta-t-elle en écrasant l’œuf cru sur les cheveux de Roland.
Celui-ci attrapa sa cousine d’une main et une tomate bien mûre de l’autre, puis il entreprit de faire un shampoing à son agresseur qui hurlait.
« Roland ? C’est quoi cette plaque rouge dans ton cou ? » demanda Oscar qui venait en renfort.
Roland jeta un regard meurtrier à ses trois assaillants de la matinée.
« Je crois que c’est l’heure de la vengeance… » déclara Brent avec un clin d’œil complice à son frère « Tous sur James, Graziella et Sirius ! »
Les autres obtempérèrent avec joie et entrain. Les trois victimes désignées eurent beau plaider leur cause et supplier, rien n’y fit… Brent était un excellent meneur de troupe !
Lorsque Charles Potter poussa la porte de la cuisine pour prendre une table à mettre dehors, il trouva son fils, Sirius et Graziella au milieu d’un imbroglio de bras, de jambes et de nourriture collée, avec Brent qui hurlait ses ordres à son armée. Un vrai carnage. Les assauts s’arrêtèrent instantanément à sa vue et Charles réprima un fou rire.
« Brent… Tu n’es pas un peu vieux pour ce genre de plaisanterie ? Quoi qu’il en soit, Honoria n’est pas loin, je vous conseille vivement de nettoyer ça et de finir vos tartes, sinon ça risque de barder… »
Et il disparut aussi brusquement qu’il était arrivé.
Les cousins se regardèrent un moment ahuris puis éclatèrent de rire devant le spectacle qu’ils formaient tous, parés de crème, œufs, fruits et légumes variés. En quelques coups de baguette ce fut réglé, la cuisine était resplendissante… mais les tartes n’étaient toujours pas terminées ! Ils s’y mirent donc avec encore plus d’ardeur.
« C’est normal qu’il y ait un bout de poireau dans ma tarte au fromage ? » demanda soudain Augusta qui allait enfourner son œuvre.
« En général non, mais là je crois savoir comment c’est arrivé ! » répondit Roland
« T’en fais pas, personne ne s’en rendra compte. » ajouta Brent avec un clin d’œil.
Elvira enfournait la dernière tarte lorsque Honoria pénétra dans la pièce.
« Vous avez fini les enfants ? »
« Oui maman ! » répondit James
« Merci pour votre aide. Vous pouvez aller faire ce qu’il vous chante maintenant, je surveille la cuisson. »
Ils ne se firent pas prier et sortirent le plus vite qu’ils purent respirer un peu d’air pur.
Lorsqu’elle passa à côté de lui, Sirius attrapa Elvira par le bras.
« Tu as encore quelque chose dans les cheveux… » murmura-t-il en enlevant doucement un morceau non identifié de la crinière broussailleuse de la jeune fille. Il fut un instant troublé par le parfum qui se dégageait des cheveux de la Serpentard, il était peut-être un peu trop près. Il fit rapidement deux pas en arrière, bousculant Augusta qui lui ficha un coup de coude dans les côtes.
« Qui veut faire un jeu de société ? » lança Oscar à la cantonade.
Le lendemain matin, il furent tous réveillés par l’ouragan Honoria qui avait soudainement décidé d’inspecter toutes les chambres. Ils durent tous procéder à un rangement draconien puis soigner leur toilette. Honoria vérifia que leurs tenues étaient convenables et qu’aucune tâche de s’était cachée dans un pli de robe. Elle tenta une dizaine de fois d’aplatir les cheveux de son fils qui s’était mis à reculer instantanément à la vue de sa mère, sans succès ! Ils reçurent tous l’interdiction de descendre dans le jardin tant que les invités n’étaient pas arrivés. Les adultes n’avaient qu’une confiance très limitée en leur progéniture lorsqu’il s’agissait de ne pas toucher à la nourriture.
Finalement les premiers invités arrivèrent, puis d’autres, et l’Oncle Samuel vint libérer les prisonniers.
Le regard de James se promena rapidement sur la foule à la recherche de son ami Remus Lupin. Les Lupin n’étaient habituellement pas convié à la réception annuelle des Potter, mais James avait supplié sa mère qui avait fini par céder. Remus ne venait pas d’une famille aussi prestigieuse que celle des Potter, Black, Malefoy, Bones ou Londubat. Il vivait au centre de Londres dans une toute petite maison sans aucune prétention avec sa mère et son grand-père. Son père était né de parents moldus, le nom de Lupin ne faisait donc pas partie des grands classiques sorciers, et il était décédé quelques années auparavant. La mère de Remus enchaînait les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille, et n’avait guère l’habitude d’évoluer en haute société.
