La Chambre des Secrets

Trois ans… voila trois qu’il avait tout quitté pour cette stupide quête, trois ans qu’il parcourait le monde, qu’il luttait, trois ans…

Il ouvrit enfin les yeux, allongé sur son lit en baldaquin pourpre dans cette chambre sombrement envoûtante avec ses rideaux magenta qui ne filtré aucun rayon de soleil, cette tapisserie d’époque, bordeaux et cette cheminé en marbre blanc qui faisait contraste avec l’obscurité de la pièce.

Il se leva et parcouru les quelques mètres qui le séparé du miroir accroché à l’autre bout de la chambre et contempla le reflet de cet homme marqué par les combats. Une peau claire, une barbe de trois jours, des traits si vieillis en seulement trois ans qu'ils étaient devenus durs, impénétrables et parfaitement dépourvus de pitié pour qui que ce soit ; et cette cicatrice... cette cicatrice qui lui barré le visage et qui avait changé l’un de ses magnifiques yeux émeraude, cadeaux de sa défunte mère, en une couleur ambrée au travers de laquelle semblé se refléter des ombres terriblement menaçantes.

Non, décidément il avait beau chercher elle n'y était plus. Plus une seule étincelle de la flamme de l’enfance dans ses yeux, plus un seul crépitement du feu de l’insouciance.
Bah, après tout quelle importance ? Se dit-il . De toute façon il n’en resté déjà plus grand-chose à l’époque et d’ailleurs il n’y avais sans doute jamais eu grand-chose à voir de ce feu là.

Il alla, d’un pas nonchalant, se rallonger, son dos appuyé contre la tête de lit et l’esprit plongé dans une profonde méditation. Il sortit une vieille photo à moitié jaunie et complètement froissée par les évènements de sa poche. Elle était son porte bonheur, aussi fragile qu’il se jugé l’être face à ses ennemis elle avait pourtant survécu jusque-là… comme lui.

— Reparate. Souffla-t-il et la photo reprit sa forme originelle, les plis s'évanouirs, les coins se reconstituèrent et les couleurs ravivèrent. Elle était comme neuf.

Décidément, il leur ressemblé de plus en plus, la forme des yeux qui avaient « presque » la même couleur que ceux de sa mère et le même visage que son père. Il était bien le digne fils Potter.

Pourtant… se dit-il en regardant la photo de son parrain qui trôné sur la table de chevet, à côté d’un drôle d’artefact, c’est de lui qu’il tiré sa force, à qui il ressemblé le plus au-delà du physique. La chemise ouverte, le torse basané de cicatrice des plus diverses, le regard plus sombre que la nuit malgré ses yeux pourtant clairs et cette façon de se moquer du danger comme si la mort était sa plus fidèle camarade de jeu. Oui, aucun doute là dessus, il était devenu un véritable mini Sirius Black. Cette idée lui arracha un sourire en coin.

— Alors, encore en train de rêvasser amour?

Il tourna la tête vers l’encadrement de la porte qu’il savait ouverte depuis quelques minutes déjà, son sourire en coin il la regarda fixement, ses yeux intensément braqués dans les siens.

— Que veux-tu, je suis un sentimental …Dit-il ironiquement . Du moins, à ce qu’il parait.

Elle sourit à son tour et se dirigea vers le lit avec sa démarche si fière et si gracieuse qu'il lui avait valu son estime. Elle était d’une beauté à couper le souffle, des yeux d’un noir profond, un sourire nacré si naturel et des courbes généreusement bien découpées au travers de sa nuisette. Un supplice d’envie et de luxure qui aurait rendu fou n’importe quel homme mais auquel il s’amusait à ne pas succomber.

Gardant les yeux plongés dans les siens malgré la transparence de sa tenue si légère elle se glissa à ses côtés et se blottit au creux de son épaule.

Elle adorait le provoqué ainsi même si elle aurait parfois voulus hurler de frustration de se voir elle-même succomber à son regard bien plus provocateur que n’importe laquelle de ses tenues qu’elle avait pu portées jusque-là.

Elle se laissa aller ainsi contre lui, là où elle se sentait le plus en sécurité au monde depuis le jour où il lui avait sauvé la vie.

C'était pendant un raid des mange-morts il y a deux ans. Ils avaient débarqué une nuit d'été dans leur maison du Nord de la France. Ils en avaient après son père, un grand sorcier à ses yeux, un père et un mari aimant. Seulement depuis le jour où la nouvelle du retour de Voldemort était tombée il avait décidé de tout quitter et de partir aussi loin que possible avec sa famille sans leurs donner une seule explication. Depuis, ils avaient essuyé quelques attaques mal organisées et peu efficaces, mais ce soir là, lorsqu'ils sont apparus elle avait vu dans le regard de son père qu'il n'y aurait pas d'échappatoire.

Le combat avait été intense et contrairement à ce qu’elle avait cru jusqu’alors son père était bien plus dangereux avec une baguette entre les mains qu’elle ne l‘imaginé. Lui qui était si doux, si calme et si attentionné avec elle était devenu froid, dur et particulièrement cruel au combat cette nuit-là. Elle avait d’ailleurs cru, pendant quelques secondes, qu’il allait avoir le dessus vu sa façon de se battre et surtout après avoir vu tomber deux mangemort, mais ce ne fut pas le cas. L’épuisement eut raison de lui et il tomba, blessé au thorax. À ce moment-là elle connut la pire angoisse de sa vie, lorsqu’un de ses ennemis s’approcha de lui l’air menaçant, prés à lui donner le coup de grâce elle sentit la peur la tenailler au plus profond de l’âme et lorsqu‘il leva sa baguette elle crut que son cœur allait s‘arrêter.

