Poudlard, mercredi 4 mars 1998
Hermione avait réussi la veille au soir à joindre Eléa par hibou et elles avaient échangé quelques courriers par lesquels Hermione avait essentiellement questionné sa mère sur les sorts utilisés par les Mangemorts pour faire écho à son dernier cours de Défenses Contre les Forces du Mal. Eléa lui avait avoué que le rituel devait être proche vu l’agitation au sein des partisans du Seigneur des Ténèbres mais avait regretté le manque de précisions à lui fournir. Elles s’étaient quittées sur ces mots avec une note d’espoir et une promesse de se voir bientôt pour des nouvelles plus efficaces et utiles.
La matinée du mercredi offrait aux Gryffondors de septième année la possibilité de travailler ou se reposer. Ron avait choisi la seconde option alors qu’Hermione, Harry, Neville et Ginny étaient installés dans la salle commune.
« Aucune nouvelles des Mangemorts et de Voldemort depuis des semaines… » soupira Hermione en refermant la Gazette du Sorcier. « Ce n’est pas normal. Le rituel dont a parlé Eléa est imminent et… rien. »
« Demain, » déclara Ginny tout à coup. « Pendant le cours d’hier soir, le Professeur Sinistra nous a parlé d’un alignement de planètes qui doit avoir lieu… demain. »
« Et vous vous rappelez ce dessin que j’avais vu à Little Hangleton et qui représentait des planètes qui étaient… alignés, » ajouta Hermione en déglutissant, « oh mon Dieu… Gin’, qu’est-ce que le Professeur vous a dit d’autre sur ce phénomène ? »
« Pas grand-chose… On l’a évoqué, c’est tout. Je suis désolée, » regretta la rouquine, « je n’ai pas fait le rapprochement immédiatement. Si j’avais su, j’aurais posé davantage de questions… »
« C’est pas grave, » la réconforta Harry en lui caressant doucement le dos.
« Mais si Harry ! Je me sens si stupide ! Après mon cours d’histoire, j’essaierai d’aller voir le Professeur Sinistra… » déclara Ginny en se levant pour partir à son cours d’Histoire de la magie.
« Ca ne fait rien Gin’, mais merci… Je vais voir le Professeur Dumbledore ! » s’exclama Hermione qui disparut de la salle commune en un éclair.
Une nausée s’empara d’Hermione qui dut arrêter sa course folle dans les étages de Poudlard pour reprendre sa respiration et ses esprits. Une main sur son ventre, elle pénétra entre les ailes du Phénix géant en prononçant le mot de passe et la statue la conduisit jusqu’aux appartements administratifs du Directeur.
« Grand-père ! Grand-père !! » hurla Hermione en montant les marches conduisant au bureau en mezzanine.
« Hermione ? Je suis là ! » l’informa Dumbledore du salon en contrebas où elle se dirigea en courant.
« Grand-père ! Le rituel ! Il aura lieu demain ! Pendant l’alignement planétaire ! On doit avertir Eléa et lui apporter du renfort ! » s’écria Hermione sans respirer.
« Calme-toi Hermione, calme-toi… » l’apaisa Dumbledore en la faisant asseoir sur le canapé auprès de lui. « Nous le savons déjà… »
« Vous avez averti Eléa ? »
« Eléa est injoignable et introuvable depuis hier, Hermione… » avoua le vieux sorcier en plissant son front d’un air soucieux.
« Quoi ? Mais j’ai échangé des hiboux avec elle mardi soir ! »
« On fait de notre mieux pour essayer de la localiser… Sloane Square, Little Hangleton, tout Londres et ses environs sont cernés d’Aurors, Hermione. »
Contre toute attente et laissant Dumbledore légèrement décontenancé, Hermione éclata soudainement en sanglots, son corps agité de spasmes incontrôlables.
« Shh, Hermione… » tenta de la calmer en vain Dumbledore.
« Mais, Il va la tuer… » sanglota-t-elle, désespérée.
« Hermione, ta mère est puissante, elle sait ce qu’elle a à faire. Elle doit faire ce rituel, pour nous aider, faisons-lui confiance… » poursuivit le Directeur d’une voix calme mais beaucoup moins rassurante tant l’angoisse et l’incertitude l’avaient lui aussi gagné.
Il prit sa petite-fille dans ses bras et la berça jusqu’à ce que ses pleurs se calment enfin.
***
Londres, jeudi 5 mars 1998, 4h00
« Amour, réveille-toi, » murmura-t-il à l’oreille de sa compagne.
« Mmmh… »
« Eléa… » dit-il un peu plus haut tout en lui caressant le visage.
« Pas maintenant Lucius, j’ai pas envie, j’ai sommeil, » marmonna-t-elle à moitié endormie.
« Eléa, c’est le moment pour le rituel, lève-toi s’il te plaît. »
Elle écarquilla les yeux et se tourna vers son amant, déjà habillé.
« Tu plaisantes ? Dis-moi que tu plaisantes Lucius ! » Elle lui jeta un regard courroucé et il lui fit signe qu’il était sérieux. « Putain, il est quatre heures du matin ! Tu ne crois pas que tu aurais pu me prévenir avant ?? »
« Tu sais bien que non, amour, » murmura-t-il.