James finit par apercevoir Remus près du buffet, il attrapa Sirius par le bras et l’entraîna à sa suite.
« Eh, Moony ! Content que tu sois venu ! » dit-il en approchant de son ami.
« James ! Sirius ! Où étiez-vous ? Ca fait une demi-heure que je vous cherche… Je n’ai vu personne que je connaissais pour l’instant. »
« On a été séquestré par la mère de James ! » déclara Sirius
« Ta mère n’est pas venue ? » demanda ledit James en attrapant un verre de Firewhisky
« Oh tu sais, toutes ces courbettes et ronds de jambes, ça ne la branche pas plus que ça… » répondit Remus en haussant les épaules. « Et Peter ? Où est-il ? »
« C’est l’anniversaire de son père, il n’a pas pu s’échapper. » dit Sirius en essayant d’arracher le verre des main de James « Ecoute Jamesie-chou, si tu commences ta journée avec un Firewhisky, je vais devoir te ramener dans ta chambre sur mon dos. Alors écoutes tonton Sirius et prends un jus de citrouille ! »
« J’ai besoin d’un sérieux remontant après ce que ma mère nous a fait subir ce matin. » répliqua James en donnant un coup de coude à son meilleur ami.
« A ta guise… Mais je décline toute responsabilité si tu marches de travers dans une heure ! »
« Mais voilà mon charmant cousin… » déclama une voix que Sirius reconnut immédiatement.
Il fit volte-face et se retrouva nez à nez avec un couple qu’il abhorrait. Une jeune femme, celle qui avait parlé, se tenait droite et hautaine devant lui. Elle était d’une blondeur extrême et d’une pâleur presque irréelle. Son regard était mesquin et sa bouche affichait un sourire moqueur. Elle tenait gracieusement le bras d’un jeune homme à la stature imposante, son mari Lucius Malefoy. Il avait cet air très supérieur qu’il savait si bien se donner et ses yeux d’un bleu perçant ne reflétaient que du mépris.
« Que faites-vous ici ? » demanda Sirius sans dissimuler son dégoût, serrant inconsciemment son poing sur sa baguette.
« Nous avons été invités. » répondit froidement Narcissa, la cousine de Sirius. « J’ai appris que tu avais fugué de chez toi… Il était grand temps que tu libères ta famille de ton odieuse présence. »
« Je ne te permets pas… » commença Sirius en sortant sa baguette.
Mais Lucius Malefoy fut plus rapide que lui et lui pointa sa baguette entre les deux yeux.
« Si tu oses lever ta baguette sur ma femme sale petite vermine… »
James s’interposa entre les deux, les forçant à baisser la garde.
« Chacun range sa baguette, on n’est pas là pour s’entretuer. Pas aujourd’hui en tous cas. Sirius tu te calmes, et vous Lucius et Narcissa ce n’est pas la peine de le provoquer ! »
Lucius regardait curieusement James, comme un petit insecte d’habitude invisible qui serait venu voler à sa hauteur quelques secondes. Il leva un sourcil, puis décida de ranger sa baguette.
« Tes parents devraient mieux choisir leurs invités Potter. Il n’y a pas que des gens fréquentables à cette réception… » déclara-t-il avec un regard vers Remus.
« Et inviter ma sœur Andromeda avec son idiot de mari… » soupira Narcissa « Non vraiment, ces gens manquent de discernement. »
« On ne vous retient pas ! » répondit James d’un ton méprisant.
« Non, je crois que l’on va rester encore un peu, c’est distrayant. » répliqua Lucius en reprenant le bras de sa femme et en s’éloignant.
« Tu peux me rappeler pourquoi ta mère se sent obligée de les inviter James ? » demanda Sirius
« Je n’ai jamais très bien compris toutes les décisions de ma mère… » répondit James avec un soupir exaspéré.
« Salut les gars ! » intervint Frank Londubat en tapant amicalement sur l’épaule de Remus « Content de vous voir ! Ma mère a commencé à parler chaudrons avec ta mère James, et mon père est en conciliabule privé avec le tien. »
« Salut Frank ! On pourrait peut-être prendre un peu de ravitaillement et aller s’installer plus loin sous les arbres… » suggéra James « Ca commence à être mal fréquenté dans le coin ! »
Ils attrapèrent quelques bièraubeurres et des parts de tartes et s’éloignèrent de la foule.
