Mis au courant du drame qui touchait Dorcas, tous les Gryffondors auraient compris qu’elle n’assiste pas à leur entraînement, prévu après les cours, pour le projet du vieux Balthus. Mais la jeune fille était là stoïque, prête à commencer.
Ils étaient tous les onze assis en cercle sur le sol de la salle de défense contre les forces du mal. Sirius décida de prendre les choses en main, puisque manifestement personne n’avait la moindre idée de la manière dont il fallait s’y prendre.
« Je crois qu’on devrait commencer par choisir celui qui nous représentera et vers qui nous allons faire converger nos forces. »
« Et sur quels critères on se base ? » demanda Hestia sceptique.
« Toi Jones, tu ne vas pas commencer avec tes airs suffisants ! » répliqua Sirius exaspéré. « Je n’en sais pas plus que toi, mais vu qu’aucun de vous n’a l’air de vouloir s’y mettre, il faut bien que quelqu’un prenne les choses en main ! »
« Pas la peine d’aboyer comme ça ! Quand on ne sait pas, on ne fait pas son petit chef ! » s’exclama Hestia.
« Silence ! » jeta Lily. « On n’arrivera à rien en se disputant ! »
Tout le monde la regarda abasourdi. Depuis quand Lily Evans s’énervait-elle ? Elle d’ordinaire si calme, un peu mal à l’aise lorsqu’elle devait parler devant tout le monde en classe…
« Ce que le vieux Balthus veut nous apprendre c’est la solidarité ! Il veut nous apprendre à nous entraider, à allier nos forces, pas à s’en servir les uns contre les autres. J’en ai plus que marre de vos guéguerres à deux mornilles ! L’animosité n’arrangera rien. C’est ensemble qu’on sera plus fort ! Et si vous êtes trop centrés sur vos propres personnes pour le comprendre, ce n’est même pas la peine d’essayer de travailler, on peut abandonner dès maintenant ! Et arrêtez de me regarder avec ces yeux ronds ! »
« Calme-toi Lily… » dit doucement Sirius. « On est tous d’accord avec toi. Ce n’est pas qu’on ne prenne pas au sérieux ce projet, seulement on ne sait pas comment s’y prendre. »
« Eh bien en tout cas ce n’est pas certainement pas en se disputant qu’on va trouver ! »
« Moi je pense qu’on devait comparer nos auras magiques… Et celui qui possèdera la plus puissante devrait être celui vers lequel nos forces convergeront. » proposa Frank
« Ca m’a tout l’air d’être une bonne idée… Mais comment on fait ça ? » demanda Sirius
« Ma grand-mère me racontait souvent que quand on dormait, on pouvait mesurer toute notre puissance magique… » dit Alice. « Il suffit de nous endormir les uns après les autres, et je ferai apparaître vos auras. »
« Ce n’est pas dangereux ça ? » demanda Remus. « On ne risque pas de perdre notre magie par mégarde ou de ne jamais se réveiller ? »
« Si tu t’endors trop profondément, on t’embrassera sur la bouche comme la belle au bois dormant ! » se moqua Camille.
« On peut faire confiance à Alice ! » affirma Hestia.
Frank, Lily et Dorcas confirmèrent d’un signe de tête et les autres se résignèrent.
« De toutes manières, on n’a pas de meilleure idée ! » dit James.
« J’accepte de jouer le cobaye. » dit Sirius en s’allongeant sur le sol.
Frank et Alice s’accroupir autour de lui.
« Endormire ! » incanta Frank.
Soudain les paupières de Sirius se fermèrent et sa respiration se fit lente et régulière. Alors Alice posa sa main sur le torse du garçon et ferma les yeux. Plusieurs secondes passèrent pendant lesquelles il ne se passa rien. Tout le monde attendait, retenant sa respiration. Pis soudain une petite boule fluorescente monta de la poitrine de Sirius qui devint très pâle. Elle traversa la main d’Alice et s’éleva dans les airs. Chacun la regardait comme subjugué, cette boule les oppressait tous, elle dégageait de la puissance qui agissait directement sur eux. Puis elle redescendit et disparut par là où elle était arrivée. Sirius reprit des couleurs, et Alice sortit doucement de la léthargie dans laquelle elle était tombée.
« Enervatum ! » prononça Frank.
Et Sirius se réveilla.
« Vous avez vu quelque chose ? » demanda Alice.
« On l’a senti surtout… » dit James, impressionné.
« Ca va Sirius ? » demanda Remus.
« Oui, j’ai juste l’impression d’avoir couru un marathon… »
« Bon, il va falloir faire ça avec tout le monde pour voir qui dégage l’aura la plus puissante. » déclara Frank.
Les uns après les autres, ils y passèrent tous. Les auras étaient plus ou moins oppressantes, la boule plus ou moins grosse, et brillaient de façon différente chez chacun. Mais tout aussi subjectif et imprécis que ça puisse paraître, ils étaient tous capables de dire quelle aura était la plus puissante parmi toutes celles qu’ils avaient senti.
Quand ce fut au tour d’Alice, Lily proposa de la remplacer. Alice lui expliqua exactement comment elle s’y prenait, une histoire de forte concentration et d’appel de l’a^me humaine… Enfin Lily eut l’air de saisir, et Alice s’allongea. Cela mit un peu plus de temps, mais l’aura d’Alice finit par apparaître également.
Quand ce fut terminé, ils étaient tous épuisés.
« Maintenant qu’on a tous ressenti les puissances de chacun, il faut qu’on se mette d’accord. » dit Sirius.
« Pour moi, c’est très clair, Lily est de loin la plus puissante ! » affirma Alice.
« C’est également ce que j’ai ressenti. » confirma Dorcas.
Tout le monde acquiesça. Lily semblait très étonnée.
« Pour moi, l’aura de Remus était très puissante ! »
« C’est parce que tu n’as pas ressenti la tienne. » affirma James.
« Alors on est tous d’accord ? Lily sera celle qui nous représentera ? » demanda Sirius.
Ils hochèrent tous la tête et se tournèrent vers Lily.
« J’accepte et j’espère que je ne vous décevrai pas. » affirma la jeune fille.
« On te fait confiance Lily ! » la rassura Dorcas avec un sourire discret.
« Je crois qu’on a assez travaillé pour ce soir, et en plus c’est l’heure du dîner ! » s’exclama Sirius.
« Très bien, c’est fini pour aujourd’hui. On se retrouve, disons mardi prochain pour commencer à s’entraîner vraiment ? » proposa Hestia.
Chacun promit d’être là et ils se séparèrent.
« Je me demande bien où en sont les autres maisons… » dit Sirius d’un ton pensif pendant qu’il se battait avec une cuisse de poulet un peu trop coriace.
« De quoi tu parles ? » demanda James.
« Du projet de DCFM ! James tu suis la conversation, oui ou non ? » s’exclama Sirius légèrement exaspéré par le peu d’attention que son ami lui portait.
« Excuse-moi Padfoot j’ai la tête un peu ailleurs tu sais… »
« Mondingus de Poufsouffle m’a dit qu’ils ramaient pas mal… » intervint Peter.
« Et hier j’ai vu plusieurs Serdaigles plongés dans des livres de DCFM à la bibliothèque. Il y avait Edgar Bones, Fabian Prewett, Marlene McKinnon, Melissa Stebbins et Dave Goujon. Si vous voulez mon avis, ils n’avaient pas l’air de s’en sortir très bien… » ajouta Remus.
« Je parie que les Serpentards vont se servir de magie noire… » maugréa Sirius.
« Ca m’étonnerait… » répondit Remus. « Les professeurs s’en rendraient compte à coup sûr. Les Serpentards sont peut-être des tricheurs, mais ils ne sont pas stupides. »
« Ca reste à prouver… » répliqua Sirius
« Tu n’as qu’à demander à Petrowski comment ils s’y prennent… » lança James à Sirius.