Elle se leva tout en lui jetant un regard noir et fit un saut rapide à la salle de bain avant de s’habiller. Elle enfila une robe blanche, aérienne et ample, faisant penser à celles des prêtresses dans les temps anciens.
« Le blanc te va bien, c’est la première fois que je te vois en blanc il me semble, » dit-il d’un ton séducteur tout en la déshabillant du regard.
« Ca aurait pu être la seconde si on était marié, » siffla-t-elle.
Lucius laissa tomber sur le lit d’un air dépité le journal qu’il était en train de feuilleter et s’approcha de sa maîtresse.
« Tu sais que je ne pouvais pas te le dire… »
« Je sais, » avoua Eléa d’un ton las, « c’est juste… pourquoi maintenant ? Je ne suis pas au top de ma forme, je suis fatiguée, » râla-t-elle.
« On n’a pas le choix, c’est la configuration astrale. »
Elle prit dans un grand écrin de velours noir usagé une dague en argent glissée dans un fourreau. Le manche était serti d’émeraudes et l’écusson des Serpentards y était incrusté. Elle respira profondément et finalement rangea l’instrument dans la doublure de sa botte. Elle se tourna vers Lucius et le regarda dans les yeux.
Il s’avança vers elle et la prit dans ses bras, l’embrassa tendrement et se recula légèrement afin de plonger ses yeux dans les siens. Il passa derrière elle, dégagea sa nuque fragile et lui attacha un de ses colliers favoris avec un pendentif en forme de serpent, puis il lui fit signe que c’était le moment. Ils se dirigèrent vers la porte, puis sortirent de l’Hôtel Particulier pour transplaner dans un lieu qu’elle ne connaissait pas.
Lorsqu’ils arrivèrent, une dizaine de Mangemorts étaient présents. Le Cercle. Elle regarda autour d’elle, elle ne savait pas où ils étaient exactement, dans une clairière, au milieu d’une forêt, tout était sombre, seule la lune de sa faible lueur éclairait le lieu. Elle ne voulut pas faire appel à sa faculté d’animagus pour y voir dans cette obscurité, de peur de dépenser trop d’énergie et faillir à son rituel.
Voldemort s’approcha d’elle, la fixant de son regard bleu turquoise. Il s’arrêta près d’elle, elle pouvait sentir toute sa puissance et la détermination qui émanait de lui. Inconsciemment, elle détourna son regard.
« Il n’y a pas si longtemps que ça, tu pouvais soutenir mon regard plus longtemps, » s’étonna-t-il.
Il prit son visage dans ses mains et la força à le regarder dans les yeux avant de déposer un baiser sur son front. Il prit sa main dans la sienne et la conduisit au milieu du Cercle de Mangemorts qui se tenait devant elle.
Lucius regarda impatiemment sa montre.
« Quatre heures trente-deux, » annonça-t-il.
Il y eut une légère animation dans le Cercle qui l’entourait et Voldemort se tourna vers Eléa, un sourire aux lèvres.
« Tu as exactement seize minutes pour commencer le rituel et te mettre en transe. » Il regarda le ciel puis continua. « A quatre heures quarante-huit, Rhéa passera devant Saturne, c’est à ce moment-là que tu devras invoquer ton ancêtre Déméter. »
Eléa acquiesça et se plaça au centre du Cercle. Voldemort se plaça en face d’elle, au Nord. Lucius était à sa droite. Les Mangemorts se concentrèrent et elle put sentir leur énergie fluctuer entre eux et vers elle, comme si elle était un point magnétique qui attirait l’électricité statique.
Eléa ferma les yeux, elle écouta autour d’elle et ouvrit son esprit à ce qui se passait au-delà du réel. Elle s’agenouilla dans l’herbe fraîche et sortit la dague qu’elle avait dans sa botte, elle enleva le fourreau et la planta dans la terre. Au même moment, elle entendit le Lord parler en Fourchelang et une couleuvre d’un vert éclatant glissa vers elle.
Eléa, les yeux dilatés, regarda l’animal avec fascination, elle voyait les choses différemment quand elle était dans cet état-là et les écailles du reptile lui paraissaient tellement brillantes… D’un geste sec et rapide, elle entailla sa main gauche et le sang commença à se répandre sur le sol. Elle prit la couleuvre et la trancha de tout son long, elle en sortit le cœur chaud et le déposa sur l’herbe tandis qu’elle répandait du sang de l’animal sur sa main droite ainsi que sur son front.
Lucius essaya de se concentrer mais il ne pouvait détacher son regard de sa maîtresse. Après tant de temps, il était toujours fasciné par sa facilité à effectuer des rituels aussi complexes. Elle parlait dans une langue étrangère. Il tendit l’oreille, c’était du grec, elle semblait répéter inlassablement les mêmes paroles, s’imprégnant d’une magie ancienne. Elle paraissait presque irréelle dans sa robe blanche, détonnant complètement avec les capes des Mangemorts. Lucius eut un pincement au cœur, elle venait de s’allonger sur le sol, la respiration saccadée, les yeux fixés au ciel. Le moment approchait.