« Tu as des nouvelles d’Alice ? » demanda James à Frank
« Oui, elle m’a écrit avant-hier. Elle vient chez moi en vacances dans quinze jours. J’espère que ma mère ne va pas être trop infernale avec elle… Déjà qu’elle ne supporte pas Camille… Elle déteste toutes les filles qui me tournent autour. »
« Normal, elle a peur qu’on lui vole son fils adoré ! » répondit Remus en riant
« Mais pour décoder la question de Prongs… » intervint Sirius d’un ton moqueur « Quand il te demande si tu as des nouvelles d’Alice, ça veut dire : est-ce que tu as des nouvelles d’Evans ? »
James donna un coup dans les tibias de Sirius qui se mit à rire aux éclats.
« Qu’est-ce que je disais !!! »
Frank sourit.
« Elles sont en vacances ensemble en Irlande. Alice, Lily, Dorcas et Hestia. Vous avez fait quoi depuis le début des vacances ? »
« Moi je me suis ennuyé comme un rat mort jusqu’à avant-hier. Et Sirius a trouvé bon de coloniser ma chambre pour l’été. » répondit James
« Tu vas passer tout l’été ici ? » demanda Frank étonné à Sirius
Chaque année Sirius venait quelques semaines chez James, mais il se plaignait toujours de devoir passer le reste du temps dans sa propre famille.
« J’ai définitivement quitté la maison familiale. »
« Ils t’ont mis dehors ? »
« Non, j’en ai eu assez. On s’est encore disputés et je me suis demandé pourquoi je m’acharnais à rester en fin de compte. J’ai pris mes clics et mes clacs et je suis parti. »
« Pas de regrets ? » demanda Remus
« Non… Je n’avais plus rien à faire là-bas. » répliqua Sirius
« Et ton frère ? Tu l’as laissé là-bas lui aussi ? » demanda Remus sachant bien que c’était là que se situait le point faible de Sirius.
« Parce que tu crois qu’il aurait eu envie de me suivre ? » rétorqua Sirius sarcastique « Regulus va devenir le fils unique chéri, je ne le gênerai plus ! J’ai essayé d’en faire quelque chose, mais il est irrécupérable… »
Ses amis ne purent que remarquer à quel point le ton de Sirius était amer. Regulus avait deux ans de moins que lui, mais contrairement à son frère aîné, il semblait prendre tout ce que ses parents lui disaient pour argent comptant. Sirius avait fait de son mieux pour tenter de lui ouvrir les yeux, l’empêcher d’embrasser les idées des Black, mais il avait échoué. C’était son plus grand regret, et il n’avait jamais vraiment abandonné. Alors le voir partir comme ça, laissant son frère derrière lui sous l’emprise totale de leurs parents… Ca ne ressemblait guère à Sirius.
A son regard, on voyait clairement que le sujet Regulus était sensible, alors ils n’insistèrent pas.
« Je vais chercher d’autre tarte ! » déclara Remus en voyant le plat vide.
Les invités avaient fait un sort aux tartes et Remus se frayant un chemin à travers la foule, eut du mal à trouver des restes. Il finit par en voir une à peine entamée. Tarte à la citrouille, il adorait ça ! Il commença à en couper une part mais fut arrêté par une main qui se posa sur la sienne.
« Je te conseille de ne pas y toucher… C’est celle d’Elvira, et elle ne sait pas cuisiner… » dit Elizabeth avec un regard complice.
Elizabeth était la troisième fille de l’Oncle Samuel. Elle venait de fêter ses treize ans et avait de longs cheveux blonds et des pommettes saillantes. Elle était élève à Poudlard à Gryffondor, dans la même classe que sa cousine Augusta, la sœur de James.
« Si tu veux manger quelque chose, j’ai un très bon moyen d’avancer dans cette foule, suis-moi. »
Elizabeth leva à bouts de bras le bébé Merlin qu’elle serrait contre elle quelques secondes auparavant et dit d’une voix forte :
« Attention bébé qui régurgite, laissez vite passer ! »
Les sorciers à proximité s’écartèrent instantanément dégageant le passage. Remus suivit la fillette en riant. Ils s’arrêtèrent plus loin.