Sirius lui jeta un regard noir et lui aurait probablement jeté un morceau de volaille à la figure s’il n’avait pas eu si faim (La sauce de poulet avait des effets inespérés sur des verres de lunettes !).
« Si je comprends bien, tu n’as toujours pas été lui parler ? Existe-t-il une personne sur terre aussi têtue que toi ? »
« Oui. Toi. » répondit simplement Sirius.
« Que se passe-t-il avec Petrowski ? » demanda Remus.
Il n’avait pas franchement l’habitude de se mêler des affaires des autres, ni de forcer les confidences, mais il détestait être sur la touche !
« Sirius et elle se sont disputés comme des enfants de cinq ans, et maintenant monsieur est bougon parce qu’il est trop fier pour faire le premier pas. Ah oui, j’allais oublier : ça le forcerait également à admettre ce que tout le monde sait déjà : qu’il tient à l’amitié de la demoiselle. »
« C’est ça, surtout ne te gêne pas James, étale ma vie privée sur la place publique ! »
« Padfoot tu me fatigues… » soupira James.
« En tant que mon ami, tu n’es pas censé me réconforter dans les coups durs plutôt que m’enfoncer ? »
« Et si je ne te dis pas que tu fonces droit dans le mur, qui va s’en charger ? Aller Padfoot, arrête de me faire la tête, tu sais que j’ai raison, et sans vouloir être désagréable j’ai d’autres soucis ces jours-ci… »
Sirius baissa les yeux un peu honteux, il avait presque oublié que Sélénée était décédée et que James ne devait pas franchement avoir le cœur à écouter les lamentations de ses amis.
« Excuse-moi Prongs. » murmura-t-il.
« Comme c’est mignon ! » s’exclama Mathilde assise à côté de Remus. « Deux amis qui se réconcilient, aller faites-vous un gros bisou pour sceller le pacte de paix ! »
Sirius et James lui décochèrent un regard furieux et elle retourna à sa discussion sur la couleur des uniformes de Poudlard avec Camille.
« Cette fille est insupportable ! » s’exclama Sirius.
Le lendemain, les élèves attendaient le cours de DCFM avec impatience, ils étaient fiers de pouvoir annoncer à leur professeur qu’ils avaient désigné leur meneur. Comme à son habitude, le vieux Balthus était en retard, il devait être en train de finir de prendre son café.
« Est-ce que quelqu’un sait si Dumbledore en a découvert plus sur le lynuix ? » demanda soudain Lily.
« On n’a pas revu Dumbledore depuis le soir d’halloween. » déclara James. « Mais Remus a trouvé des choses intéressantes… »
« Le lynuix aurait été envoyé par un puissant sorcier pour tuer l’un de nous en particulier… Ca expliquerait pourquoi il n’a attaqué personne d’autre en chemin. »
« C’est ce que je vous avais dit, mais comme personne ne m’écoute jamais… » s’exclama Hestia.
« L’un de nous ? » s’étonna Lily. « Enfin, ça n’a aucun sens ! Pourquoi quelqu’un en voudrait-il autant à un sorcier de dix-sept ans ? »
« Je ne sais pas… » répondit Remus. « Mais sinon il n’y avait aucun intérêt à se servir d’un lynuix plus que d’une autre créature. Il y a plein d’animaux dans la forêt interdite qui auraient pu faire l’affaire… Pourquoi se compliquer la tâche en faisant pénétrer un lynuix à Poudlard ? »
« Ce qui nous laisse trois questions. » conclut Lily pensive. « Qui est derrière tout ça ? Comment s’y est-il pris pour faire entrer le lynuix à l’école ? Et enfin, à qui en voulait-il ? »
« Pour la dernière question, la réponse me paraît assez évidente… » dit sombrement Dorcas. « C’est moi qui était visée… »
Tout le monde la regarda d’un air incrédule.
« Pourquoi dis-tu ça ? » finit par demander Hestia.
« C’est simple… Tout d’abord c’est à moi et à personne d’autre que le lynuix s’est attaqué… »
« James aussi a été blessé ! » protesta Lily.
« Seulement parce qu’il s’est attaqué au lynuix. Ensuite mes parents ont été tués la même nuit… Il semble que quelqu’un ai voulu éliminer toute la famille Meadows ce soir-là… »
Il y eut alors un silence pesant dans la pièce. Les arguments de Dorcas tenaient la route, cela semblait si évident… Et c’était également très effrayant car…
« Si ce que tu dis est vrai… » dit doucement Frank. « Ca signifie qu’une seule et même personne est derrière tout ça. Et puisque la marque des ténèbres flottait au-dessus de ta maison… Alors c’est Voldemort qui a envoyé le lynuix à Poudlard. »
Frank avait osé exprimer tout haut ce que tout le monde avait déjà compris.
« Comment a-t-il pu s’y prendre pour faire entrer un lynuix à l’école ? » s’exclama Camille d’une voix blanche. « Je croyais que Poudlard était l’endroit la plus sûr d’Angleterre ! »
« Il doit avoir un complice à l’intérieur… » murmura Sirius.
« Les Serpentards ! Je suis prêt à mettre ma main à couper que certains sont déjà mangemorts ! »dit James d’un ton grinçant.
« Ne dis pas de bêtise James ! » intervint Remus. « Ils sont peut-être imbuvables, mais ils n’ont que dix-sept ans, que veux-tu que Voldemort fasse de gamins dans son armée ? »
« Des complices dans Poudlard ! » répliqua James d’un ton assuré.
« Snape manigançait quelque chose de louche ces derniers temps… » se souvint alors Sirius.
« Ecoutez les garçons, ça vous paraît peut-être évident mais c’est totalement invraisemblable ! » reprit Remus.
Ils auraient bien débattu plus longuement sur la question, mais le vieux Balthus choisit ce moment précis pour faire son entrée et lancer un sonore :
« Bonjour les enfants ! »
« Bonjour professeur Eliott ! » répondirent en chœur les adolescents comme chaque matin depuis sept ans.
Rituel simple mais immuable. Contrairement à certains professeurs qui lançaient leurs consignes d’un ton sec sans même prendre le temps de saluer leurs élèves, le vieux Balthus tenait à ce simple échange chaque matin. Quelle que soit son humeur, il souhaitait toujours une bonne journée à ses élèves avec un grand sourire et gare à ceux qui oublieraient de lui répondre !
« Alors jeunes gens, racontez-moi tout ! Où en être-vous dans le projet que je vous ai confié ? Je vous préviens que les Serpentards sont déjà bien avancé et que je ne tolèrerais pas que vous vous laissiez distancier par simple désintérêt ! »
« On a choisit celui qui va nous représenter professeur ! » s’exclama Remus.
La lueur de fierté qui brillait dans les yeux de chacun de ses élèves fit plaisir au vieux professeur. Rien de tel que la fierté du travail bien accompli pour récompenser leurs efforts et les motiver à continuer. Il leur sourit avec l’air du vieil homme qui voit avec plaisir la jeunesse prendre la relève. Ces gamins avaient parfois besoin d’un bon coup de fouet, mais ils ne le décevaient jamais au bout du compte.
« Je suis content de vous mes enfants. Je ne veux pas savoir comment vous avez fait votre choix, je vous fais confiance, je sais que vous n’auriez pas laissé le hasard décider pour vous. Puis-je juste savoir qui est l’élu ? »
« C’est Lily ! » dit Dorcas en regardant affectueusement sa meilleure amie.
Le vieux Balthus sourit à la jeune fille désignée, qui rougissait à vue d’œil.
« Très bon choix ! Miss Evans, je sais que vous ne nous décevrez pas. »
« J’espère professeur… » répondit Lily d’un ton assez peu assuré.
« Ayez confiance en votre potentiel Miss ! Commençons le cours maintenant ! »
Après le cours, James fut surpris de trouver Graziella qui l’attendait dans le couloir.
« Salut James ! » lança la jeune fille en embrassant son cousin.