Elle avait du mal à respirer, elle avait chaud et froid en même temps, elle avait les yeux ouverts mais elle avait l’impression qu’ils étaient fermés. Soudain, elle se sentit comme soulevée du sol. Maintenant… « Déméter, entends l’appel de ta fille, entends la prière de te descendance ! » cria-t-elle. « Déméter, entends-moi et accepte ce sacrifice. » Elle tendit le cœur tiédi du serpent qui disparut dans un éclat de lumière. Elle fut transportée, ou du moins elle en avait l’impression, avec une vitesse phénoménale. Elle eut un haut le cœur et tomba à genoux, elle faillit vomir, mais elle se retint, reprenant sa respiration.
Lucius fit un pas en avant, elle était trop pâle, elle haletait, au bord du malaise. Au moment où il avança, Eléa tourna la tête vivement vers lui, elle avait les yeux blancs, aussi blancs que la neige, lui donnant un aspect fantomatique effrayant. D’un geste rapide, elle fit partir un cercle de feu autour d’elle qui fit reculer le Mangemort. Lorsque le feu s’échappa, il put la voir, debout, elle ouvrait la bouche mais aucun son n’en sortait, juste un peu de buée, elle avait réussi.
Eléa se tenait devant une femme, belle et jeune, habillée d’une robe transparente et fluide, sa présence était écrasante. Eléa regarda autour d’elle. Tout était comme au ralenti. La femme se mouvait au ralenti, avec des gestes lents, l’espace qui les entourait était d’un blanc immaculé, elle discernait des cratères, c’était un désert de glace et au loin elle pouvait discerner les silhouettes des Mangemorts. Lorsqu’elle respirait, ses poumons étaient comme paralysés et une fumée blanche épaisse sortit de sa bouche lorsqu’elle parla.
« Déméter, c’est un honneur d’avoir été accepté en votre présence. »
« Ma fille… » dit la jeune femme d’une voix envoûtante. « Pour quelle raison prends-tu le risque de m’invoquer ? Ton ascendance ne t’assure pas une réponse positive de ma part. »
« Je viens au nom de mon Maître, » dit Eléa en montrant son avant-bras gauche dont la Marque des Ténèbres s’était imprimée.
« Ainsi a-t-il enfin réussi, » soupira la déesse avec un demi-sourire, « cela faisait longtemps que je gardait la clef. »
« Le temps des humains est-il le même ici ? » interrogea Eléa.
« Pas vraiment… » Elle observa Eléa un instant. « Ta mère ne t’approuverait pas, tu le sais ? »
Eléa écarquilla les yeux, jamais elle n’aurait pensé que sa mère serait abordée.
« Ma mère est morte il y a longtemps, » se contenta-t-elle de répondre sombrement, « est-ce que vous m’approuvez ? »
« Je suis morte aussi depuis longtemps… » répliqua-t-elle.
« Mais vous avez ce que je désire… »
« Le désires-tu vraiment ? » la défia-t-elle.
« Ce que je désire, c’est mettre fin à cette guerre, par n’importe quel moyen. »
« Il y aura des morts… »
« Comme dans toutes guerres… »
« Es-tu prête à perdre ton amant ? » dit-elle en désignant Lucius.
« Oui, » répondit Eléa le cœur serré.
« Es-tu prête à perdre ta fille ? » demanda-t-elle, mesquine.
« Je l’ai dit, c’est la guerre, » répondit sèchement Eléa.
« Cette guerre aurait dû être gagnée depuis longtemps ! » s’insurgea-t-elle, « nous sommes bien plus puissants que ces êtres sans pouvoir, ils auraient dû être réduits en esclavage ! »
« Les temps ont changé et nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour réussir cela ! »
« Ton Maître ne mérite pas cette clef. »
« S’Il ne l’a pas, nous perdrons et les Moldus seront considérés comme nos égaux. »
La déesse lui jeta un regard de dégoût.
« Tu essaies de t’en persuader… »
Lucius s’impatientait, l’atmosphère était tendue. Le rituel prenait plus de temps que prévu, l’homme ne cessait de tourner et de retourner dans ses mains l’artefact sacré qu’il avait dérobé à un Moldu quelques mois auparavant. Eléa semblait vidée de toutes ses forces et il se demanda par quel miracle elle pouvait encore tenir debout. Son visage, par contre, semblait fermé, elle donnait l’impression de se disputer avec quelqu’un. Il jeta un regard au Maître qui ne quittait pas Eléa des yeux et il pouvait ressentir qu’Il concentrait Ses pouvoirs sur elle. Soudain, une lumière aveuglante se dégagea d’Eléa, ils furent tous obligés de détourner les yeux et lorsqu’ils purent enfin la regarder, elle était allongée par terre, inerte.
Lucius se précipita vers elle, la prit dans ses bras et essaya de la réveiller, sans résultat. Le Maître s’approcha du couple et le Mangemort remarqua qu’Eléa avait la main fermée sur quelque chose de lumineux. Il ouvrit alors sa main et il comprit. Elle tenait une sphère d’un blanc éclatant et d’une froideur peu commune. Lorsqu’il la prit, il sentit l’artefact bouger de lui-même ; il le lâcha et il vint s’enclencher autour de la pierre. Une fois les deux objets ensemble, ils ressemblaient à Saturne, la sphère lumineuse tournait légèrement sur elle-même alors que ses « anneaux » bougeaient dans le sens inverse.
Ils étaient tous fascinés par la « clef » et tous se demandaient sûrement comment cela pouvait aider à lire une carte. Le Lord s’empara de l’objet et dégaina sa baguette magique qu’il pointa sur la jeune femme sous le regard défiant de Lucius.