« Voilà tu as tout ce que tu veux ici, manges à ta faim ! Tiens je peux te laisser Merlin ? Je vais aller donner un coup de main à Tante Honoria. »
« Euh… Oui bien sûr… » balbutia Remus en réceptionnant le paquet de langes qu’Elizabeth lui tendait.
Il ne savait pas trop comment tenir ce petit être fragile qui bougeait en tous sens. Avec des gestes maladroits, il finit par l’installer dans ses bras dans la position qu’il avait vu nombre de parents prendre pour bercer un enfant. Le bébé le regardait calmement sous son petit bonnet en dentelle.
« Toi au moins tu ne me diras pas que je ne suis pas fréquentable ! »
Il envisagea alors de prendre une part de tarte à la framboise, mais… il s’aperçut avec désarroi que le nourrisson accaparait ses deux bras ! Il tenta alors de ne le tenir que d’un bras mais l’équilibre semblait précaire. Il entendit quelqu’un éclater de rire à côté de lui, mais lorsqu’il regarda, personne n’avait l’air de faire attention à lui.
« Tu n’es pas très doué avec les bébés on dirait… »
La voix venait d’en bas. Remus baissa le regard et vit une petite fille de trois ou quatre ans qui le regardait avec un air moqueur.
« Qui es-tu toi ? » lui demanda-t-il soupçonneux.
Il n’entendait pas se faire donner des conseils par une demi-portion, non mais !
« Je m’appelle Nymphadora. » déclara l’enfant d’une voix claire en lui tendant la main « Et toi ? »
« Euh… Remus… » répondit le jeune homme interloqué.
Ne sachant que faire il serra la main de la fillette
« Enchantée Remus ! »
La gamine avait une assurance étonnante pour une enfant de son âge. Finalement ses yeux pétillants de malice et son sourire eurent raison de Remus qui se moqua de lui-même et se baissa à hauteur de la petite.
« Alors si je m’y prend si mal, expliques-moi ! »
Nymphadora lui montra comment tenir Merlin de façon à garder une main de libre et il pût enfin manger.
« Nymphadora ! Ah tu es là ! » s’exclama une jeune femme brune en s’approchant d’eux.
Elle regarda Remus d’un air désolé.
« Excusez-moi, je lui avait dit de ne pas s’éloigner de moi, mais elle n’en fait qu’à sa tête… Nymphadora, tu n’as pas trop embêté le jeune homme j’espère ! Elle va toujours voir des inconnus et leur fait la conversation… Je suis vraiment désolée… »
« Ce n’est pas grave. Vous avez une fille adorable ! » répondit Remus en riant.
« Aller Nymphadora, dis au revoir au garçon et viens avec moi, je voudrais te présenter à mon cousin. »
La petite fille déposa un baiser sur la joue de Remus et repartit avec sa maman.
James errait au milieu du jardin. Remus avait disparu, il était parti chercher à manger et n’était pas revenu. Frank était parti à la recherche de Camille Torres. Et Sirius avait aperçu sa cousine Andromeda et était parti discuter avec elle. C’était la seule personne de sa famille avec qui Sirius s’entendait bien. Les autres ressemblaient à s’y méprendre à Narcissa… Bellatrix, la sœur cadette de Narcissa et d’Andromeda était dans la même année qu’eux à Poudlard, c’était une vraie peste.
Finalement, Sirius finit par rejoindre James qui essayait d’échapper à Augusta. La fillette voulait absolument monter sur le dos de son frère et ce dernier n’y tenait pas du tout.
« Ah Padfoot, te voilà ! Tu viens avec moi, je remonte. Il y a trop de monde ici, ça me donne mal au crâne ! »
« Tu es sûr que ce n’est pas plutôt le Firewhisky qui te monte à la tête ? » demanda Sirius sarcastique.
« Aller viens ! » insista James agacé
« Tu as raison, les mondanités ça suffit ! Où est Moony ? »
« Aucune idée… Quand il aura fini de se cacher il nous rejoindra. »
Quelle ne fut pas leur surprise en entrant dans la chambre de James, de trouver une jeune fille allongée sur son lit. Elle avait leur âge, de longs cheveux couleur d’ébène et des yeux très noirs.
« Cooper ?! Qu’est-ce que tu fiches ici ? » s’écria Sirius
Mathilde Cooper était une de leurs camarades de Gryffondor, celle qui était arrivée au début de l’année précédente.