« Quelque chose ne va pas Grazi ? » demanda James inquiet.
« Je n’ai pas le droit de venir embrasser mon cousin ? » répliqua la cousine en question avec un petit sourire.
Rassuré, James lui fit un clin d’œil et la prit par les épaules, l’emmenant plus loin.
« C’est que tu ne m’en a guère donné l’habitude ma chère ! »
« Tu t’occupes de nous, toujours à nous demander si on tient le coup… » dit Graziella en marchant aux côtés de James. « Mais je me suis aperçue que personne ne te demandait à toi, si tu tenais le coup… »
« Ne t’en fais pas pour moi Grazi. Et en cas de besoin, mes amis seront toujours là ! »
« Mais les amis, ce n’est pas comme la famille… » répondit Graziella.
« Ca fait bizarre Poudlard sans Elvira et Roland n’est-ce pas ? » murmura James, devinant ce qui préoccupait sa cousine.
« C’est vrai… Ca ne fait même pas deux jours, pourtant ils me manquent déjà ! J’étais toute seule à ma table en potions ce matin, c’est la première fois ! »
« Ils vont être vite revenus. J’ai eu une lettre d’Elvira ce matin. Leurs parents étaient furieux de les voir après l’interdiction formelle qu’ils ont reçu de quitter Poudlard, mais ils n’ont pas eu le cœur de les renvoyer. Elvira dit qu’elle s’occupe de Merlin et que Brent parle à peine. Cela dit, elle a l’impression qu’il a été soulagé de les voir arriver. Il paraît qu’il passe des heures assis à côté de Roland sans rien dire. Elvira dit qu’elle aimerait rester jusqu’à ce que son frère reprenne un peu ses esprits mais que l’oncle Hector veut les renvoyer sitôt après l’enterrement. »
« Noël ne va pas être très gai cette année à Quercus Alba… »
« Au contraire, à nous d’essayer de changer les idées de Brent ! On ne peut pas vivre avec les morts Grazi, tu le sais mieux que personne ! Est-ce que tu as arrêté de rire parce que ta mère est décédée ? »
« Non. On n’avance pas si on ressasse sans cesse nos morts… »
« Exactement. Ca ne t’empêche pas de penser à ta mère, de l’aimer, de la regretter. Seulement Il faut vivre. Pour toi, pour Lizzie et Virginia ! C’est pareil pour Brent, il va devoir surmonter tout ça pour Merlin. Je ne dis pas que ça va être facile, mais on va l’y aider. C’est à ça que doit servir une famille, à réconforter et à surmonter les coups durs. »
Graziella ne dit rien pendant quelques minutes. Elle pensait à ce que lui avait dit son cousin. Puis elle sourit.
« James tu es impossible ! »
« Pourquoi ? »
« J’étais venue pour voir comment tu allais, et c’est toi qui m’a réconfortée ! »
« A quoi tu crois que ça sert les grands cousins ? » répliqua James en serrant Graziella contre lui et en lui déposant un baiser sur le front.
« Je n’ai pas cours avant 11h, je vais aller travailler à la bibliothèque, tu veux venir avec moi ? »
« Non, j’ai promis à Virginia de l’aider à décoller du sol avec son balai ! »
« Elle n’arrive pas à voler ? Tu es sûre que c’est une Potter ? »
« Si t’avises de te moquer de ma petite sœur devant elle, je vais te faire avaler tes lunettes ! » menaça Graziella.
« Ok, Ok, promis je ne dirais rien ! »
Puis ils se séparèrent, partant chacun dans un sens.
Un peu plus loin, James croisa Lily qui avait le nez dans son sac.
« Perdu quelque chose Miss ? » demanda-t-il en surgissant derrière son dos.
Lily sursauta et lui jeta un regard furibond.
« Tu m’as fait peur Potter ! »
« Je croyais que dorénavant on devait s’appeler par nos prénoms ? » dit-il d’un ton taquin.
« Sauf quand tu te conduis comme un gosse… »
« Ne prends pas des airs effarouchés avec moi ! Et puis d’abord que fais-tu toute seule dans les couloirs ? »
« Je te retourne la question ! »
« Je parlais avec ma cousine. Je t’ai répondu, à toi ! »
« Je suis restée à la fin du cours avec le vieux Balthus pour qu’il me donne des tuyaux… »
« Et alors ? Que t’a-t-il dit ? »
« Que je n’en avais pas besoin et que je m’en sortirais très bien toute seule… »
« Tu n’as pas l’air très convaincu… »
Lily soupira.
« Tout le monde a l’air de penser que c’est très bien comme ça. Mais franchement, regarde moi ! Tu crois que je vais être à la hauteur ? »
« Sincèrement ? Oui ! »
« Arrête de te moquer de moi James… » supplia Lily.
« Je ne me moque pas Lily je t’assure ! Tu n’as aucune raison de t’en faire. Pourquoi serais-tu moins capable que n’importe lequel d’entre nous de le faire. Si le vieux Balthus nous a confié ce projet, c’est qu’il sait que nous en sommes capable, et donc toi aussi. »
« Non je ne crois pas que j’en serai capable. Sincèrement. »
« Et pourquoi ? » demanda James sur le ton du défi.
« Enfin James ! Tu m’as vue le soir d’halloween ? J’étais pétrifiée ! Incapable de me battre, de bouger ou même de penser ! Je vous ai tous regardés agir complètement paniquée, incapable de faire preuve du moindre bon sens ! Et pendant que je réagissais comme une imbécile, aucun de vous n’a perdu son sang froid ! Hestia s’est rappelée de la bile de tatou, tout le monde lançait des sorts, et toi tu t’es même jeté sur le lynuix ! »
« Ce qui n’était, en y réfléchissant, pas très intelligent, comme me l’a très délicatement fait remarqué Dorcas ensuite. »
« Tu sais bien qu’elle essayait juste de dédramatiser la situation ! Tu aurais pu y laisser ta peau et tu y as été quand même. »
« Mais si Hestia n’avait pas été là je me serais probablement fait tuer et ça n’aurait servi à rien. »
« Toi au moins tu as fait quelque chose ! Si tu savais comme je me sens minable… »
« C’est toi qui a été cherché Pomfresh à temps, Dorcas perdait son sang à une vitesse effroyable ! Aucun de nous seul n’aurait fait le poids tu sais. C’est parce qu’on a affronté le lynuix tous ensemble qu’on s’en est sorti, il n’y a pas à mettre tout le mérite sur une ou deux personnes, on l’a vaincu tous ensemble, c’est tout. »
« Mais j’ai été incapable d’être de la moindre utilité pour lutter contre le lynuix, alors que vous… toi… »
James s’arrêta brusquement et saisit Lily par les épaules.
« Tu vas arrêter tout de suite Lily ! Tu ne t’es pas enfuie, et aucun de nous n’est mort à ce que je sache. Et si tu veux mon avis, la prochaine fois que tu seras impliquée dans une bataille, tu y mettras toutes tes forces et toute ta volonté. Seulement tu n’as jamais été préparée à un affrontement. Tu vis dans le monde moldu où la paix règne depuis plus de trente ans, et ce que tu connais du monde sorcier c’est Poudlard, le lieu le plus sécurisé du monde ! Jusqu’à la mort des parents de Dorcas, tu ne connaissais personne qui soit mort pendant la guerre qui fait rage dehors, n’est-ce pas ? »
Lily hocha la tête et James reprit.