« AVADA KE- »
Il n’eut pas le temps de finir sa formule, Lucius avait attrapé le pendentif en forme de serpent que portait Eléa et ils avaient disparu de la clairière.
***
Sloane Square, samedi 7 mars 1998
La pluie avait cessé mais le vent fouettait son visage et bien qu’il devait avouer qu’il redoutait un peu le face à face à venir, il poussa les portes de l’Hôtel et entra dans le hall sans autre cérémonial. Les Mangemorts qu’il croisa dans sa progression jusqu’à la grande salle du restaurant lui jetèrent des regards hésitant entre la surprise, le dégoût et la haine mais il leur retourna son célèbre regard glacial avant de finalement apercevoir Rabastan et Rodolphus.
« Ne me regardez pas comme ça ! » cracha Lucius en s’asseyant avec les deux frères. « Je suis toujours de la partie ! »
« Le Maître est furieux de la manière dont tu as disparu en soustrayant Eléa du sort qu’Il lui avait réservé… » regretta Rabastan.
« Et Il croyait quoi ?? Que j’allais Le regarder tuer la femme que j’aime sans ciller ?! » s’énerva soudainement Lucius.
Il serra tout à coup les dents en recevant comme une décharge électrique dans son crâne et il sentit qu’Il l’appelait.
Il n’eut pas besoin de frapper à la porte de la suite du Seigneur des Ténèbres, elle était déjà ouverte, l’invitant silencieusement. Il entra et aperçut son Maître dans la pénombre, fumant une cigarette et il se demanda si ses traits étaient ceux de l’homme séduisant ou du monstre presque sans visage.
Il n’entendit rien, ne vit aucun mouvement mais tout ce qu’il fut capable de réaliser, c’est qu’il était à terre avant même qu’il n’eut le temps de prononcer une parole. Les dents serrées pour ne pas hurler de douleur, il se demanda brièvement si ses entrailles ne venaient pas d’éclater dans son abdomen.
« Relève-toi, Lucius. »
Facile à dire quand on n’a pas de charognards en train de vous dévorer de l’intérieur… Il l’avait certainement mérité mais l’humiliation était difficile à encaisser. Il s’efforça de se relever et trouva un soutien bienvenu sur sa canne, attendant que la colère de Voldemort s’amenuise. Le Seigneur des Ténèbres s’approcha de lui et Lucius regretta de voir son Maître sous les traits de l’homme normal qu’il avait été. Le voir en monstre aurait aidé à supporter la punition mais cette manipulation de l’esprit de la part de Voldemort l’inquiéta soudainement.
« Quelle déception… » souffla Voldemort, « mon meilleur élément… mon cher ami… »
« Je suis plus que jamais dévoué à notre cause, Maître, » répondit Lucius.
« Bien sûr, bien sûr, mais plus Eléa et elle est un obstacle… Elle doit mourir, » trancha Voldemort.
« Vous ne pouvez pas me demander de la tuer pour Vous… »
« Non, bien entendu, je n’y aurais même pas pensé, » minauda Voldemort. « Je pourrais te tuer, Lucius. Pour ton comportement irrespectueux dont tu as fait preuve devant tout le Cercle. »
« Je suis prêt à accepter le sort que Vous m’aurez réservé, Maître, » réussit à déglutir Lucius, gardant toute sa dignité dans la douleur qu’il ressentait encore et qu’il essayait de ne pas laisser transparaître.
Voldemort soupira en levant les yeux au ciel et tendit à Lucius un morceau de parchemin que ce dernier prit avec un regard interrogatif.
« Les trois premiers de la liste ne doivent plus être de ce monde demain, » expliqua le Seigneur des Ténèbres, « concernant le dernier, tu as dix jours pour me l’amener. »
Lucius parcourut le parchemin rapidement et lut le dernier nom alors que son sang se glaça. « Draco Malfoy. »
« Merci Maître, » dit-il avant de prendre congé en boitant.
***
Mardi 11 mars 1980
On frappa doucement à la porte. Eléa posa son livre et invita à rentrer dans sa chambre. Elle espérait que ce soit Lucius. Elle ne l’avait pratiquement pas vu depuis leur dernière dispute, il passait de temps à autre pour voir si elle se sentait mieux, mais ils ne partageaient rien.
Lord Voldemort entra, d’un pas majestueux dans la chambre, et regarda autour de lui. Eléa, surprise, remit rapidement ses cheveux en place et l’observa, le cœur battant dangereusement vite. Il s’approcha de la fenêtre et tira les rideaux afin que quelques rayons de soleil pénètrent dans la pièce plongée dans la pénombre. Eléa plissa les yeux, le temps qu’ils s’habituent à cette luminosité.
« Tu es si pâle... un peu de chaleur et de lumière te feront le plus grand bien, » dit-il doucement en s’asseyant sur le lit.
Il était étrangement calme et doux et Eléa croyait le connaître assez pour s’attendre au pire. Mais il continua à s’entretenir avec elle sur le même ton.
« Comment te sens-tu ? »
« Mieux, » hésita-t-elle.