« Bonjour Sirius ! Moi aussi je suis contente de te voir ! » déclara-t-elle avec sarcasmes. « Oui je sais que je n’ai pas été invitée… Mais j’étais en vacances chez Camille et quand j’ai su que Frank était invité à cette grande sauterie, je n’ai pas résisté ! J’ai fait du forcing à Camille, et on a demandé à Frank de nous emmener avec lui. J’étais curieuse de savoir à quoi ressemblait cette fameuse réception… »
« Non, en fait on voulait plutôt savoir ce que tu faisais dans notre chambre ! » coupa James
« Ah ! Eh bien c’est très simple. J’étais en bas à grignoter des bouts de tarte – en passant, vous pouvez arrêter de faire celle à la citrouille, elle est immangeable – et j’avais perdu Camille. Alors je me suis dit… et si j’allais voir à quoi ressemble la chambre du si populaire James Potter ! Les filles de Poudlard seraient folles si elles savaient que j’y suis montée ! Vous savez que les rumeurs les plus folles courent sur vos chambres à tous les deux, c’est devenu un mythe… »
« James, si on ne l’arrête pas elle va continuer à parler jusqu’à ce qu’on devienne sourds… » gémit Sirius
« Bon ça va Cooper, on a compris ! » s’exclama James « Mais tu n’avais pas le droit de monter comme ça dans ma chambre ! »
« Et qu’est-ce que tu vas me faire ? » le défia Mathilde
« Je pourrais te stupéfixer ! »
« Très bonne idée ! » s’exclama Sirius « Ca la ferait taire en même temps ! Tu sais qu’elle ne va pas arranger ton mal de crâne Prongs ! »
« Oh toi Black tu la fermes hein ! Je ne vous ai rien fait j’étais juste curieuse… J’ai rien volé je vous assure ! »
« On ne t’a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ? » demanda Sirius exaspéré
« Non » dit Mathilde d’un ton sans réplique
James, fatigué, s’allongea sur son lit pendant que Mathilde – qui s’était levée en voyant arriver les garçons – faisait le tour de la chambre.
« Et alors, tu en penses quoi de la fameuse chambre ? » demanda James, résigné à la présence de la jeune fille.
« Très décevante ! Elle est d’une banalité affligeante Potter ! Ces posters de quidditch… »
« Bah vas-y, ne te gênes pas, redécores… » soupira Sirius en s’écroulant sur un fauteuil.
A ce moment, la porte s’ouvrit et Remus entra
« Vous étiez là ! Je vous ai cherché partout ! »
« Tu avais disparu de la circulation… » rétorqua James
« Ta cousine m’avait collé le bébé Merlin dans les bras, j’ai mis un temps fou à m’en débarrasser ! »
« Quelle cousine ? Tu sais que j’en ai un certain nombre… »
« Elizabeth. »
« Oh elle ? C’est normal, elle adore prendre Merlin et en tirer un tas d’avantages, comme éviter les corvées, et dès qu’elle n’en a plus besoin elle le refile au premier venu. »
« J’ai bien vu… »
Remus remarqua alors la présence de Mathilde.
« Cooper ? Je ne savais pas que tu étais là ! »
« Voilà un accueil déjà plus chaleureux que celui des deux inquisiteurs-là ! »
« Eh tu sais ce qu’ils te disent les inquisiteurs ? » répliqua Sirius.
« T’avais rien à faire dans ma chambre je te signale ! » ajouta James
« Oui je crois qu’on a déjà fait le tour du sujet les garçons… Changez de disque. » répondit Mathilde
« Changez de quoi ? » demanda Sirius
« Oh rien, un truc moldu pour écouter de la musique… »
« Tu n’es pas rentrée en France pour les vacances ? » demanda Remus
« Non. Enfin pas tout de suite, je suis chez Camille en ce moment, je rentrerai chez ma mère plus tard. »
« Tes vacances se passent bien ? »
« Oui, hormis la mère de Frank qui déteste nous voir chez elle… On pourrait croire qu’elle se serait habituée à Camille depuis le temps, ils sont amis depuis toujours ! Mais… »
Un cri venant de dehors interrompit Mathilde. Les quatre adolescents se précipitèrent vers la fenêtre que James ouvrit en grand. Ils virent alors un attroupement à l’orée des arbres. Puis des sorciers que James reconnut être Dedalus Diggle et Maugrey Fol Œil se précipitèrent baguette levée.
« Il s’est passé quelque chose, vite descendons ! »