« Il y a une très nette différence entre savoir qu’il y a la guerre dehors et la vivre. Jusqu’au soir d’halloween tout ça ce n’était que de la fiction pour toi, maintenant c’est bien réel. Comment aurais-tu pu te préparer à une guerre fictive ? Pour moi et pour tout les autres qui étaient là ce soir-là c’était très différent. On vit dans le monde sorcier, on vit la guerre chaque jour depuis des années. On a tous perdu des proches à cause d’elle. En ce qui me concerne, je suis prêt à me battre depuis très longtemps. Voldemort a tué ma petite sœur, il a tué ma tante, beaucoup d’amis de mes parents, et maintenant la femme de mon cousin. Je vis chaque heure dans l’angoisse de perdre quelqu’un que j’aime. Alors tu comprends, ça fait des années que je sais qu’un jour je vais aller me battre moi aussi. C’est pour ça que je savais ce que j’avais à faire le soir d’halloween. Et c’est la même chose pour les autres. On sait tous, plus ou moins consciemment, qu’il va falloir nous battre pour protéger le monde qu’on connaît, pour ne pas le livrer aux idées d’un fou, pour ne pas condamner les générations futures. La victoire ne va pas se faire toute seule. On y est préparé depuis longtemps. Pas toi. Tu as été prise de court, c’est tout ! Tu n’es pas une dégonflée Lily ! Ne pense surtout jamais ça. Tu es une fille très courageuse, et une sorcière très puissante. »
Lily gardait les yeux au sol, sans prononcer un mot.
« Lily ? Tu m’as entendu ? » demanda James d’un ton très doux.
Elle leva doucement la tête.
« Oui. Merci de… de me faire confiance ! »
James sourit et l’entraîna en la tenant par les épaules.
« Aller viens, on va travailler ! Je vais profiter de t’avoir sous la main pour te soutirer les réponses au devoir de potion ! »
« Je veux bien t’aider, mais si tu crois que les réponses vont te tomber toutes cuites dans la bouche, tu te trompes lourdement James Potter ! » s’exclama Lily en riant.
« C’est ce qu’on va voir ! »
Les jours passèrent. Elvira et Roland revinrent de Quercus Alba, et tous ensemble, les cousins Potter passèrent ce cap difficile. Sirius gardait une lueur sombre au fond des yeux, que personne à part ses trois meilleurs amis ne savaient interpréter, mais ni James, ni Remus, ni Peter n’abordaient plus le sujet avec lui. Sirius était un grand garçon, à lui de faire ses propres choix. Dorcas s’était absentée deux jours pour assister aux obsèques de ses parents, sous haute surveillance. Les adolescents avaient fait part à Dumbledore de leurs raisonnements en ce qui concernait l’attaque du lynuix, et le directeur avait promis de découvrir le fin mot de l’histoire. Mais pour le moment ils n’étaient guère plus avancés. Dorcas ne montrait guère ses sentiments, au grand damne de Lily qui croyait dur comme fer à la vertu thérapeutique des mots. Elle faisait son possible pour entourer Dorcas, mais il n’est pas évident de consoler quelqu’un qui jure qu’il va bien… Et ça torturait Lily de ne pas savoir comment aider son amie, car elles avaient toujours été très proches toutes les deux, depuis la première année, sans doute un peu plus proches qu’avec Hestia ou Alice.
Lily était plongée dans ses pensées lorsqu’elle entra dans la salle commune de la tour de Gryffondor, et elle sursauta lorsque James l’interpella depuis le divan où il était affalé.
« Lily ! Je crois que tu ferais bien de monter dans ton dortoir. J’ai entendu parler de cellule de crise là-haut. Je ne sais pas de quoi il s’agit mais j’aimerais bien… »
Lily haussa les sourcils, que pouvait-il bien se passer là-haut ? Dorcas ?
Elle monta les marches aussi vite qu’elle put.
« Que se passe-t-il ici ? » demanda-t-elle en regardant la scène qui se tenait devant ses yeux.
Mathilde était assise sur le lit de Camille et tenait cette dernière dans ses bras. Camille pleurait à chaudes larmes dans ce qui semblait être le mouchoir d’Alice. Les trois autres filles étaient assises en tailleur sur le tapis face à Camille et Mathilde. Le sol était jonché de parchemins déchirés et… de pots de glace ?
Alice se leva pour venir expliquer la situation à Lily sans que Camille n’entende.
« C’est Leandre Parker… »
« Le petit ami de Camille ? Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? »
« Rien… Enfin pour le moment ! » répondit Alice avec un regard en coin à la jeune fille en pleurs. « Camille l’a surpris tout à l’heure en train d’embrasser Bertha Jorkins… »
« Ouch… »
« En effet ! Et depuis Camille n’a pas arrêté de pleurer, de maudire Leandre, elle a déchiré toutes ses lettres et ses photos. J’espère pour lui qu’elle ne maîtrise pas l’art des poupées vaudous ! »
Lily s’approcha et tapota le dos de Camille.
« Je n’en reviens pas qu’il t’ait fait ça… »
« Je t’assures Camille, tu devrais prendre une grande cuillère de cette glace aux noix de pécan… Ca fait du bien dans ces cas-là ! » affirma Alice en retrouvant sa place sur le tapis, suivie de Lily.
« Je n’ai vraiment pas faim… » hoqueta Camille.
« Aller Camille reprends-toi ! » s’exclama Dorcas. « Les garçons ne valent pas la peine qu’on se mette dans des états pareils pour eux ! »
« Ca se voit que tu n’as pas de petit ami Dorcas ! » répliqua Hestia. « Si Fabian osait me tromper… »
« Fabian ne ferait jamais ça ! » dit Camille d’un ton amer. « Pas comme ce fils de Troll de Leandre ! Et dire qu’hier encore il me jurait que j’étais la femme de sa vie… Et cette Jorkins, qu’a-t-elle de plus que moi franchement ? »
« Dix centimètres de nez supplémentaires. » répondit Mathilde.
Camille ne put s’empêcher de rire à la remarque de son amie.
« Franchement ma Camille » ajouta Mathilde « Cette pouf ne t’arrive pas à la cheville ! Et elle n’est même pas capable de jeter un sort correctement, au pire tout ce qu’elle peut faire c’est donner un coup de nez ! »
« Je me demande comment Leandre s’y est pris pour l’embrasser… » dit Lily. « Ca doit être tout un art d’arriver à atteindre les lèvres de Cyrano ! »
« C’est un pic, c’est un ros ! Que dis-je ? C’est une péninsule ! » déclama Dorcas.
« On est cruelles… » dit Alice d’un ton amusé.
« C’est elle qui a ouvert les hostilités ! » rappela Mathilde.
« Si ça se trouve ce n’est pas la faute de Leandre ! » s’exclama Camille d’un ton plein d’espoir. « Elle lui a sûrement fait avaler un philtre d’amour… »
Les cinq autres filles la regardèrent d’un air désolé, avant que Dorcas ne se décide à annoncer ce que les autres pensaient tout bas.
« Ne te fais pas d’idées Camille ! Leandre est un beau salaud, ne lui trouve pas d’excuse ! Il vaut mieux tirer un trait sur lui tout de suite. »
Et elle lui tendit son mouchoir lorsque Camille se remit à pleurer.
La porte du dortoir s’ouvrit alors sur Frank, qui se précipita sur Camille.
« On m’a dit en bas que tu pleurais ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
« Elle a surpris Leandre qui embrassait Bertha Jorkins… » expliqua Alice
Frank embrassa Alice et alla s’asseoir aux côtés de Camille qui se mouchait bruyamment dans le mouchoir de Dorcas.
« Ma pauvre puce… Tu as vraiment le chic pour ne tomber que sur des nazes ! » s’exclama-t-il
« Si tu crois que c’est ça qui va la réconforter… » chuchota Mathilde en levant les yeux au ciel.
Frank la fusilla du regard et serra son amie d’enfance contre lui, Camille se laissa aller tout contre son torse. Au fil des années, c’était devenu une habitude. Camille allait de chagrin d’amour en chagrin d’amour et finissait toujours dans les bras de Frank qui volait à la rescousse.
« Les mecs sont vraiment tous des salopards ! » dit Camille d’une voix plaintive.
« Merci pour moi ! » répondit Frank d’un ton amusé.