« Tu ne manges toujours pas Eléa, tu as besoin de prendre des forces... »
« Je vomis tout ce que je mange, » se plaignit-elle, « j’ai essayé de faire des efforts... »
« Je sais, Severus m’a dit que tu te forçais à manger, » la coupa-t-il. « Les potions ne sont pas efficaces ? »
« Non, pas vraiment. » Elle ferma le livre qui était toujours dans ses mains et alla le reposer quand le Lord s’en empara.
« La nuit des Temps… » *en français dans le texte* « Moldu ? » grimaça-t-il.
« Oui, les sorciers n’ont aucun don pour l’écriture... Et c’est mon livre préféré, ma mère me l’a offert pour mes quinze ans. »
Le Lord sourit et un silence pesant s’installa.
« Je suis désolée, » s’excusa-t-elle.
« Pour quoi ? » demanda-t-il avec un regard interrogateur.
« Pour la dispute avec Bellatrix, c’était stupide... »
« En effet... Je pensais que tu avais une autre chose à te faire pardonner, » ajouta-t-il en la regardant fixement dans les yeux. « Par exemple, le fait d’avoir disparu pendant une semaine sans donner signe de vie... »
« Vous ne sembliez pas m’en vouloir le soir de mon retour, » se défendit-elle.
« En effet... Je pensais que tu aurais plus de remords que cela... Où alors avais-tu peur que je te reproche le fait d’avoir utilisé certains sorts, certains ouvrages... » Il se leva pour allumer une cigarette puis se ravisa. « Désolé, l’odeur de tabac doit sûrement d’indisposer… » Elle hocha la tête en guise de réponse. « Qu’as-tu appris lors de ton... escapade ? »
Eléa réfléchit quelques secondes et tout prit forme dans son esprit. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé plus tôt ?
« Alors ? Dis-moi ? » insista-t-il un sourire en coin.
« Que... » Elle déglutit. « Que je ne peux pas me protéger de vous... » Elle eut l’impression de réaliser au moment où les mots sortaient de sa bouche.
Il se rassit en face d’elle et la dévisagea.
« Tu comprends maintenant ? Tu ne peux pas fuir... Je te l’ai toujours dit Eléa, tu m’appartiens... »
Il prit sa main et elle plongea ses yeux dans les siens, il caressa son avant bras gauche, là où sa marque siégeait dans sa chair.
« Depuis le jour où je t’ai marquée, tu es à moi Eléa. » Il chuchotait presque. « Tu le comprends maintenant ? » Elle acquiesça. « Tu ne peux pas fuir, seule la mort pourra te libérer... »
« Comment... savez-vous... » Il n’avait pas lu dans ses pensées depuis longtemps, seul Lucius connaissait son désir de fuir, l’avait-il trahie ?
« Eléa, voyons... » Il eut un petit rire ironique. « Je te connais trop bien, je n’ai pas besoin de lire en toi pour savoir ce que tu penses, ce que tu ressens... Je sais que tu n’acceptes pas cet enfant. » Elle détourna ses yeux remplis de larmes. « Ou que tu veuilles faire croire que tu n’en veux pas... Tu as toujours voulu être mère, ne me fais pas croire que tu es insensible à cet enfant... » Il essuya de son pouce une larme qui s’était échappée. Il se leva et se tourna vers Eléa avant de sortir.
« A partir de maintenant, tu restes un maximum ici, Lucius passera prendre tes messages au cas où Dumbledore où tes amis voudraient te contacter, je veux que tu passes le reste de la semaine allongée. Lucius t’accompagnera à St Mangouste pour des examens. »
Eléa soupira devant le programme réjouissant qu’il lui proposait.
« Tu peux aussi choisir d’avoir le sourire et de te joindre aux autres pendant la journée et faire comme si tout allait bien... »
« Je vais y réfléchir... » murmura-t-elle.
« Ce n’était pas une suggestion... »
Il s’en alla et la laissa de nouveau seule. Elle était tombée dans le piège comme une débutante. Il avait tout calculé, Il savait qu’elle essaierait de se protéger, de perdre le contact avec lui. Elle se sentait vraiment stupide. Elle n’avait pas envie de se joindre aux autres, les entendre raconter leurs exploits, les attentats et les missions auxquelles elle ne participait plus. Etrangement la seule chose dont elle avait envie c’était de voir Lily et les Maraudeurs, mais elle avait peur de craquer, de leur raconter, ou pire qu’ils voient le désespoir dans lequel elle se trouvait.
***
Dimanche 8 mars 1998
Eléa plissa les yeux, éblouie par la lumière autour d’elle, puis elle s’habitua peu à peu et observa avec incrédulité la pièce dans laquelle elle se trouvait.
« C’est pas possible, je dois rêver, » marmonna-t-elle pour elle-même.
« Pas vraiment, » dit une voix familière derrière elle. « Je dirais que ça ressemble plutôt à un coma... »
« Qu’est-ce que vous faites là ? » demanda-t-elle, méfiante.
« N’ai-je pas le droit de rendre visite à une vieille amie ? » l’interrogea-t-il.
Eléa hocha la tête tout en s’approchant du bureau devant elle. Lord Voldemort avait ses deux mains appuyées dessus, la tête baissée, il observait la sphère qu’elle avait ramenée qui tournoyait sur elle-même entourée de ses anneaux, au-dessus de la carte jaunie. Eléa était à la même hauteur que le Lord maintenant et pouvait distinguer des petits points de couleurs différents se mouvoir sur la carte.