Mais ce soir-là plus aucun mangemort ne lança un seul sort. Dans un éclair assourdissant, le bourreau de son père traversa la pièce et s’écrasa contre un mur. La nuque brisée sous le coup il ne se releva pas. C’est là qu’elle le vit, droit et parfaitement calme devant tant d’assassins.

Harry Potter, celui qui incarné pour beaucoup l’espoir disparu. Celui qui avait, pour tous, fui le monde de la magie. Il était là devant elle face aux hommes de voldemort et prés à se battre comme tous ceux qui avaient cru en lui espérés encore en secret.

Quelques secondes, c’est le temps qu’avait duré la confrontation, le temps d’une série d’éclairs, cours et cruellement précis et s’en était fini; ils étaient morts. Elle se demandé encore aujourd’hui comment il avait réussit cette exploit…sans baguette.

-Alors mon amour, combien en à tu tuer cette fois-ci? Demanda-t-elle, sa voix toujours aussi mélodieuse.

Combien ? Il se le demandé. Combien en avait-il tué depuis le jour où il avait tout quitté ? Impossible de le savoir en faite. De toute manière qu‘est-ce que cela changerait ? Aujourd’hui il ne valait guère mieux que Tom, vu les massacres qu‘avait engendrés sa stupide croisade contre les forces du mal. Et même si c’était pour une bonne cause, pour protéger des vies cela n’excuser en rien tout ces morts. Après tout, beaucoup d’entre eux avaient une famille, des enfants et le pire c’était qu’ils avaient rarement choisi de se retrouver au front, contraint et forcé de se battre pour un monstre qui en faisait de la chair à canon. C‘était ça, où voir sa famille mourir.

— Alors ? Demanda-t-elle à nouveau son regard plongé dans les siens.

— Comment le savoir, dit-il en lui caressant la joue, tu sais bien que je ne compte plus les morts.

— Allons. Arrête de te torturé l’esprit, ils l’ont bien cherché ce ne sont que des monstres à la botte d’un autre monstre.

— Peut-être, mais beaucoup d’entre eux n’ont pas choisi de se battre. Ils sont eux même des victimes que cette ordure enrôle de force.

— Ils n’ont peut-être pas choisi, mais ils se dressent tout de même contre nous. N’oublie pas que tu as réussi à en faire revenir beaucoup dans notre camp. En leur offrant ta protection, ils ont repris l’espoir de vivre libre un jour. Peu d’entre nous aurait su se conduire de la sorte Harry. Quant aux autres…

— Quant aux autres, ils avaient leur famille en otage, tout ce que j’aurais pu leur offrir n’aurait pu égaler l’amour qu’ils avaient pour les leurs. Mais tu as raison, je n’est pas à me juger pour ça, sinon c’est lui qui vaincra. Ceux que j’ai tué ne mérité pas tous cette fin mais beaucoup d’entre eux mon sourit de satisfaction avant de rendre l’âme, heureux que je les libères de leurs chaînes et satisfait à l’idée que Tom ne perdra pas son temps à détruire le reste de leur famille.

— Oui, c’est sans doute mieux ainsi. Dit-elle avec mélancolie en se réfugiant dans ces bras protecteurs.

— La mort comme libération, ajouta Harry après un long silence. Nous sommes tombés bien bas dans cette guerre. Mais ce qui me ravi c’est que ce monstre souffrira bientôt de son arrogance, croit moi.

Elle vit qu’il serrait son poing si fort que la plaie à son bras se rouvrit sous sa chemise et le sang commença à maculer son vêtement.

— Du calme mon chéri. Dit-elle en se redressant, sinon tu ne guériras jamais. Il va falloir que je te refasse ton bandage, ajouta-t-elle en lui retirant la chemise.

Il se laissa faire légèrement surpris de voir du sang couler de sous son bandage et sourit d’amusement en pensant à tout se qu’il avait fait subir à son corps depuis qu’il était entré dans le monde de la magie.

— Et ça te fait rire ? Dit-elle les sourcils froncés. Si tu crois que c’est drôle de te voir rentré dans ce genre d’état.

Elle défit son bandage, nettoya le sang qui maculé son bras et utilisa son don pour ressouder les lèvres de cette plaie magique qui avait le don de ne jamais se fermé totalement. La colère fit très vite place à l’inquiétude et à la tristesse. L’angoisse qui lui noué l’estomac chaque fois qu’il partait en mission était à peine supportable, mais elle savait qu’il n’abandonnerait qu’une fois que Voldemort serait définitivement mort ou que s’il mourrait avant. Cette idée lui arracha une larme qu’elle ne put retenir. Il l’a pris dans ses bras et la berça pendant un long moment, ne sachant que trop bien l’inquiétude qu’elle pouvait ressentir.

Il s’en voulait de lui imposer ça, à elle et à tous ceux qui tenaient à lui, mais pouvaient-ils comprendre que c’est pour eux qu’il se battait, qu‘il enduré tout ça?

— Désoler mon cœur. Je connais tes raisons de te battre. Dit-elle enfin . Mais c’est dur de se demander si tu reviendras entier à chaque fois.

Il ne dit rien, se contenta de la bercer en lui caressant les cheveux et resta plongé de longues minutes dans le tourbillon de ses pensées.

— Nos invités sont-ils arrivés ? Dit-il soudain.

Elle se redressa subitement, mais comprit qu’il était de nouveau prés au combat.

— Oui, ils t’attendent dans le salon comme prévu. Soupira-t-elle.

Il la regarda, l’embrassa de longue seconde pendant lesquelles elle s’abandonna à lui puis il se leva, saisit l’artefact sur sa table de chevet et sortit de la pièce avec sa démarche toujours aussi droite et déterminée face à ce qui l‘attendait.