« Oh ! Tu sais bien que je ne parle pas de toi. Tu es l’homme parfait ! »
« Bas les pattes mademoiselle Torres, c’est mon homme à moi ! » s’exclama Alice en riant.
« Tu peux bien me le prêter quelques minutes ! » protesta Camille.
« Je suis sûr que tu vas bientôt trouver un gentil garçon qui t’aimera vraiment… » affirma Frank en caressant les cheveux blonds de la jeune fille.
« Tu dis ça à chaque fois… » maugréa Camille.
« Ce qui signifie qu’à chaque fois il a un peu plus de chances d’avoir raison ! » s’exclama Hestia.
Frank fit signe à Dorcas de lui passer le pot de glace et fit manger Camille comme il donnerait la becquée à un bébé de six mois.
« Sèche-moi ces grosses larmes ! » dit-il tendrement. « Leandre n’est qu’un abruti de ne pas se rendre compte de la chance qu’il avait ! Tu es une des filles les plus gaies et les plus douces que je connaisse. Prête à tout sacrifier à celui que tu aimeras. Et regarde-moi ces jolies tâches de rousseur, ces cheveux si doux et cette moue adorable ! Leandre ne te méritait pas. »
« Je le déteste ! » dit Camille d’un ton boudeur.
« Je sais. Tu veux que j’aille lui casser la figure ? »
« Tu ferais ça ? »
« Plutôt deux fois qu’une ! Ca me défoulerait ! Je déteste qu’on te fasse pleurer… »
« Alice, tu as fait comment pour harponner le prince charmant ? » chuchota Lily.
Alice répondit par un sourire énigmatique.
« Et comment tu fais pour ne pas être jalouse dans des cas comme tout de suite ? » demanda Mathilde.
« Ca s’apprend ! » répondit Alice avec un clin d’œil à Frank et Camille. « puis c’est une question de confiance. »
« Enfin ! » s’insurgea Frank. « Camille c’est comme ma petite sœur ! Alice n’a pas de raison d’être jalouse de ma sœur… »
Lorsqu’il fut certain que Camille avait repris le contrôle de ses émotions, Frank laissa les filles entre elles et quitta le dortoir.
Dans la salle commune, il trouva les maraudeurs qui jouaient aux cartes.
« Je peux me joindre à vous ? »
« Vas-y de toutes manières j’avais gagné ! » dit Sirius d’un ton las en jetant son jeu sur la table.
« Eh ! » protesta Remus. « Je te signales que je ne suis pas loin derrière toi, je peux encore te rattraper ! »
« Te fatigues pas Moony, je gagne toujours. »
« Ce qui est sûr en revanche c’est que Wormtail a perdu… » lança James.
« Ce n’est pas de ma faute si je ne sais pas tricher aussi bien que Sirius ! » se défendit Peter.
« Je ne triche pas ! » s’exclama Sirius d’un ton faussement outré. « Enfin pas toujours… »
« Alors Frank, tu vas nous dire ce qu’il se passe dans le dortoir des filles ? » demanda un James curieux.
« La routine… Camille vient de sa faire plaquer, les filles essaient de lui redonner le sourire. »
« Une espèce bizarre ces filles… » dit James d’un ton pensif. « Je me vois assez mal me réfugier dans ma chambre après une rupture et vous quatre essayer de me remonter le moral… »
« Surtout avec des glaces, des magazines et des poupées vaudous ! » jeta Frank.
« En même temps Prongsie, c’est toujours toi qui plaques tes copines alors ça ne risque pas d’arriver ! » commenta Sirius.
« Et toi ta dernière copine c’était quand déjà ? » le taquina James.
Sirius haussa les épaules et dit d’un ton indifférent qu’il avait d’autres choses en tête ces derniers temps.
C’est vrai quoi, pensait-il, avec tout le travail qu’ils avaient en ce moment, il n’avait pas franchement le temps pour une fille. Et puis ce n’était pas comme s’il en avait une en tête… Non pour l’instant c’était bien le cadet de ses soucis !
C’était samedi matin et Sirius s’était levé tôt pour aller travailler à la bibliothèque. La semaine passée il y avait eu la pleine lune et ils avaient pris beaucoup de retard… Les couloirs de Poudlard étaient déserts, pas de match de Quidditch ce week-end, tout le monde devait dormir. Presque tout le monde… Car Sirius aperçut une silhouette familière au détour d’un corridor… Regulus, son petit frère de quinze ans ! Ils se croisaient rarement et il ne lui avait pas adressé la parole depuis ce dernier soir dans la maison familiale début juillet, où Regulus avait vainement tenté de dissuader son aîné de boucler définitivement sa valise. C’était le moment ou jamais ! Il s’élança à sa poursuite et arriva vite à son niveau.
« Salut gamin ! » jeta-t-il en lui tapant amicalement sur l’épaule.
Regulus sursauta et le tança d’un regard noir.
« Sirius, j’aurais du me douter que c’était toi. Toujours là où on ne t’attend pas… »
« C’est la classe qui caractérise les plus grands… » plaisanta l’aîné.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
De toute évidence, le cadet n’était pas d’humeur à badiner avec Sirius.
« Seulement discuter avec mon frère. Je n’ai pas le droit ? »
« Je te signale que c’est la première fois depuis cinq mois que tu sembles te rappeler que tu as un frère… »
Sirius observa attentivement le visage de Regulus à la recherche d’un indice, mais il n’arriva pas à voir si Regulus réagissait ainsi car il était déçu de ne pas avoir eu de nouvelles de son frère, ou s’il cherchait seulement à abréger au plus vite la conversation…
« Tu n’as pas cherché à prendre contact avec moi non plus ! »
« C’est toi qui est parti. Pas moi. Maintenant laisse-moi tranquille, je crois qu’on n’a plus rien à se dire. »
« C’est notre chère mère qui t’a interdit de parler avec de la vermine comme moi c’est ça ? Et toi comme un petit chien tu lui obéis ? »
Regulus soupira, exaspéré.
« Bon, d’accord discutons. De quoi ? »
« Je ne sais pas, quoi de neuf ? Comment tu vas ? »
« Vas droit au but Sirius ! » dit Regulus agacé.
Sirius soupira tout aussi exaspéré. Etait-il possible qu’ils aient grandi côte à côte et soient devenus de tels étrangers incapables de communiquer ?
« Ecoute Reg. Aussi incroyable que ça puisse te paraître j’avais vraiment envie de prendre de tes nouvelles ! Si ça t’intéresse, moi je ne m’en sors pas trop mal. Tu aurais au moins pu me demander où j’avais passé l’été ! J’étais chez James et si je ne t’ai pas envoyé de nouvelles c’était parce que je ne voulais pas que nos parents en aient. Mais apparemment tu ne t’es pas inquiété de mon sort une seule seconde. J’aurais pu croupir dans une grotte ça t’aurait été égal. On a été attaqué le soir d’halloween, mais je n’ai rien eu. Enfin visiblement tu t’en fiches également. J’avais envie de te dire que j’allais prendre un appartement cet été, et que si tu ne supportais plus nos parents, tu étais le bienvenu. Parce que tu es mon petit frère et que malgré nos différends je t’aime bien. Aussi absurde que ça doive te paraître, j’avais envie qu’on garde de bonnes relations tous les deux… Mais puisque tu réagis comme ça, je ne crois pas que j’aurais très envie de t’inviter quelques jours chez moi. Et j’imagine que ça t’a amusé de dire à Tatiana que j’étais parti de la maison ! Dis-moi au moins que ça t’a fait plaisir de m’imaginer souffrir, que ça ait au moins servi à quelque chose, qu’une personne au moins en ai tiré parti ! Tu sais quoi Reg ? Je t’en ai voulu au début ! Et puis je me suis dit que tu n’avais pas fait exprès, que tu n’avais pas réalisé ce que ça allait entraîner… J’ai cru que mon propre frère n’avait pas pu faire ça en connaissance de cause… Je t’ai trouvé des excuses ! Mais je me rends compte maintenant que tu as dû prendre ton pied dans cette histoire ! »
Sirius se retint de ne pas cracher au visage de celui qu’il avait si longtemps considéré comme son frère. A la place il le gratifia du regard le plus méprisant possible.