« Pourquoi me montrez-vous tout cela ? »
« Ce n’est pas moi qui te le montre, c’est ton rêve Eléa, c’est toi qui produis tout ça... » dit-il avec un sourire.
« Oh... » Elle haussa les épaules et se détourna de la carte. « Et évidemment, je rêve de votre bureau... ça en dit long sur ma vie passionnante... » soupira-t-elle.
Elle se dirigea vers la fenêtre pour observer le jardin qu’elle affectionnait tant à Little Hangleton. Elle écarta d’une main le rideau épais qui cachait la fenêtre et s’immobilisa.
« Je fais vraiment des rêves étranges, » constata-t-elle.
Elle ne pouvait détacher les yeux du cimetière qui remplaçait la fontaine du jardin. Elle sentit une main chaude se glisser sur la sienne.
« C’est toi là-bas ? » lui demanda-t-il à l’oreille en désignant une personne de dos, avec de longs cheveux bruns.
« Oui... c’est l’enterrement de ma mère, » répondit-elle rêveuse. Elle s’appuya contre lui et elle sentit qu’il lui déposait un baiser sur le front. La jeune Eléa se retourna brusquement vers la fenêtre et ses yeux se mirent à flamboyer. Eléa sursauta, son cœur battait à tout allure, elle s’écarta de la fenêtre alors que Voldemort sourit tout en allumant une cigarette.
« Qu’est-ce qui vous fait sourire ? » s’offusqua-t-elle.
« Tu as toujours eu des rêves étranges. »
« Parce que vous vous êtes souvent introduit dans mes rêves ? »
« Bien sûr... » Il s’approcha d’elle et planta son regard dans le sien. « En particulier ceux dont tu n’as jamais parlé à Lucius, » murmura-t-il.
Eléa se sentit rougir et détourna les yeux, embarrassée. Elle s’éloigna à nouveau de lui.
« Tu me fuis ma belle ? » dit-il d’une voix séduisante.
« Non... Je veux juste savoir ce qu’il y a derrière la porte... »
Elle saisit la poignée, et au lieu de se retrouver dans le couloir du Manoir, elle était dans le salon de Sloane Square. Elle eut un petit rire ironique.
« J’ai l’impression d’être dans le roman de Dickens... On va voir quoi, mon présent ? »
« Tu veux voir ton présent Eléa ? » demanda-t-il d’un ton joueur.
« Non... » hésita-t-elle, « non, je préfère le passé. »
Elle revint en arrière et le décor changea une nouvelle fois. Elle était dans les quartiers de Gryffondor, à Poudlard.
« Tiens... » remarqua avec amusement le Lord. « Je n’y étais jamais rentré... »
« J’aimais bien cette salle commu... » Son cœur se serra lorsqu’elle aperçut les Maraudeurs qui bavardaient joyeusement, et plus précisément Sirius qui l’enlaçait tendrement. « Je me souviens de ce jour... » chuchota-t-elle.
Le Lord leva les yeux au ciel. « Je t’en prie Eléa, ils sont tous morts... »
« Non, pas tous ! » répondit-elle vivement.
« Ah oui... le Lycan... ça ne serait tarder... »
Elle tourna les talons et sortit de la salle commune, elle commença à arpenter le couloir avec colère, lorsqu’elle se retrouva nez à nez avec Voldemort.
« Tu voudrais changer le passé ? Honnêtement... »
Eléa réfléchit quelques minutes avant de prendre la direction du Grand Hall. Voldemort lui tendit son bras auquel elle s’accrocha en haussant les épaules.
« J’aimerais ne jamais être venue en Angleterre... » dit-elle après quelques minutes.
« Cela n’aurait rien changé... »
« Je n’en suis pas si sûre ... »
Ils sortirent du château et Eléa poussa un cri de surprise et de joie. Elle tourna sur elle-même comme une gamine qui essaie une nouvelle robe, les yeux pétillants de bonheur. Ils étaient à Paris et elle monta sur le vieux carrousel qui était devant elle. Elle choisit un cheval blanc et le chevaucha en amazone en riant aux éclats. Voldemort s’assit sur un banc et la regarda s’amuser et rêvasser. Il ne l’avait jamais vue aussi heureuse.
Lorsque le manège s’arrêta de tourner, elle descendit en sautillant vers Voldemort.
« Barbe à papa ? » proposa-t-il en lui tendant le nuage rose.
Elle sourit et attrapa quelques filaments qu’elle savoura.
« Ça fait des années que j’en ai pas mangé... » Elle se tourna vers Lui et étouffa un petit rire, il leva un sourire interrogateur. « Rien, » répondit-elle à la question silencieuse. « J’imagine juste la tête de vos partisans si ils vous voyaient avec une barba à papa à la main... »
Ils s’assirent à l’ombre d’un grand arbre et tout devint très calme, trop calme... comme quand la nature sent un danger et que chaque petit être vivant se fait silencieux pour échapper au prédateur. Eléa fronça les sourcils et regarda son Maître dans les yeux.
« Pourquoi ça n’aurait rien changé ? »
« Parce qu’en France il y avait Marius... Il te connaissait bien avant que tu ne le rencontres, il avait le bras long et des hommes qui observaient les élèves à Beaubâton, des hommes qui t’avaient remarqué pour tes capacités extraordinaires... »
« Ça ne veut pas dire que je me serais engagée, » dit-elle en secouant la tête.