« Je croyais qu’ensemble on serait plus forts, que malgré nos différences on pourrait faire face tous les deux. Mais tu as toujours préféré faire cavalier seul, chacun pour sa pomme. J’ai été idiot de croire que tu pouvais changer ! Adieu Regulus, ne compte plus sur moi ! »
Et Sirius tourna les talons.
« Sirius ! »
Il entendit l’autre le rappeler et se retourna un instant.
« Trop tard Regulus. Les trouillards ça ne m’intéresse pas ! »
Et il s’éloigna le plus vite qu’il put.
Dire qu’il était déçu était peu. Il avait toujours cru en Regulus. Il savait que son frère n’aurait jamais le cran de quitter la maison familiale et leur mère castratrice, mais il avait essayé de lui laisser une porte de sortie. Une manière de lui dire qu’il pourrait compter sur lui si un jour il changeait d’avis… Mais c’était une vraie tête de mule !
Pendant qu’il ronchonnait en regardant ses pieds, il se cogna dans quelqu’un.
« Sirius ! Que fais-tu là ? »
« Ah ! Remus c’est toi ! »
« Tu m’as l’air de bien mauvaise humeur… »
« Rappelle-moi juste d’éviter de croiser mon frère de si bonne heure… »
« Euh… Ok… » répondit Remus sans trop comprendre. « Où vas-tu comme ça ? »
« Je voulais aller travailler, mais finalement je crois que j’ai plutôt besoin d’aller m’aérer l’esprit… Je vais aller chercher mon balai ! »
Remus continua son chemin jusqu’à la bibliothèque, lui aussi avait plus que besoin de travailler. Les jours qui entouraient la pleine lune lui laissaient toujours une montagne de devoirs à rattraper ! Il ne faisait vraiment pas bon être un loup-garou… Sans compter ces énormes cernes qui ne l’avantageaient franchement pas.
Comme il s’y attendait, il ne trouva pas grand monde dans la bibliothèque. Quelques cinquièmes années qui révisaient pour leurs BUSE blancs. Il reconnut Roland et Graziella Potter et leur fit un petit signe, puis il aperçut Regulus qui avait l’air très irrité. Les Black étaient des mâles à sang chaud… peu renommés pour leur self-contrôle ! Quoi que Sirius ait fait de sérieux progrès dans ce domaine depuis quelques années, coaché par James. Remus allait s’asseoir dans un coin tranquille lorsqu’il vit Mathilde Cooper installée plus loin. Lui arrivait-il de quitter la bibliothèque de temps en temps ? Remus hésita une seconde puis décida de s’asseoir à la table de sa camarade, inutile de se la jouer encore plus loup solitaire !
« Tu essaie de draguer Mme Pince ou quoi ? » demanda-t-il en tirant la chaise en face de la jeune fille.
« Hello Remus ! Si ça ne t’embête pas trop, j’aimerais assez que tu évites de me donner la nausée dès le matin… »
« Je te taquinais seulement. » fit Remus en souriant.
« J’avais compris merci. »
« Tu es une fille étrange… »
Mathilde leva le nez, étonnée.
« Je sais que tout le monde le pense, mais tu es le seul à me le dire en face ! » remarqua-t-elle.
« Tu es sans arrêt sur la défensive, c’est pourquoi les gens y réfléchissent à deux fois avant de t’aborder. »
« Je ne serais probablement pas sur la défensive si les élèves de Poudlard avaient esquissé le moindre geste vers moi. Depuis que je suis arrivée on me met toujours de côté. Si tu crois que c’est agréable ! » dit Mathilde en haussant les épaules.
« Je suis désolé… Je… Je n’avais pas remarqué. » balbutia Remus en rougissant un peu.
« Oh ce n’est pas tellement toi. Mais les autres, ils se moquent tout le temps de moi ! Tes copains… »
« Ils ne sont pas méchants… Tu comprends, on t’a vue arriver l’an dernier de Beauxbâtons la bouche en cœur. Personne n’a jamais su vraiment pourquoi tu arrivais en cours de cycle, et toi dès qu’on t’adressait la parole tu nous envoyais des vannes ! »
« Self-défense ! Essaie donc de t’intégrer dans un groupe formé depuis cinq ans avec ses habitudes de vie. Il n’y a bien que Camille et Frank qui m’aient ouvert la porte. Pour les autres, je reste la fille bizarre ! »
« Qui passe sa vie à la bibliothèque ! Qu’est-ce que tu peux bien y trouver de si passionnant ? »
« Si j’avais trouvé ce que je cherchais, crois-tu que je me fatiguerais à continuer de chercher ? »
Remus la regarda interloqué. Il n’avait jamais vraiment pensé que Mathilde cherchait quelque chose. A vrai dire il ne s’était jamais posé tellement de questions sur elle, elle passait juste un temps fou à la bibliothèque.
« C’est vrai ? Tu cherches quelque chose ? »
Elle hocha la tête.
« C’est pour ça que tu es tout le temps fourrée ici ! On se disait juste que tu étais une obsédée du travail bien fait… »
« C’est que personne ne m’a jamais demandé ce que je cherchais. » dit simplement Mathilde.
« Tu trouverais ça indiscret si je te posais la question. »
« Non. Mais je te demanderais de ne pas le crier sur les toits non plus. »
« Je suis une tombe, tu peux me faire confiance. Qui sait, je pourrais peut-être t’aider… »
« Je cherche qui est mon père. » déclara la jeune fille d’un ton posé.
« Dans ces vieux bouquins ? » demanda Remus surpris.
« Eh bien… Puisque ma mère refuse de me le dire, il faut bien que je trouve un autre moyen de le découvrir ! Et c’est pour ça que je suis venu à Poudlard. »
« Attends… J’ai peur de ne pas bien te suivre… »
« C’est simple. Ma mère est anglaise. Elle s’appelle Amelia Cooper. Elle est tombée enceinte il y a dix-huit ans d’un homme dont j’ignore le nom, et qui est mon père puisque le bébé en question c’était moi. Ma mère s’est alors enfuie en France car elle ne voulait pas que mon père apprenne mon existence, et elle m’a élevée là-bas. Un jour, il y a environ deux ans, j’ai trouvé dans les affaires de ma mère, une chevalière portant un blason que je ne connaissais pas. J’en ai conclu que c’était le blason de la famille de mon père. Vu la tête que ma mère a faite quand je le lui ai montré, j’avais tapé dans le mille. J’avais donc enfin un début de piste. J’ai fait des recherches à Paris mais je n’ai rien trouvé, dans mon école non plus. Alors puisque mon père est anglais, je me suis dit que j’allais venir chercher sur place. J’ai fait une demande de transfert auprès du directeur, prétextant que je voulais étudier des matières enseignées ici et pas en France. J’ai imité la signature de ma mère et l’ai mise devant le fait accompli. Et maintenant je cherche dans tous les livres imaginables les blasons des familles de sorciers anglais. J’ai commencé par les plus prestigieuses car c’était le plus rapide, et maintenant me voilà à éplucher l’équivalent du bottin… »
« Autant chercher une aiguille dans une motte de foin ! Tu devrais me montrer ta chevalière, peut-être que je pourrais t’aider… »
Mathilde ne se fit guère prier, tout ce qui pourrait lui épargner de fastidieuses recherches dans des grimoires poussiéreux était le bienvenu. Elle tira une chaîne en argent de sous sa robe de sorcière et la tendit à Remus, la chevalière était suspendue au bout.
Remus saisit la bague en argent entre ses doigts. Elle était toute chaude, la jeune fille devait la porter à même la peau… Le blason qui y était finement gravé lui disait quelque chose… Il l’avait déjà vu, mais où ?