« Tu l’aurais fait... Parce que Marius t’aurait séduit, parce qu’il t’aurait emmené en voyage à Londres... Parce qu’il t’aurait présenté son ami Lucius, et toute l’histoire se serait répétée... »
Ils restèrent silencieux quelques minutes.
Eléa essuya une larme. « Vous avez gâché ma vie… »
« Tu penses vraiment ? » Il la força à le regarder dans les yeux. « Tu étais ma favorite, on aurait pu faire de grande choses ensemble, tu t’es toi-même offert cet avenir de misère lorsque tu as craqué et que tu as voulu t’enfuir, » dit-il sèchement. « Si tu ne t’étais pas enfuie, tu n’aurais pas atterri en prison, je n’aurais pas chuté... »
« Votre chute ne dépendait pas de moi ! » s’exclama Eléa. « Ne me mettez pas ça sur le dos ! »
Il sourit à nouveau en voyant la jeune femme tremblante de colère.
« Ah Eléa... quel dommage, » soupira-t-il.
Il s’approcha d’elle et lui déposa un baiser sur les lèvres qu’il approfondit quelques secondes. Il lui caressa le visage, dégageant une mèche de cheveux puis se leva.
« Etait-ce un baiser d’adieu ? » demanda-t-elle la voix tremblante.
« Oui, » répondit-il sans remords. « Tu m’as trahi Eléa, en acte et en pensée... Tu es condamnée à mort, chacun de mes Mangemorts a ordre de te tuer à vue. »
Eléa étouffa un sanglot.
« Si tu avais appris à mettre tes sentiments de côté comme j’ai tenté de te l’enseigner... »
« Qu’allez vous faire à Lucius ? » coupa-t-elle.
« L’amour... » dit-il avec dégoût. « Quelle importance Eléa ? Tu ne seras plus de ce monde... »
Tout se brouilla comme un tableau qu’on passe sous l’eau. Elle crut que c’était les larmes mais les couleurs et la luminosité avaient changé, tout était beaucoup plus sombre.
Elle était allongée et ne voyait que le plafond, blanc cassé, ou peut-être légèrement marbré. Elle arrêta de le contempler et essaya de s’asseoir mais étouffa un juron lorsque ses bras cédèrent sous son poids et la laissèrent couchée. Une petite lueur s’approcha d’elle.
« Lumos, » prononça l’homme.
Eléa poussa un soupir de soulagement lorsque Lucius s’approcha d’elle pour l’embrasser. Elle essaya à nouveau de se relever mais il l’en empêcha.
« Tu es trop faible, amour... Tu as encore besoin de te reposer. »
« Où sommes-nous ? »
« En sécurité, ne t’inquiète pas, » dit-il en lui caressant le front.
« Combien de temps suis-je restée inconsciente ? » demanda-t-elle un peu paniquée.
« Trois jours, » trancha une autre voix masculine.
Eléa fronça les sourcils avant de discerner l’homme dans la pénombre.
« Severus ? »
***
Vendredi 14 mars 1980
« C’est vraiment trop nul ! » s’exclama-t-elle en s’asseyant sur le canapé de l’appartement. « Trois heures avant de voir une pseudo Médicomage pour me dire que tout va bien et me faire un cours magistral sur ce que je dois faire, je ne suis pas débile ! »
« Elle faisait son boulot, amour, » dit en rigolant Lucius.
« Non, c’est vraiment n’importe quoi, » souffla-t-elle. « On ne devrait pas être obligé d’aller à Ste Mangouste pour ça, on devrait pouvoir se faire suivre par une Médicomage de notre choix, qui nous suivrait tout le long de la grossesse, c’est comme ça en France ! »
« Ce n’est pas une mauvaise idée, » dit-il en réfléchissant, « ça pourrait réduire quelques frais de personnel... Tu pourrais m’avoir quelques chiffres et statistiques du système Français ? »
« Oui, sûrement, j’écrirai à un de mes anciens collègues si tu veux, » dit-elle avec un sourire en coin, réalisant que Lucius pensait toujours au travail.
Lucius acquiesça et l’enlaça tendrement.
« A quelle heure as-tu rendez-vous ? » chuchota-t-il à son oreille.
« Je devrais déjà être partie... » Elle l’embrassa avant de se diriger vers la porte.
« Sois prudente, et ne dépense pas trop ! »
Elle se retourna en fronçant les sourcils.
« Je plaisante amour, dépense plus que de raison, » sourit-il.
Eléa quitta son expression faussement courroucée et sourit à son amant.
« A ce soir ! »
Elle quitta Lucius avec une petite appréhension. Cela faisait quelques semaines qu’elle n’avait pas vu Lily et elle n’était pas très sûre d’elle. Bien sûr, elle allait beaucoup mieux et maîtrisait à nouveau l’occlumancie, mais Lily avait le don pour deviner quand elle allait mal.
Elle passa contre toute attente une journée très agréable. Elles s’étaient arrêtées chez « Le Gobelet Enchanté » un nouveau café réputé pour faire le meilleur jus de citrouille d’Angleterre dont elles se délectèrent, accompagné d’un gâteau au chocolat et aux noix de pécan.
Elles discutèrent de leurs grossesses et Lily fut peinée de savoir qu’Eléa vivait mal celle-ci. Eléa lui avoua être inquiète, se remémorant sans cesse sa fausse couche qui avait failli lui coûter la vie. Lily, quant à elle, n’avait pas de problème et avait même échappé, à son grand soulagement, aux nausées matinales. James se montrait très attentif et la chouchoutait sans arrêt, presque trop à l’entendre parler. La rouquine posa des questions sur l’attitude de Lucius, inquiète de sa double paternité, mais Eléa la rassura en lui disant qu’il était très présent et que la grossesse de Narcissa passait après la sienne, bien qu’elle attendait un garçon. Elle essaya de paraître sûre d'elle mais au fond elle ne savait pas comment cela se passerait, si il serait vraiment là comme il lui avait promis. Elle décida de changer de sujet et elles discutèrent ensuite de Ste Mangouste et de son service de Médicomage peu adapté aux futures mamans. Lily avoua à Eléa qu’elle s’adressait souvent à Madame Pomfresh quand elle avait des questions à lui poser ou quand elle ne se sentait pas en forme. Eléa s’en voulut de ne pas y avoir pensé avant, mais elle doutait que le Lord soit d’accord pour qu’elle la choisisse comme Médicomage, elle était trop proche de Dumbledore.
Elles abordèrent à demi-mot l’Ordre du Phénix et parlèrent des différentes missions en cours. La Mangemort était conviée à la prochaine réunion qui avait lieu quelques jours après. Lily en profita pour lui donner des nouvelles des Maraudeurs et le cœur d’Eléa se serra lorsqu’elle parla de Sirius.
Elle culpabilisa en pensant à Lucius, elle avait tourné la page, pourquoi son nom lui provoquait une telle réaction ? Lily vit qu’elle était troublée mais ne posa pas de question, elle détourna le sujet sur Rémus et elles parlèrent de son célibat trop prolongé à leur goût, s’accordant sur le fait que c’était un gâchis que sa condition le retienne de former une famille.
Après une bonne heure de bavardage intensif, elles décidèrent de faire les boutiques et d’acheter des vêtements plus appropriés à leurs nouvelles formes. Eléa se lamenta sur ses formes généreuses, pestant contre la Médicomage qui l’avait incendiée car elle ne mangeait pas assez. Lily avait elle aussi pris de belles formes, mais étant plus fine qu’Eléa, cela était moins flagrant, son corps était harmonieux et son petit ventre ne se voyait que lorsqu’elle mettait des vêtements moulants.
Après sa fausse couche, Eléa avait brûlé tous ses vêtements et dut en conséquence en acheter quelques uns pour compléter sa garde robe. Jusqu’à présent, elle n’avait acheté que des robes d’hiver et se concentra donc à choisir des choses plus estivales puisque que d’après elle, elle passerait l’été « énorme comme une baleine », elle prit aussi quelques pantalons et tuniques à taille Empire. Elle aida Lily à choisir ses vêtements, notamment pour la couleur, car celle-ci était fatiguée du vert qu’elle mettait si souvent. Eléa lui offrit un magnifique pull à col roulé, dans un fin mélange de laine et de mohair, qu’elle pourrait mettre pour la demi saison, Lily refusa mais Eléa insista, lui disant qu’elle était sa seule amie et qu’elle voulait la gâter. La Mangemort fit un effort surhumain pour ne pas penser à ce qu'elle lui avait fait et au jour où Lily le découvrirait.
Elles se quittèrent en fin d'après midi à regrets et se donnèrent rendez-vous pour la réunion de l'Ordre du Phénix.
***
Lorsqu'elle revint de son rendez-vous avec Lily, Eléa fut surprise de voir la grande table basse du salon éclairée de bougies et parsemée de pétales de roses. Elle s'avança sur la table, un sourire aux lèvres, toute étonnée de cette attention.
Lucius arriva vers elle et Eléa ne put s'empêcher de pouffer de rire en voyant son amant en costume de travail, la taille enserrée d'un tablier de cuisinière blanc à carreaux rouges. Il leva un sourcil amusé et l'embrassa tendrement.
« Pâtes à la bolognaises et boulettes de viandes, laitue et son assaisonnement à l'huile d'olive et aux noix, soufflé au chocolat et sa crème anglaise... » annonça-t-il d'un ton suave sous le regard pétillant d'Eléa.
Ils s'installèrent confortablement autour de la table et Lucius servit à Eléa un verre de vin rouge français, « juste un » qu'elle fit durer tout le repas. Arrivé au dessert, elle s'assit finalement par terre, sur un coussin, la position assise et pliée pour manger sur la table basse lui appuyait trop sur le ventre.
« Un jour, il faudrait utiliser la table en verre devant la cheminée, » remarqua Lucius, « ou du moins pour manger... » ajouta-t-il avec un sourire coquin.
Eléa rougit un peu et Lucius lui donna un long baiser.
« Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas fait rougir... » dit-il à voix basse.
Ils dégustèrent le dessert en se dévorant des yeux et ils finirent la soirée enlacés dans la chambre, faisant l'amour comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps, tendrement, les yeux dans les yeux, sans un mot, juste des soupirs de plaisir échangés.