« J’ai déjà vu ces armes quelque part… Malheureusement je n’arrive pas à me rappeler où ! Il doit s’agir d’une famille importante et fortunée, la gravure est de choix et l’argent est finement ciselé… »
Mathilde eut l’air déçu en repassant la chaîne sous sa robe.
James arriva à ce moment, empêchant Remus et Mathilde de continuer leur discussion.
« Déjà debout ? » s’étonna le nouveau venu les yeux encore ensommeillés.
« Il faut bien des courageux… Cela dit ça m’étonne de te voir à cette heure ! » observa Remus.
« Tout comme toi, je ne suis pas très en avance dans mes devoirs ! » s’exclama James d’un ton blasé en s’asseyant – s’affalant serait un terme plus approprié – sur la chaise à la gauche de Remus.
« Eh bien, au boulot les jeunes ! » commenta Remus en se levant pour aller chercher un livre de divination.
En passant à côté de Mathilde, il lui murmura discrètement :
« Je t’aiderai pour ton père, compte sur moi ! »
Elle lui sourit, il lui fit un clin d’œil et se dirigea vers les livres de divination.
Les vacances de Noël approchaient et, avec, l’échéance imposée par le vieux Balthus pour le fameux projet. Ils n’avaient que jusqu’à fin janvier pour en venir à bout, ensuite ce serait la confrontation avec les autres maisons… Les Gryffondors avaient beau travailler dur, il fallait se rendre à l’évidence, ils ne seraient jamais prêts à temps ! Ce n’était pourtant pas faute de travail… Ils se réunissaient désormais deux à trois fois par semaine, selon les impératifs de chacun. Il fallait jongler avec les réunions de préfets, les entraînements de Quidditch, soirées du Slug Club, les retenues, les rendez-vous galants, et trouver des excuses valables lors des pleines lunes. Dès qu’ils avaient un moment, les Gryffondors s’entraînaient chacun dans leur coin à concentrer leur magie, à la maîtriser et à avoir pleine conscience de chaque petite parcelle de leur puissance. Et c’était plus ou moins aisé. Lily, elle, s’efforçait d’apprendre à faire tomber ses barrières magiques et à percevoir chaque flux de magie qui l’entourait pour capter toute la puissance extérieure possible. Chaque jour elle devenait un peu plus réceptive aux flux de magie qui l’entouraient, elle commençait à être capable d’identifier leur provenance. Mais pour pouvoir avancer plus, elle avait besoin des autres. Il fallait qu’ils arrivent à concentrer leur magie vers elle sans la laisser s’éparpiller au petit bonheur la chance. Lorsque Lily travaillait avec seulement une ou deux personnes, elle parvenait à guider leur magie jusqu’à elle, mais lorsqu’ils tentaient tous les dix de lui transmettre leur puissance, elle avait déjà beaucoup de peine à tous les canaliser pour ne pas se laisser déborder. Il est inutile de préciser que chaque séance les laissait épuisés. Mais chaque fois, après un repos bien mérité, ils se sentaient un peu plus forts, car plus maîtres de leur magie.
Bref, ils étaient en bonne voie, mais avaient encore besoin de beaucoup de travail.
James avait bien tenté de soutirer à Elvira des informations concernant l’avancée de l’entreprise chez les Serpentards. Mais sa cousine se montrait intraitable et totalement insensible à la corruption. Il avait pourtant tout essayé. La promesse de faire toutes ses corvées pendant les vacances de Noël, celle de lui procurer des plantes rares, de subtiliser à son père la clé du placard où il cachait ses grimoires les plus enviés… Mais rien n’y faisait ! Elvira ne perdrait pour rien au monde l’occasion de battre son cousin dans une compétition ! Sans parler de la satisfaction d’abaisser ces Gryffondors à l’orgueil mal placé… D’autant qu’ils représentaient une menace plus sérieuse qu’elle ne l’avait estimé au départ. Pour ce genre de combat, ce qui comptait avant tout c’était la solidarité entre les membres d’un même camp. Or si tous les septièmes années de Serpentards n’étaient guère soudés, la disparité semblait plus grande encore chez les septièmes années de Gryffondor. Or depuis cette attaque d’halloween, les Gryffondors semblaient avoir oublié leurs inimités. Ils avaient tous l’air de faire front commun, et c’est de là que risquait de venir le danger. Même si les Serpentards possédaient plus de connaissances en matière de combat magique, s’ils raisonnaient sur la base de principes solides, souvent fondés sur la magie noire détournée, alors que les Gryffondors fonctionnaient eux à l’instinct – ce qui était un peu présomptueux si vous voulez l’avis d’Elvira – ces derniers risquaient de l’emporter. Car ce qui faisait toute la différence, c’était que les Gryffondors apprenaient à se battre ensemble, tandis que les Serpentards ne connaissaient que les intérêts personnels et non l’intérêt commun. Une fois de plus, cela n’apportait rien à James d’avoir une cousine chez Serpentard ! On aurait pu croire qu’Elvira soit un jour d’une utilité quelconque à son cher cousin, mais c’était sans compter sur le caractère indépendant de la jeune fille !
En cette fin d’après-midi ce jeudi, nos petits Gryffondors sortaient d’une longue et intense concentration. Ils avaient une fois de plus réquisitionné la salle de DCFM pour s’entraîner.
« Je crois qu’on vient de franchir un nouveau palier. » affirma Lily. « Vous l’avez senti ? »
Les autres hochèrent la tête et commencèrent à s’étirer. Après un si long moment assis en tailleur, ils avaient les membres bien engourdis.
« Le vieux Balthus a certainement raison quand il dit qu’il s’agit d’une technique de combat très élaborée. » dit James d’un ton sceptique. « Mais je me vois assez mal m’en servir lors d’une véritable bataille. Car pour peu qu’il faille enchaîner sur un autre combat, j’en serais bien incapable ! »
« C’est le but des entraînements James ! » répliqua Hestia. « Tu ne te rends pas compte que tu es un peu moins fatigué après chaque séance ? »
« C’est juste une question de maîtrise… Une fois qu’on maîtrisera totalement notre magie, ça ne nous demandera pas plus d’effort que de lancer un sort avec notre baguette. » assura Remus comme pour rassurer les troupes.
« Eh bien, ma foi, on a encore du travail ! » conclut James.
« James Potter douterait-il de son potentiel ? » se moqua Sirius.
« Tu as déjà oublié James ? » ajouta Lily avec un petit clin d’œil. « On est tous capable d’en venir à bout, c’est une question de confiance en soi ! Il n’y a pas de raison qu’on s’en sorte moins bien que ces fichus Serpentards ! »
« Et tous ensemble on ne peut que vaincre ! » répondit James à Lily avec un petit sourire amusé.
« Vous ne voulez pas un cri de guerre tant qu’on y est ? » demanda Hestia en levant les yeux au plafond.
« Genre : tous pour un, un pour tous ? » répliqua Lily intéressée.
« Faut avouer que ça a de l’allure comme slogan ! » observa Sirius.
« C’est normal c’est du Dumas idiot ! » répondit Lily.
« Je ne suis pas un idiot ! » protesta Sirius en jetant la cape de James qui était posée à ses côtés sur Lily.
« Eh ! Depuis quand on attaque une fille sans défense ? » s’indigna Lily
« Sans défense ? Je voudrais bien voir ça ! »
James posa une main apaisante sur le bras de son ami qui pointait déjà sa baguette.
« Padfoot mon cher ami… Premièrement on ne lance jamais un sort sur une fille, sauf si elle te menace, ce qui n’est pas le cas. Deuxièmement, ma cape non plus ne t’a rien demandé ! »
Sirius récupéra le bien de son ami d’un « accio » et le lui rendit, avant de murmurer dans sa barbe :
« Et puis d’abord, c’est qui ce Dumas ? Un de tes ex Evans ? »
Lily éclata de rire mais préféra se lever plutôt que de répondre à une ineptie pareille.
« Séance levée ! » déclara Frank.
Mais au moment où Sirius ouvrit la porte pour sortir, il tomba nez à nez avec les Serpentards de septième année.
« Que faites-vous là ? » demanda-t-il d’un ton hargneux.
« Les couloirs de Poudlard sont à tout le monde… » répondit calmement Snape en faisant mine de regarder ses ongles attentivement.
« Mais oui Snivellus, ta manucure est bien faite ! » se moqua James.
Snape lui jeta un regard glacial mais avant qu’il ne puisse répondre, Sirius était déjà reparti à l’assaut.
« Vous nous espionniez ! »
« Si tu crois que tes discussions avec tes minables petits copains nous intéresse… » répondit Bellatrix avec un rire ironique.
« Tu sais très bien ce qu’on faisait ! »
« Vous étiez en train de faire un concours de petits chevaux ? » demanda Bellatrix.
« Mais non, ils étaient en train de se congratuler les uns les autres, se jurant qu’ils étaient les meilleurs de l’école ! » assura Katerina Wilkes.
« C’est vrai que ce n’est pas du tout votre style de vous prendre pour les meilleurs… » répliqua Hestia
« La différence c’est que nous sommes les meilleurs ! » répondit Bellatrix d’un ton suffisant.
« Sirius, tu ne pouvais pas éliminer cette peste avant qu’elle n’apprenne à parler ? » demanda James.
« Excuse mon cousin, il était déjà bien trop occupé à devenir le mouton noir de la famille. Tu déshonores le nom des Black espèce d’avorton ! »
« Tu m’en vois ravi… » répondit Sirius.
« Vous envisagez de nous laisser sortir un jour, ou on est condamné à regarder vos faces de rats pendant le reste de notre vie ? » s’impatienta Mathilde.
« C’est qui celle-là ? » demanda Bellatrix
« Bon, on ne va pas y passer la soirée ! » s’exclama Tatiana, qui était restée derrière, en se frayant un passage. « On est venu pour s’entraîner nous aussi, donc puisque vous avez terminé, vous pouvez peut-être nous laisser la salle… »
Sirius s’empressa de s’effacer pour la laisser passer. Il ne tenait pas franchement à une confrontation !
« Il suffit que Miss Blond Platine lève le petit doigt pour que Black obéisse… Si ce n’est pas mignon… » se moqua Snape d’une voix mielleuse.
« Snape, un commentaire et je fais exploser ta cervelle microscopique ! »
« Il n’y a que la vérité qui blesse… » dit alors Wilkes.
« Tu sais que ses parents ne voient plus votre amitié d’un très bon œil ? » ajouta Bellatrix. « Il ne faudrait pas que leur fifille chérie fréquente de la racaille comme toi ! Alors si tu lui veux du bien, tu ferais bien de la laisser tranquille ! »
Sirius tendit sa baguette vers sa cousine, puis se tourna un instant vers Tatiana, elle s’obstinait à regarder le sol en serrant ses livres contre sa poitrine. Sirius n’avait rien à répondre à ça. Il regarda Bellatrix d’un air meurtrier, elle attendait moqueuse.
« Tu as envie de me jeter un sort qui me ferait hurler de douleur n’est-ce pas ? Mais tu n’oseras jamais… C’est la différence entre toi et moi mon cher petit cousin, toi tu ne fais que frimer, moi j’agis ! »
« Cru… » hurla Sirius avant d’être violemment tiré en arrière.
« Sirius ! » hurlèrent plusieurs voix à la fois, affolées.
Sirius ne l’aurait pas parié, mais il crut entendre celle de Tatiana dans le lot…
C’était James qui l’avait presque fait tomber, l’empêchant de jeter son sort. Maintenant James le fusillait du regard, puis il le poussa en avant pour le traîner dans le couloir, furieux.
Il crut entendre Bellatrix éclater de rire.
La sortie des autres Gryffondors et l’entrée des Serpentards se firent de façon concomitante, ponctuées de croches pieds, bousculades et petits coups dans les mollets.
Elvira se tenait un peu en retrait et lorsque James arriva à sa hauteur, il lui demanda :
« Promets-moi que vous ne nous avez pas espionnés ? »
« Tu crois que c’est mon genre ? »
« Le tien non, le leur oui. »
« A ce que je saches ils n’ont fait que se moquer de vous en attendant… Ils ne s’abaisseraient pas à croire que votre manière de travailler puisse valoir la peine d’être copiée. Maintenant je ne les ai pas non plus surveillés… Je lisais derrière. » dit Elvira e haussant les épaules avant de suivre ses camarades.
Lorsque la porte se fut refermée derrière les Serpentards, James attrapa Sirius par le col et tempêta :
« Tu es devenu complètement fou ma parole ? Mais qu’est-ce qui t’a pris ? »
Les neuf autres Gryffondors se tenaient derrière, fixant Sirius bouche-bée.
« Tu peux me dire ce qui serait arrivé si je ne t’avais pas arrêté ? »
Sirius baissa les yeux au sol. Il n’avait pas réalisé ce qu’il faisait, Bellatrix l’avait mis dans une fureur telle… Ce n’était pas une excuse, James n’accepterait jamais cette explication. En accepterait-il une d’ailleurs ?
James n’en revenait pas, il aurait pu mettre son poing dans la figure de Sirius tellement il était hors de lui. Il décida de lui laisser une chance, après tout, cela ressemblait tellement peu à Sirius qu’il s’était peut-être mépris sur le sort qu’il avait esquissé…
« Quel maléfice exactement croyais-tu t’apprêter à lancer ? »
Mais lorsque Sirius ne répondit pas, il sut qu’il avait bien deviné.
« Un sortilège impardonnable… Sirius où diable avais-tu la tête ? Tu sais qu’ils sont impardonnables pour une raison, non ? »
« James, calme-toi… » dit doucement Remus en posant une main sur l’épaule de James qui n’avait pas cessé de crier.
« Non, je ne me calme pas ! » hurla James.
Mais l’intervention de son ami avait eu un effet apaisant. Il lâcha Sirius qui s’écroula au sol, de honte.
« Sirius, enfin, tu sais qu’il existe d’autres moyens ! » s’exclama James exaspéré… « Mais enfin, dis quelque chose ! » le supplia-t-il.
« Je… Que veux-tu que je dise James ? » répondit Sirius en regardant son meilleur ami dans les yeux.
James ne dit rien pendant de longues secondes qui semblèrent une éternité. Il fixait Sirius. Il y avait une telle douleur dans leurs regards que les neuf autres qui observaient sans oser intervenir – tout cela se passait à un autre niveau, quelque part où James et Sirius étaient seuls et où personne ne pouvait les aider – ressentirent ce froid jusque dans leur âme, du moins ils en eurent l’impression.
« Je ne sais pas… » dit soudain James d’un ton déçu.
Puis il baissa les yeux et s’éloigna d’un pas ferme, laissant Sirius au sol, seul avec sa conscience.
Les neuf autres se regardèrent se demandant comment réagir. Fallait-il courir après James ? Tenter de réconforter Sirius ? Ils étaient sûrs d’une seule chose : ils ne parleraient jamais de ce qui venait d’arriver. A personne.
Finalement Remus prit les choses en main. Il ordonna à tout le monde d’aller dîner, comme si de rien n’était, et, avec Peter, ils aidèrent Sirius à se relever et l’accompagnèrent jusqu’au dortoir. Sirius était dans une espèce d’apathie et semblait incapable de réagir.
« Tu ne crois pas qu’on devrait l’emmener à l’infirmerie ? » demanda Peter.
« Non… Il est choqué, il reviendra à lui bien assez tôt. » répondit Remus avec fatalité.
« Tu crois que James va lui pardonner ? »
« J’espère… J’ai toujours cru que rien ne séparerait ces deux-là, mais à vrai dire je ne suis plus sûr de rien…"